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fons n'ont aucun effort extérieur à foutenir aucune altération fenfible à craindre; les vaiffeaux ont à réfifter fans ceffe au choc des vagues, aux fecouffes des vents, & dans les combats, à l'effet terrible des canons. Enfin les diverfes parties des édifices font prefque toujours terminées par des lignes droites & des furfaces planes; le rapport de ces parties eft facile à trouver, & la géométrie a déterminé depuis long-temps la valeur & la force des angles qu'elles forment dans les vaiffeaux, prefque toutes les parties qui les compofent, font terminées par des lignes courbes ; & cette figure curviligne eft encore différente dans chaque partie. Perfonne n'ignore la difficulté de tracer toutes ces courbes, & de les concilier enfemble. Une autre caufe qui nuit beaucoup au progrès de l'architecture navale, c'est le fecret que les conftructeurs font de leurs méthodes particulières. On leur permet de les tenir cachées & de fe les tranfmettre de père en fils, comme un riche patrimoine. Ces méthodes ainfi cachées, ne peuvent être jugées par les fçavans, & réformées par le concours des lumières. Pour remédier à cer abus, il fuffiroit d'établir une loi qui ordonnât aux conftructeurs de remettre aux amirautés leurs plans & leurs deffeins. C'est une loi qui s'obferve en Angleterre. Mais le

plus grand obftacle qui s'oppofe à la perfection de cet art, c'eft la multitude infinie de connoiffances fur lefquelles il eft fondé, & fans lefquelles il ne fera jamais poffible de déterminer quelles font les proportions & le degré de courbure le plus avantageux pour favorifer l'impulfion de l'air, pour vaincre la résistance de l'eau, pour établir l'équilibre de toutes les parties, pour réunir la vîteffe à la solidité. La principale difficulté confifte en ce que l'air & l'eau agiffent en lens contraires fur le corps du navire, & qu'on ne connoît pas le degré de leur action, avec cette précision qui feroit néceffaire pour déterminer un grand nombre de problêmes.

Idem. (44) En 1723, M. le Duc d'Orléans Régent, qui s'intéreffoit à la compagnie des Indes, avec cette ardeur qu'un caractère tel que le fien avoit pour les entreprifes nouvelles, crut ne pouvoir mieux en afsurer le fuccès, qu'en fe réglant par les avis de Duguay-Trouin, Il lui accorda une place honorable dans le Confeil des Indes. Le premier Miniftre le confultoit affidûment, tant fur l'adminiftration générale de la Compagnie, que fur les détails. Le Duc d'Orléans qui n'avoit que de grandes vues, & qui fçavoit affez pour fentir le befoin de s'inftruire, voulut que Duguay-Trouin eûr avec lui des entretiens réglés fur le commerce. Cet ob

jet fi important pour les Etats modernes, étoit difcuté dans des entretiens profonds. Le Prince honoroit le Héros, & le Héros inftruifoit le Prince.

Page 222. (45) En 1731, M. le Comte de Maurepas procura à Duguay-Trouin le commande- ment d'une efcadre que le Roi envoya dans le Levant. Cette efcadre étoit destinée à foutenir l'éclat de la nation Françoise dans toute la Mé diterranée. Elle partit le 3 Juin, & alla fucceffivement à Alger, à Tunis, à Tripoli, à Smyrne. Par-tout il reçut les plus grands honneurs, & régla les intérêts du commerce à l'avantage de la nation. Son efcadre rentra dans le port de Toulon le premier Novembre.

Idem. (46) En 1733, la guerre s'alluma entre la France & l'Empire. Comme l'Angleterre faifoit des armemens confidérables, la cour fit auffi armer à Breft, & donna le commandement de cette efcadre à Duguay-Trouin. Sa fanté étoit déja fort affoiblie ; mais il parut ranimer fes for ces pour fervir l'Etat. On ne montra jamais plus d'ardeur, ni plus d'activité. Cependant ces préparatifs furent inutiles. La paix fe fit avec l'Empereur, & les vaiffeaux fans être fortis de la rade, rentrèrent dans le port. Bientôt fa maladie augmenta, & il eut beaucoup de peine à fe faire transporter à Paris. Les Médecins jugèrent que tout leur art ne pouvoit le fecourir,

Le dix-fept Septembre, comme il fentoit approcher fa fin, il écrivit au Cardinal de Fleury, pour recommander fa famille aux bontés du Roi. Cette lettre d'un Héros mourant toucha le Cardinal jufqu'à lui faire répandre des larmes. Il la lut au Roi, qui en fut aussi attendri. Duguay-Trouin mourut le 27 Septembre 1736. La nation le regretta ; & fes ennemis convinrent alors que c'étoit un grand Homme.

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