Imágenes de página
PDF
ePub

دو

[ocr errors]

le

temps.

» hommes font détruits par » Imitez donc ces braves citoyens. Penfez, à leur exemple, que le bonheur eft la liberté, & que la liberté » eft dans la grandeur de l'ame ». Il s'adreffe enfuite aux pères de ces guerriers. « Je ne cherche point à » vous confoler, dit-il. Vos enfans »ne font-ils pas morts avec courage? » Ne préférez-vous point, comme eux, » un trépas honorable à une vie qui » feroit ou obfcure, ou honteuse? » Il exhorte les pères qui font encore dans la force de l'âge, à donner de nouveaux défenfeurs à l'Etat. Il anime & confole ceux qui, affoiblis par la vieilleffe, n'ont plus l'espérance de se voir revivre dans leur poftérité. «Non, » votre maison n'est pas solitaire. Vos » enfans ne font plus, mais leur gloire "y habite avec vous. Elle répandra fon éclat fur vos derniers jours Enfuite adreffant la parole aux frères & aux enfans des morts. « Une grande

دو

[ocr errors]
[ocr errors]

» carrière vous eft ouverte, dit - il: » vous avez l'exemple de vos pères & » de vos frères : mais ne vous flattez » pas d'atteindre aifément à leur re»> nommée; car tant que l'homme eft vivant, il a des rivaux ; & la haine qui le pourfuit, cherche fans ceffe à » lui arracher fa gloire: mais on rend justice à celui qui n'eft plus. La mort » feule fait difparoître l'envie, & donne leur place à ceux qui ont été grands ».

Ce difcours de Périclès, qu'il faut voir tout entier dans Thucidide, fit tant d'effet,que les mères & les femmes des guerriers coururent l'embraffer avec tranfport, quand il defcendit de la tribune, & le reconduifirent en triomphe, en chargeant fa tête de fleurs. Tel étoit le pouvoir de l'éloquence fur ces ames fenfibles, & la vigueur de caractère qui, chez les femmes même, faifoit préférer la gloire à la vie.

Le fecond difcours de ce genre, que nous ayons, eft de Démosthène. Son nom rappelle encore aujourd'hui de grandes idées, les idées de patrie, de courage & d'éloquence. On fait que feul & fans fecours, il fit trembler Philippe; qu'il combattit fucceffivement trois oppreffeurs; que dans l'exil même il fut plus grand, que fes concitoyens n'étoient ingrats; qu'il penfa, parla, vécut toujours pour la liberté de fon pays, & travailla quarante an nées à ranimer la fierté d'un peuple devenu, par fa molleffe, le complice de fes tyrans. Peut-être eut-il le tort de Caton; peut-être fut-il trop grand pour fa patrie & pour fon fiècle. Son caractère ardent voulut donner à fes concitoyens un mouvement qu'ils n'étoient pas en état de fuivre : leurs ames qui avoient perdu l'habitude des grandes chofes, n'avoient plus que de l'imagination pour les fentir. Il prit en eux le courage d'un moment pour de

la

la vertu ; & les précipitant dans une guerre au-deffus de leurs forces, il détruifit le dernier rempart d'Athènes, le refpect qu'infpiroit un grand nom. Il les perdit en apprenant à leur tiran & à eux-mêmes le fecret de leur foibleffe.

L'époque de ce malheur fut la bataille de Chéronée. On n'ignore point qu'elle fut livrée par les confeils de Démosthène, & qu'elle fur perdue. Dans une ville divifée en factions, & dont la moitié corrompue par l'or de Philippe, fe précipitoit au-devant de fes fers, on ne manqua point une fi belle occafion de déclamer contre un grand homme. Démosthène fut accufé par l'envie, mais abfous par le peuple. Les Athéniens oublièrent ce qu'il y avoit de malheureux dans l'é vénement, pour ne voir que ce qu'il y avoit de grand dans le confeil. On lui accorda même l'honneur de louer les guerriers morts dans cette bataille. Tome I.

D

Il faut avouer que ce difcours n'eft pas digne de la réputation de l'orateur. Ce n'eft point là que fe trouve ce beau mouvement fi connu & qui a rapport à la même bataille; » non, Citoyens, » non, en combattant Philippe, vous » n'avez point fait de faute. J'en jure » par les mânes de ces grands hom» mes qui ont combattu pour la mê» me caufe aux plaines de Mara» thon ». Son éloge funèbre n'a prefque ni élévation, ni chaleur. On lui fit même un crime de l'avoir prononcé. Malheureufement il s'étoit trouvé à cette bataille, & il avoit été entraîné dans la fuite par le refte des citoyens. Eschine avec toute l'éloquence d'un ennemi & d'un rival, s'écrie dans le fameux difcours qu'il prononça contre lui» comment avec ces mêmes » pieds qui ont fi lâchement quitté eur poste dans le combat

"

as-tu

» ole monter fur la tribune pour y

» Ouer ces mêmes guerriers que tu as

« AnteriorContinuar »