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rons que l'église de Puers, les paysages du Rupel, Willebroeck, le polder de Waelhem, l'établissement romain d'Elewyt, où l'on a trouvé à diverses reprises de précieux débris d'antiquités, le château de Steen, qui fut la demeure de Rubens, la seigneurie de Perck, et enfin les jardins de Wespelaer, célèbres dans l'Europe entière.

De Bruxelles vers Louvain, on rencontre d'abord les faubourgs de Saint-Josse-ten-Noode et de Schaerbeek, puis le plateau d'Evere et de Loo, Dieghem, avec son histoire, ses coutumes, son église, Steenockerzeel, Saventhem que le séjour de Van Dyck a doté d'un magnifique tableau de ce maître, Cortenberg et son tribunal si connu dans l'histoire de nos franchises, et enfin les trois Woluwe, aussi remarquables par leurs antiquités que par leur curiosités géologiques.

Plus au midi s'étend la forêt de Soignes, où Tervueren, Boitsfort et Groenendael forment de ravissantes clairières. Ici l'ancienne abbaye de la Cambre, le prieuré de Rouge-Cloître, le château de Tervueren, Duysbourg qui est peut-être le Dispargum de Clodion, le bourg d'Yssche, lieu natal de Juste-Lipse, le pittoresque Hoeylaert et l'abbaye de Groenendael, offrent à l'historien autant d'études spéciales du plus haut intérêt.

Enfin, entre la forêt de Soignes et la Senne, sur les coteaux qui ondulent d'une façon si gracieuse de Bruxelles à Hal, se montrent Uccle, Forêt, Stalle, Droogenbosch, Caelevoet, Ruysbroeck, Beersel, Linkenbeek, Alsemberg, éparpillés pour ainsi dire et offrant les sites les plus variés, les souvenirs les plus précieux pour l'histoire du pays.

En traçant cette esquisse qui ne donne qu'une bien faible idée de l'ouvrage, nous ne voulons que faire pressentir, que faire deviner l'intérêt qui s'attache au sujet même. L'Histoire des environs de Bruxelles se compose en réalité d'une foule de monographies distinctes, dans lesquelles se révèle à chaque instant l'esprit d'indépendance locale qui caractérise les institutions de la Belgique. Il serait à désirer qu'un pareil travail fût entrepris pour le pays tout entier; ce serait, sans nul doute, la véritable histoire, la seule histoire possible de notre patrie. L'Histoire de la ville de Bruxelles déjà méritait, à ce point de

vue, d'attirer l'attention du public, mais l'importance de la grande ville pouvait suffire ici pour expliquer l'importance de l'ouvrage l'Histoire des environs de Bruxelles aura peut-être un attrait plus grand pour tous ceux de nos compatriotes qui veulent pénétrer le secret de nos mœurs, de nos coutumes, de nos institutions, de nos tendances et même de nos préjugés.

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Donc, c'est d'œuvres en vers qu'il s'agit; en vers, c'est-à-dire en cette forme de la poésie, si décriée de tout temps, non-seulement par les profanes, mais encore, mais surtout par les plus fervents initiés, par ceux-là mêmes qui lui doivent leurs plus beaux titres de gloire.

Malherbe, celui qui vint enfin, comme on le sait de reste, a dit tout le premier qu'« un bon poëte n'est pas plus utile à l'État qu'un bon joueur de quilles. »

Newton pensait des vers « que c'est une sorte d'ingénieux

non-sens. >>

Malebranche, à qui l'on attribue pourtant le célèbre distique :

Il fait en ce beau jour le plus beau temps du monde
Pour aller à cheval sur la terre et sur l'onde,

se bornait à demander: qu'est-ce que cela prouve?

M. de Buffon, en plein dix-huitième siècle, trouvait certains vers beaux comme de la prose; et, de nos jours, M. de Lamar

tine, l'auteur de tant d'Harmonies, de tant de Méditations et de tant de recueillements rimés, cadencés, mesurés et rhythmés, M. de Lamartine en est venu, proh pudor! à faire cet incroyable aveu « que le rhythme, la mesure, la cadence, la rime surtout, lui paraissent une puérilité et presque une dérogation à la dignité de la vraie poésie! >>

Tous, heureusement, ne partagent pas cette manière de voir, et, à côté des détracteurs, il se rencontre çà et là des esprits plus sincères ou, si l'on veut, moins désillusionnés, qui avouent naïvement leur faible pour la « puérilité » à laquelle nous devons Homère, Virgile et Dante.

Montaigne, qui ne faisait, il est vrai, que de la prose belle comme des vers, se rangeait ostensiblement parmi ces derniers. «La poésie, dit-il, c'est plus mon gibier; car, comme disait Cléanthe, tout ainsi que la voix contrainte dans l'estroit canal d'une trompette sort plus aiguë et plus forte, ainsi me semble il que la sentence pressée aux pieds nombreux de la poésie, s'eslance bien plus brusquement et me fiert d'une plus vifve

secousse. >>

Alfred de Musset, qui, lui aussi, faisait de la prose, non sans le savoir, s'écrie dans Namouna :

J'aime surtout les vers, cette langue immortelle.
C'est peut-être un blasphème, et je le dis tout bas,
Mais je l'aime à la rage. Elle a cela pour elle
Que les sots d'aucun temps n'en ont pu faire cas,
Qu'elle nous vient de Dieu,

qu'elle est limpide et belle,

Que le monde l'entend et ne la parle pas.

Victor Hugo enfin, et on peut l'en croire, ne s'est point fait faute d'exprimer, toutes les fois que l'occasion s'en est présentée, en quelle haute estime il tient le vers:

« Cette forme est une forme de bronze qui encadre la pensée dans son mètre. >>

« L'idée, trempée dans le vers, prend soudain quelque chose de plus incisif et de plus éclatant. C'est le fer qui devient acier. >>

1 Cours familier de Littérature, 4e entretien.

R. T.

24.

<«< Le vers est la forme optique de la pensée... Fait d'une certaine façon, il communique son relief à des choses qui, sans lui, passeraient insignifiantes et vulgaires. Il rend plus. solide et plus fin le tissu du style. C'est le nœud qui arrête le fil. C'est la ceinture qui soutient le vêtement et lui donne tous ses plis. Que pourraient donc perdre à entrer dans le vers la nature et le vrai? Nous le demandons à nos prosaïstes euxmêmes que perdent-ils à la poésie de Molière? Le vin, qu'on nous permette une trivialité de plus, cesse-t-il d'être du vin pour être en bouteille? >>

Ces considérations et bien d'autres que nous croyons inutiles de rappeler, prouvent surabondamment que le vers a sa raison d'être, et que les véritables poëtes, bravant les anathèmes que chaque siècle leur prépare, peuvent continuer à se laisser aller à la douce loi naturelle qui les pousse, sûrs qu'ils sont de rencontrer de par le monde des âmes fraternelles et sympathiques.

Or, parmi nos poëtes contemporains, nous ne dirons pas seulement parmi nos poëtes belges, M. Adolphe Mathieu est sans contredit l'un de ceux qui ont le mieux compris cette forme spéciale de la poésie, cette musique du langage, cette langue à part, vive et lumineuse, cet art des vers, en un mot, comme l'appelle si heureusement l'ex-législateur du Parnasse français.

Le talent de M. Mathieu ne se discute plus depuis longtemps, il est admis, reconnu par tout le monde, et les deux derniers volumes qui viennent de paraître ne feront en quelque sorte que le rappeler à notre génération si oublieuse et si ingrate, à notre pays si négligent lorsqu'il s'agit de ses véritables gloires nationales. Un prix quinquennal de littérature française sera décerné à la fin de cette année : espérons que cette fois l'Académie ne se fera plus la succursale du bureau de bienfaisance en accordant le prix à la veuve d'un poëte; et, sans vouloir préjuger en rien le mérite des autres candidats, nous pensons que M. Mathieu se présente en première ligne pour mériter cette distinction.

Nous avons parlé dans cette Revue (t. IX) des traductions d'Horace faites par M. Mathieu : nous n'avons rien à ajouter à cette appréciation en ce qui concerne le volume renfermant les

Épitre d'Horace. Mais pour les Senilia, nos éloges seront mêlés de quelques restrictions. Si le talent est toujours le même, si le vers nous séduit et nous charme par son ampleur, son énergie, son harmonie et son éclat, les sujets des diverses poésies qui composent le recueil ne nous plaisent pas également; il est de ces pièces de circonstance, de ces épîtres officielles qui nous semblent indignes d'une Muse indépendante et fière, qui nous semblent surtout incompatibles avec l'esprit hardi, libre, parfois frondeur, parfois même malicieux et narquois, de notre grand poëte.

M. Mathieu est déjà un vétéran dans la littérature belge, et sa carrière poétique-comme on peut en juger par le catalogue de ses ouvrages imprimé au dos du dernier volume- a été brillamment remplie. Nous n'accepterons pas cependant sans réclamation le titre de Senilia, donné par l'écrivain à son dernier volume. Il y a là réellement trop de fraîcheur, trop de verdeur et de jeunesse, pour qu'on puisse y voir l'œuvre d'un vieillard. Le même poëte qui appelle le vers une « puérilité » s'écriait récemment à propos d'Alfred de Musset : « Vive la jeunesse, pourvu qu'elle ne dure pas toute la vie! » Nous répondrions bien volontiers à M. de Lamartine Vive la jeunesse, pourvu qu'elle dure toujours!

E. V. B.

HISTOIRE DU PAYS DE LIÉGE,

PAR FERD. HENAUX,

2e édition; 2 vol. in-8°. Liége, Desoer.

L'histoire de la Belgique est impossible comme histoire générale, et il est facile de s'en convaincre pour peu que l'on jette les yeux sur les institutions libres et distinctes des premières peuplades, des premiers cantons du pays, institutions qui ne se sont jamais perdues entièrement, malgré tant de dominations étrangères, et dont l'esprit s'est révélé dans nos franchises

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