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à Londres, pour folliciter des fecours. Il fe retire avec les troupes dans l'ifle d'Ufmaiz, & ordonne à tous les partifans de l'y venir joindre. Les Ruffes forment le projet de le forcer dans cette retraite. Le Comte de Saxe n'avoit que 300 hommes, & fes retranchemens n'étoient point achevés. Le général Ruffe qui avoit 4000 hommes, voulut joindre la perfidie à la force & le furprendre dans une entrevue. Le Comte fut inftruit de ce complot, le fit rougir de fa lâcheté, & rompit la conférence. Cependant comme il n'avoit point affez de forces, il fut obligé d'abandonner cette ifle. Pendant ce temps là, des commiffaires de la Pologne étoient arrivés dans la capitale de la Curlande, où ces protecteurs orgueilleux agissoient en maîtres, faifoient juger les amis du Comte de Saxe, caffoient fon élection, & régloient d'un ton defpotique la forme de gouvernement d'un peuple libre. Le Comte de Saxe trop foible pour défendre contre la Ruffie & la Pologne fes droits & ses sujets opprimés, fit des proteftations, unique ressource dans le malheur, & attendit une circonftance favorable. Elle se préfenta en 1736. Le Duc Ferdinand mourut cette année-là. Le Duché fembloit appartenir de droit au Comte de Saxe. Mais l'Impératrice de Ruffie eut le crédit de faire élire le Comte Bi

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ren, qui étoit alors auprès d'elle dans la plus haute faveur, & la force l'emporta encore fur la justice. La Czarine mourut en 1740, & fa mort entraîna la chute de fon favori. Il fut arrêté. Son crime étoit d'être étranger & trop puiffant. Jugé & condamné, il fut tranfporté dans les déferts de la Sibérie où on lui permit de vivre. Cet événement ranima les espérances du Comte de Saxe; mais elles furent encore trompées. Le nouveau choix de la Curlande déterminé par l'influence des états les plus puiffans, tomba fur le prince Louis de Brunfvik. Une nouvelle protestation du Comte de Saxe annonça à l'Europe la justice & l'inutilité de fes prétentions ; & il fut réduit à groffir la foule des Princes, que les paffions des hommes ont dépouillés de leurs droits légitimes.

Page 19 (10) Il compofa en 1732 l'ouvrage qui porte pour titre: Mes Rêveries. Une anecdote fingulière, & qu'on aura peine à croire, c'est qu'il étoit malade & avoit la fièvre lorfqu'il le fit. L'ouvrage fint compofé en treize nuits. Il le retoucha, & y fit des augmentations après la paix de 1736.

Page 20. (11) L'Electeur de Saxe au commencement de cette guerre, offrit au Comte fon frère le commandement général de toutes Les troupes, Celui-ci aima mieux fervir en

France en qualité de Maréchal de camp, & fe rendit fur le Rhin à l'armée de M. de Bervick.

Page 21. (12) Le 25 octobre 1733, après le paffage du Rhin, il monte à la tranchée au fort de Kehl, & a un capitaine tué à côté de lui. En' 1734, au commencement de la campagne, à la. tête de deux cents dragons, il se rend maître d'un convoi gardé par 1200 hommes. Le 27 avril il fe trouve à deux affauts qui fe livrent le même jour à la ville de Trarback dans le Palatinat. Au fecond affaut, il voit fept grenadiers tomber autour de lui. A Etlinghen, à la tête d'un détachement de grenadiers, il pénètre dans les lignes des ennemis, en fait un grand carnage, & décide la victoire. Au fiège de Philisbourg, fameux par fa difficulté & par la mort du Maréchal de Bervick, il eft chargé d'un trèsgrand nombre d'attaques, qu'il exécute avec autant de fuccès que d'intrépidité. Ce fut immédiatement après cé fiège qu'il fut nommé Lieutenant-général. L'acte par lequel le Roi lui donne ce grade dans fes armées, eft du premier août 1734.

Page 23. (13) En 1735, le Prince Eugène qui commandoit l'armée impériale, avoit formé le projet de paffer le Rhin à Manheim, & de pénétrer dans le Pays - Meffin. Le Maréchal de Coigny détacha le Comte de Saxe pour arrêter: Cy

les Impériaux. Le Comte choifit un pofte fi avan tageux, que le Prince Eugène,quoique très-supérieur en forces, n'osa jamais hasarder ce paffage.

Page 23. (14) Par la paix de 1736, Stanislas Leczinski, beau- père de Louis XV, élu deux fois Roi de Pologne, l'une en 1704, l'autre en 1733, renonça à ce royaume, en gardant le titre de Roi. Le Duché de Lorraine & de Bar lui fut donné en dédommagement; & François, Duc de Lorraine, gendre de l'Empereur, eut en échange le grand Duché de Toscane.

Page 24. (15) Le Comte de Saxe avoit connu en 1731 le Chevalier Follard, & s'étoit lié avec lui. Cet officier, paffionné dès fon enfance pour l'art de la guerre, avoit paffé fa vie à combattre & à méditer. C'étoit un guerrier plein de vues, qui joignoit la méthode à la hardieffe des idées. C'est aux maîtres de l'art à décider, s'il eut raifon de vouloir appliquer à tous les lieux & à toutes les circonftances fon fystème de la colonne, & de rapporter tout à cet objet. Il a laiffé dans un commentaire fur Polybe le vaste dépôt de fes connoiffances & de ses réflexions. Ces deux hommes, que le même goût, ou plutôt la même paffion avoit unis, tenoient tous les jours ensemble des conférences de deux ou trois heures, où ils fe communiquoient leurs idées fur les opérations militaires.

Ce fut dans le même temps que le Comte de Saxe étudia tous les auteurs anciens qui ont traité de la guerre. Il lut Polybe en entier. Il avoit un goût particulier pour un auteur peu connu, & qui cependant mérite de l'être. C'est Onozander qui vivoit fous les Empereurs Romains. Il a fait un ouvrage fur la manière de conduire les armées. Le Comte de Saxe l'avoit fouvent à la main, & le portoit toujours avec lui. Nous n'en avons jufqu'ici qu'une traduction en vieux ftyle. On nous en promet une nouvelle de M. le Baron de Zurlauben, membre de l'Académie Royale des Infcriptions, & auteur de l'Hiftoire militaire des Suiffes.

· Page 25. (16) Prague fut affiégée à la fin de novembre 1741. L'Electeur de Bavière, depuis Empereur fous le nom de Charles VII, confia au Comte de Saxe les opérations du fiège. La grandeur immenfe de cette capitale, le grand nombre des troupes qui formoient la garnison, le défaut de vivres dans le camp, les rigueurs exceffives de la faifon, & plus que tout cela, l'approche d'une armée de 30000 hommes qui voloit à fon fecours, & qui n'étoit plus qu'à cinq lieues, tout cela faifoit craindre beaucoup pour le fuccès. Le Comte de Saxe réfolut de prévenir l'arrivée des ennemis, & d'emporter la ville par efcalade. Il confia fon projet à un of

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