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Tout plein d'amertume il compare

Son Avenir.

Hélas! hélas ! d'une étincelle,

Son œil qui la crut éternelle,
Fut ébloui.-

L'œuvre du temps en lui s'achève,
Seul, il subsiste de son rêve
Évanoui.

III

Zéphir dans la froide ramure
N'égare plus ton doux murmure,
Zéphir charmant!

Pour couvrir ton langage tendre,
L'Aquilon va nous faire entendre
Son hurlement.

Retiens ta course vagabonde,

Joyeux ruisseau, demain ton onde

Se ternira;

L'hiver déjà vers nous se traîne,
Et son impitoyable haleine

Te glacera.

Oh! suspendez votre ramage,
Oiseaux babillards, du bocage

Hôtes gentils;

Le bien que vous promet cette heure,

Vous l'ignorez donc, n'est qu'un leurre,

Pauvres petits.

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AIMER.

Aimer, aimer, c'est être utile à soi,

Se faire aimer, c'est être utile aux autres. --
BÉRANGER.

Jeté tout nu dans les flots de la vie
L'enfant glacé ne sent que des douleurs;
Mais à l'aimer sa mère le convie,

Et d'un sourire elle arrête ses pleurs.
De mots d'amour au seuil de nos années
Ainsi déjà nous nous laissions charmer:
Pour éclairer nos sombres destinées,

Humains, il faut aimer.

Oui, l'herbe est douce et tendre est la verdure,
La rose s'ouvre et parfume les airs,

Tu veux t'unir, mon âme, à la nature,

Te nourrir d'elle et combler tes déserts...
Sous tes baisers les fleurs se sont fanées;
Mais une amante a su les ranimer :

Pour éclairer nos sombres destinées,

Humains, il faut aimer.

Mon esprit vole au delà de l'espace,

Aux cieux il va demander leurs secrets;
Il les demande à l'étoile qui passe,

Aux vents, aux flots, aux rochers, aux forêts.

Du doute il sent les griffes obstinées;

Mais un ami viendra les désarmer :

Pour éclairer nos sombres destinées,
Humains, il faut aimer.

L'humanité dans un jour de colère
Par son auteur fut brisée en éclats;
Depuis ce jour, comme le ver de terre,
Nous nous tordons, souvent en vain, hélas!
Ce n'est qu'au tronc d'où les branches sont nées
Que le soleil peut les faire germer :
Pour éclairer nos sombres destinées,
Humains, il faut aimer.

JOSEPH DELBOEUF.

LE VEAU D'OR.

L'or, l'or, mon fils, voilà le Dieu du monde,
Et lui du moins sait payer notre encens :
De qui le sert le char qui roule et gronde
D'un noir limon peut salir les passants.
Quant aux vertus, insensé qui les fête!
Pour tes patrons ne les invoque pas;
Mais fais-toi riche: alors lève la tête,
Devant ton or on mettra chapeau bas.

De nos Crésus veux-tu suivre la trace,
Ferme l'oreille aux piéges des grands mots;
Des gens malins c'est l'attirail de chasse,
Ce sont gluaux où s'empêtrent les sots.
Sache bannir les craintes ridicules;

Vise au succès, par lui tu t'absoudras.
C'est pour les sots que sont faits les scrupules;
Devant ton or on mettra chapeau bas.

Laisse un poëte apostropher la lune

Sans trop savoir s'il dînera demain;

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