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En Juillet 1737, l'ordonnance du faux débrouilla le cahos de l'ancienne procédure fur cette matière, & y répandit une clarté inconnue jufqu'alors.

En Août 1737, l'ordonnance des évocations & réglemens de Juges, remédia aux abus qui avoient coutume de naître de ces procédures préliminaires, & diminua les frais & la longueur de l'inftruction."

En 1738, parut ce fameux réglement du Confeil, qui fubftitua, dans ce tribunal fuprême, une forme de procéder courte & facile, à des procédures trop longues, & mit les parties en état de fupporter la juftice.

En Août 1747, l'ordonnance des fubftitutions leur donna le jufte degré de faveur qu'elles doivent & qu'elles peuvent avoir, & fit ceffer les conteftations éternelles fur cette matière, en mettant la clarté des principes à la place de la fubtilité des anciennes loix.

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En Août 1748, l'édit fur les gens de mainmorte, en leur affurant les biens qu'ils ont déja, leur défendit d'en acquérir de nouveaux ; & rassura la France, qui craignoit que ces corps qui ne meurent point, n'engloutient à la fin tous les biens du royaume.

Enfin en Avril 1749, parut un édit pour réunir ensemble différens fièges royaux établis dans

Tome III.

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les mêmes villes, & diminuer par-là le nombre des tribunaux fubordonnés les uns aux autres.

Outre ces loix qui s'étendoient à tous les temps & à tout le corps de l'Etat, il en fit quelques autres qui n'étoient pas moins fages, quoique d'une utilité plus bornée.

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Le 6 Février 1732, parut une déclaration du Roi, portant défense de faifir la feuille de mûrier; loi qui protège & encourage l'industrie dans les provinces méridionales de la France, où l'infecte qui produit la foie, forme un des principaux objets du commerce.

Le 29 Octobre 1740, parut une déclaration concernant la police des grains; loi importante pour mettre un frein à l'avarice, & prévenir les malheurs que la difette des grains produit dans un Etat.

Telles font les loix que M. Dagueffeau a données à la France. Nous ofons dire que c'eft le plus beau monument de fa gloire.

Page 109. (13) Le Duc d'Orléans, au commencement de fa régence, tint un confeil où le fyftême de Law fut propofé. Quoique M. Dagueffeau ne fut encore que Procureur Général, il y fut appellé par le Prince. Il fut d'avis qu'on rejettât le fyftême. Son efprit accoutumé à envisager les objets fous toutes les faces, vit d'un coup Fail tous les avantages, mais auffi

tous les dangers de ce projet. Il fçavoit combien les bornes qui féparent le bien du mal, font incertaines; combien il étoit aifé d'être emporté par le fuccès, dans une matière auffi gliffante, dans une cour où les principes étoient fi arbitraires. Le fyftême fut en effet rejetté pour lors. Depuis, les chofes changèrent. L'intérêt foutenu par l'intrigue, l'emporta fur la prudence. On vint à bout de féduire le Prince; mais on défefpéra de fléchir la réfiftance de M. Dagueffeau, qui étoit alors Chancelier. Il fut donc éloigné de la Cour. Il partit pour l'exil, avec la même gaieté qu'ont ordinairement ceux qui en reviennent. On connoît les vers qu'il reçut alors du Cardinal de Polignac, & ceux qu'il fit pour y répondre. Ce badinage de l'efprit montre combien fa tête étoit libre : car lorsqu'on eft profondément rempli d'une disgrace, on n'a guère le loifir de faire des vers légers.

Ibid. (14) En 1718, après la difgrace de M. le Chancelier, la banque que Law avoit tenue d'abord en fon nom, fut déclarée banque du Roi. Elle fe chargea du commerce du Sénégal. Elle obtint le privilège de l'ancienne compagnie des Indes, fondée par Colbert, & depuis tombée en décadence. Enfin elle fe chargea des fermes générales du royaume. Toutes les finances de l'Etat dépendirent d'une compagnie de

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commerce. Ses actions augmentèrent vingt fois au delà de leur première valeur. Law emporté par l'ivreffe publique, fabriqua un nombre prodigieux de billets; & en 1719 la valeur chimérique des actions valoit quatre-vingt fois tout d'argent qui pouvoit circuler dans le royaume. Une disproportion auffi énorme épouvanta tous les gens fenfés. On fe hâta de réaliser. Les anciens Financiers ennemis du fyftême, tirèrent fur la banque royale des fommes confidérables, & l'épuisèrent. Ce fut envain qu'on chercha à changer fes effets en efpèces : le crédit tomba, & le mouvement de cette machine immenfe & rapide s'arrêta tout-à-coup. C'étoit en 1720. Le gouvernement chercha les moyens de rétablir la confiance. On rappella de l'exil M. Dagueffeau qui étoit l'idole de Paris. Law alla lui-même à Fresnes le chercher. Les sceaux qui avoient paffé entre les mains de M. d'Argenfon, lui furent rendus; mais les maux de la France n'étoient plus fufceptibles de remèdes. Il eut feulement la douleur de voir de plus près le bouleversement des familles & les malheurs de la nation.

Page 110. (15) La feconde difgrace de M. le Chancelier arriva au mois de Février 1722. Les fceaux lui furent ôtés pour la feconde fois, & il retourna à Frefnes. Il n'en fut rappellé

qu'au mois d'Août 1727. L'Etat fut redevable de fon retour au Cardinal de Fleury. Dans le même temps M. d'Armenonville remit les fceaux; mais ils ne furent point encore rendus à M. le Chancelier. Le Parlement lui fit une députation, avant d'enrégiftrer les lettres de M. Chauvelin, M. Dagueffeau répondit qu'il vouloit donner l'exemple de la foumiflion. Les fceaux ne lui furent remis qu'en 1737.

Page 112. (16) C'est une chose remarquable, que ces quatre grands Hommes ayent été malheureux. Cicéron fut exilé par fes ennemis, pour avoir fauvé fa patrie. Bacon, Chancelier d'Angleterre fous le Roi Jacques I, & le plus grand peut-être des philofophes, fut accufé de s'être laiffé corrompre par argent, condamné à une amende de 400 mille livres, & à perdre sa dignité de Chancelier & de Pair. Aujourd'hui les Anglois révèrent sa mémoire. Le Chancelier de l'Hôpital, qui avoit été fans ceffe occupé à réparer les ruines de l'Etat ébranlé par les guerres civiles, devint fufpect à la Reine Catherine de Médicis, & prit le parti de fe retirer de la cour. M. Dagueffeau fut exilé deux fois. Il eft bon de remarquer ces exemples, pour apprendre à fe confoler lorsqu'on eft malheureux.

Ibid. (17) Les langues font, pour ainfi dite, Les avenues qui conduifent à l'empire des fcien

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