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DE ANTIQUIS SCRIPTORIBUS GESTORUM EPISCOPALIUM.

Scriptores rerum ecclesiasticarum, meritò à fidelibus magnis
ideò laudibus extollendi, quòd non invidiosè silentes ea
prætermiserunt; sed caritate quæ omnibus prodesse desi-
derat abundantes, ad exemplum rectè vivendi cunctis
imitari volentibus fidei veritate subnixi protulerunt.

Rodulfus Abbas IX sæculo, Præf. vitæ
B. Rabani ep. Mogunt.

Il y a trop longtemps que j'ai promis de publier des Mémoires concernant l'Histoire Ecclésiastique et Civile d'Auxerre, pour que je ne songe pas à dégager ma parole. Ce qui m'a obligé à différer, vient, non-seulement des occupations étrangères qui me sont survenues, tant à Auxerre qu'à Paris, mais encore de la découverte que je faisois de temps en temps, soit à Paris, soit ailleurs, de quelques morceaux qui avoient rapport à cette Histoire; par où j'apprenois que, plus je diffèrerois à publier mes Mémoires, plus je les enrichirois. Mais enfin, convaincu qu'il faut mettre des bornes aux travaux de ce genre, je me suis déterminé à publier les deux présents volumes.

Le premier contient une Histoire très-étendue des évêques d'Auxerre, jusqu'à l'an 1676, suivie de la Notice des dignités de la cathédrale depuis leur origine, aussi bien de celle des églises avec lesquelles cette cathédrale a entretenu ou entretient depuis longtemps une plus étroite liaison.

Le second volume renferme un précis de ce que les monuments contiennent sur les comtes d'Auxerre, dont plusieurs ont été trèscélèbres, quelques-uns mêmes empereurs de Constantinople. Ce détail est accompagné de ce qui regarde l'antiquité de la bourgeoisie d'Auxerre, et de la communauté des habitants, de leurs droits et prérogatives; l'établissement des différents tribunaux en cette ville jusqu'à l'an 1610. Les catalogues des plus anciennes dignités séculières; celui des auteurs ou écrivains qui est assez nombreux, avec les noms des personnes illustres autant qu'il en est venu à ma connois

sance; et, enfin, les pièces justificatives pour les deux volumes. Il faut voir sur leur arrangement la remarque que j'ai faite à la page 245 des mêmes Preuves.

Quoique les Archives de la ville d'Auxerre m'aient fourni une très-grande quantité de matériaux, celles de l'église cathédrale et des collégiales, aussi bien que celles des abbayes, prieurés et communautés, m'ont offert une moisson encore plus ample. Et quand même cela ne me seroit point venu, il m'auroit été bien difficile d'être court dans l'histoire des évêques d'Auxerre, dès lors que je me suis proposé, comme je le devois, d'y faire entrer le Gesta Pontificum Autissiodorensium, que le P. Labbe, jésuite, publia en 1657 (1), et de rectifier cette édition défectueuse en plusieurs endroits. Au reste, la prolixité de l'original dont j'ai fait le dépouillement, ne peut devenir ennuyeuse aux lecteurs qui aiment à s'instruire des usages des siècles passés, soit ecclésiastiques, soit civils, rapportés par des auteurs contemporains; d'autant plus que, pour la vérité, j'ai souvent interrompu le récit des faits que j'en ai tirés, par le narré de quelques autres événements que j'ai puisés dans les titres des chartriers, ou dans différents inventaires de ces titres, dans le Trésor des chartes du roi, dans les conciles, les chroniques, les nécrologes (2), registres du parlement, registres du Chapitre et de la communauté des habitants, comptes de la ville, etc.

Ces narrations m'ont engagé à parler de certaines villes, bourgs ou villages du diocèse d'Auxerre, et même d'autres lieux situés hors ce diocèse. La table alphabétique aidera à trouver ce que j'en ai dit. Les deux cartes du diocèse, dressées selon différents siècles, sont pour l'intelligence de l'Histoire Ecclésiastique; et celle du comté d'Auxerre pour celle de l'Histoire Civile (3).

La simplicité du style dont je me sers fait bien voir, quand je ne le dirois pas, que ce ne sont que des Mémoires que j'ai eu intention

(1) Bibliotheca nova manuscript. in-fol. Paris.

(3) On peut recourir pour le reste à la carte du diocèse publiée par Sanson, et

(2) Reg. du Vatican et autres fournis par redonnée plus exactement par le sieur D. Brice.

Regnobert, géographe à Paris.

de dresser. Cette simplicité m'a laissé la liberté de circonstancier les faits autant qu'il a été possible. Ce n'est point, en effet, de l'éloquence que je me suis engagé de donner dans cet ouvrage, mais des choses: Neque ego eloquentiam videor pollicitus esse sed rem, disoit l'historien Trebellus Pollio (1). Si je me suis quelquefois écarté de ce que j'avois écrit, il y a vingt ans, dans ma préface sur les antiquités d'Auxerre, qui est au commencement de l'histoire de la prise de cette ville, c'est parce que je me propose de suivre cette maxime de Baronius (2) << que lorsqu'un auteur préfère la vérité à toutes choses, > il ne doit jamais sévir plus fortement contre le mensonge, que » lorsqu'il se trouve dans ses propres écrits. »

Selon ce principe, j'avoue ici que je puis avoir été trompé en quelque chose par Duchêne, dans ce que j'ai dit, d'après lui, sur les ducs de Bourgogne, mais non sur les temps auxquels Auxerre étoit de leur département. Je conviens que Gislebert gouvernoit une partie du duché dès l'an 923, mais il me paroît que le roi Raoul s'étoit réservé, en personne, quoique souverain, toute l'autorité sur la ville d'Auxerre et sur ses environs; il devoit même en jouir comme étant aux droits du duc, dès le mois de septembre 921, longtemps avant son élévation à la couronne (3). Je ne vois pas sur quoi un écrivain moderne est fondé à dire que Raoul fut élu roi et sacré avant l'enterrement du duc Richard, son père. puisque Flodoard, auteur de ce siècle-là, écrit, en sa chronique à l'an 921, Richardus marchio de Burgundia obiit; et à l'an 923 Rodulfus filius Richardi rex constitutus. Selon cet auteur contemporain, il y a eu environ deux ans d'intervalle entre la mort de Richard et l'élévation de Raoul à la couronne.

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Je ne regarde point comme de la même certitude ce que j'ai écrit sur ce lieu de la mort de Gislebert (4). Je n'ai marqué qu'il étoit décédé dans un village, proche Sens, que sur l'autorité de dom Georges Viole, religieux de Saint-Germain d'Auxerre, en faveur

(1) Treb. Poll. in fine lib. de xxx Tyran. (2) Baron. Not. ad martyrol, roman. 22 Aug.

(3) Histoire de Bourgogne, t. 1, p. 235. (4) Tome 2, p. 50.

X

duquel j'étois prévenu avantageusement à cause de la multitude de ses recherches sur notre histoire, desquelles dom Mabillon a même cru devoir profiter. Dom Viole fait aussi mourir Hugues-le-Blanc dans le même lieu. Ce bénédictin, à qui la chronique de Clarius de Sens a dû être connue avant qu'elle fût imprimée, a rendu ces mots-ci, apud Drodingam villam qu'on y lit, par Villeneuve-laDondague (1), située à deux lieues de Sens vers le couchant d'hiver, comme si Clarius n'eût pu entendre Dourdan par cette expression. Mais comme depuis la composition de mes Mémoires, j'ai été dans la ville de Dourdan, et que l'on m'a aussi instruit sur l'obscurité du village de Villeneuve-la-Dondague, je reconnois qu'il n'y a guère d'apparence que ce soit en ce lieu que moururent ces deux princes, et je conviens que ce fut à Dourdan. Cependant, en même temps que je fais cette déclaration pour me conformer au sentiment de dom Mabillon, je dois avertir qu'il est à propos de rectifier ce que ce savant du premier ordre a dit de ce lieu dans l'occasion dont il s'agit, et l'auteur de la Nouvelle Histoire de Bourgogne après lui (2). Dourdan n'est point, comme ils le marquent, un château ou village du diocèse de Paris; il est, et a toujours été, du diocèse de Chartres, et c'est depuis longtemps une ville où il y a un très-ancien château qui paroit avoir été autrefois considérable. L'église de ce château, qui est en même temps devenue la première et la plus considérable des deux paroisses de la ville, porte le titre de saint Germain, évêque d'Auxerre, parce que probablement Hugues-le-Blanc y fit déposer des reliques de ce saint, tirées du monastère d'Auxerre dont il étoit abbé.

(1) Tomo 1, spicil. in fol. p. 469, col. z. | (2) Annal. Bened. t. ш, p. 558.

L'Edition primitive de l'HISTOIRe d'Auxerre et de son ancien DIOCÈSE était en deux vol. in-4°, celle-ci sera en quatre vol. in-8°. Le premier, concernant l'Histoire ecclésiastique, s'arrête à l'an 1373. Il est augmenté de la biographie de l'abbé Lebeuf et du catalogue général de ses œuvres. Le deuxième complètera cette partie et la conduira jusqu'à nos jours. Le troisième traitera de l'Histoire civile du diocèse, puis de celle du comté. L'abbé Lebeuf s'était arrêté au règne de Henri IV; nous achèverons son œuvre en la conduisant jusqu'à notre époque. Le catalogue des écrivains et la liste des hommes illustres seront complétés jusqu'à nos jours.

Le quatrième volume comprendra les Pièces justificatives données par Lebeuf et corrigées par nous, sur les originaux. Nous en ajouterons, en outre, un grand nombre d'autres, inédites pour la plupart et concernant surtout l'Histoire civile. Des tables rendront les recherches faciles.

Lebeuf, en recueillant une masse innombrable de faits, a cependant laissé encore quelque chose à glaner après lui. Partout où le sujet nous en offrira le moyen, nous complèterons par des notes le texte de notre Auteur, comme on pourra le voir dans ce premier volume.

Les planches, les cartes, les fac-simile et les sceaux gravés

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