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C'en eft fair; tant de fuccès ont décidé du fort de la guerre. LOUIS conquérant accorde la paix par huma nité, & fes ennemis vaincus l'acceptent par befoin. Les victoires de MAURICE ont donné le repos à l'Europe,

Ce grand Homme cher à la Nation, craint de nos ennemis & respecté des fiens (car plus il fut grand, plus il dut en avoir) espéroit jouir de fa gloire dans le fein du repos ; & la France l'efpéroit avec lui. On n'approchoit de fa retraite de Chambord qu'avec ce refpe& qu'infpire le féjour des Héros. Son Palais étoit regardé comme le temple de la valeur, & le fanЯuaire des vertus guerrières. Mais, ô foibleffe! ô néant! il femble que MAURICE ne devoit exifter que pour faire de grandes chofes, Dès qu'il a ceffé de vaincre, il difparoît. Il meurt (23): & celui qui avoit été élu Souverain par un peuple libre, qui avoit été comblé de tant d'honneurs, qui avoit

gagné tant de batailles, qui avoit pris ou défendu tant de villes, qui avoit vengé ou vainçu les Rois, qui étoit l'amour d'une nation & la terreur de toutes les autres, compare en mourant fa vie à un fonge,

Sa mort fut une calamité pour la France, un événement pour l'Europe, LOUIS s'honora lui-même, en l'honorant de fes regrets. Les courtifans qui font fi peu fenfibles, furent attendris, Le peuple qui eft la partie la plus méprisée & la plus vertueuse de l'Etat, pleura l'appui & le défenfeur de la patrie. Mais vous, guerriers qu'il conduifoit dans les batailles, vous que tant de fois il a menés à la victoire, quels furent alors vos fentimens ? Pour les peindre, je n'aurai pas recours aux vains artifices de l'éloquence. Il fuffic de rappeller un fait que la poftérité doit apprendre, & dont il eft utile de conferver le fouvenir. Après que le corps de MAURICE eut été tranfporté

dans la capitale de l'Alface pour y recevoir les honneurs funèbres, deux foldats qui avoient fervi fous lui, entrent dans le temple où étoit déposée fa cendre. Ils approchent en filence, le visage trifte, l'œil en pleurs. Ils s'arrêtent aux pieds du tombeau, le regardent, l'arrosent de leurs larmes, Alors l'un d'eux tire fon épée, l'applique au marbre de la tombe. Saifi du même fentiment, fon compagnon imite fon exemple. Tous deux enfuite fortent en pleurant, fans fe regarder, & fans proférer un feul mot. Ils penfoient fans doute ces guerriers, que le marbre qui touchoit aux cendres de MAURICE, avoit le pouvoir de communiquer la valeur & de faire des Héros. Vous ne vous trompez pas, dignes foldats de MAURICE: tandis que fon ombre, du milieu de l'Alface qu'elle habite, fémera encore la terreur chez nos ennemis, & gardera les bords du Rhin, la vue du marbre quị

renferme fa cendre élévera l'ame de tous les François, leur infpirera le courage, la magnanimité, l'amour gé néreux de la gloire, le zèle pour le Roi & pour la Patrie.

Puiffent tous ceux que leur naiffance ou leurs talens, appellent à com mander, le prendre pour modele ; & puiffe la France, toutes les fois qu'elle fera forcée de combattre, n'avoir point à regretter ce grand Homme!

NOTES

- NOTES HISTORIQUES.

PAGE 4. (1) Le Comte de Saxe naquit le 19

Octobre 1696, de Frédéric-Augufte II, Electeur de Saxe, Roi de Pologne, & de la Comteffe de Konifmark, Suédoife, auffi célèbre par fon efprit que par fa beauté.

Page 6 (2) En 1708 il étoit en Flandre dans l'armée des Alliés, commandée par le Prince Eugène & par Malborough. Il fut témoin de la prife de Lille en 1709. Il fe diftingua au fiège de Tournay, où il penfa périr deux fois. Il fe fignala au fiège de Mons. Il fe trouva à la Bataille de Malplaquet, & ce jeune enfant dit le foir qu'il étoit content de fa journée.

Page 8 (3) Stralfund, la plus forte place de la Pomeranie, étoit affiégée par les Rois de Pologne, de Danemarck & de Pruffe, & défendue par Charles XII. Le jeune Comte obtint la permiffion de fervir à ce fiège parmi les troupes Saxonnes. Il y montra la plus grande intrépidité. Le defir de voir & de connoître Charles XII, le faifoit s'expofer dans les endroits les plus périlleux, parce qu'il penfoit que ce devoit être là le pofte du Roi de Suède. En effet il le vit & l'admira. Il conferva ce fentiment pendant Tome III;

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