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pire d'Augufte, qui empêche Trajan » de vieillir, qui tous les jours reffuf» cite Marc-Aurèle. Crois-tu ;malgré » leurs victoires, que leurs noms fuf» fent auffi célèbres, fi, terribles aux » Barbares, ils n'euffent été bien» faifans envers leurs fujets? &c.

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L'orateur veut étendre ce fentiment d'humanité dans le prince, des fujers de l'Etat, aux ennemis même de l'Etat. « Celui, dit-il à Valeris, qui dans » la guerre pourfuit avec acharne» ment, & veut détruire, ne fe montre » que le roi d'une nation. Celui qui après avoir vaincu, pardonne, se » montre le père & le fouverain de » tous les hommes. Cyrus n'aimoit » que les Perfes; Augufte les Romains; » Alexandre les Grecs; aucun n'ai» moit les hommes; aucun n'étoit » vraiment roi. Pour l'être, il faut, » comme Dieu, n'exclure ni aucun peuple, ni aucun homme, de fa pro"vidence ».

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Valens irrité refufoit la paix aux barbares; c'est le philofophe qui fléchit l'empereur; l'éloquence donna la paix au monde. «Je fis voir au

prince, dit l'orateur, que c'est en » fauvant, & non en égorgeant les » hommes, que l'on reffemble aux » Dieux. Quand on a remporté la » victoire fur des lions, des léopards » & des tigres, on compte tous ceux » dont on a fait couler le fang dans » les forêts: quand on a vaincu des » hommes, il faut compter tous ceux qu'on a fauvés. Encore n'extermine»t-on pas entièrement les bêtes fé

roces; on en laiffe fubfifter la race » dans les déferts. Et une nation » d'hommes, (qu'on les appelle Bar

bares, ils n'en font pas moins des » hommes) une nation toute entière, » foumise & tremblante à fes pieds; >> il eût donc fallu l'exterminer & la » détruire? non, J'admire, & j'appelle grand, celui qui la conferve. Le

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destructeur de Carthage fut nommé » l'Africain. Un autre s'appella Ma» cédonien, parce qu'il avoit fait de » la Macédoine un vaste défert. Mais

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toi, prince, je veux que tu tires ton » nom de la nation que tu as fauvée; » ainsi nous nominons les Dieux, des » pays qu'ils protègent

Outre l'humanité & la clémence qui font les premiers devoirs, l'orateur parcourt toutes les autres qualités du prince, il dit à Constance; « l'athlète » des jeux olympiques, jaloux de vain>> cre, & veillant fur lui-même, ́s'in» terdit tous les plaifirs qui pourroient » l'énerver; & le prince qui eft, pour » ainfi dire, l'athlète de l'univers, ira» t-il fe livrer à de lâches voluptés ? ».

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Il félicite Valens de ce qu'il veut s'inftruire. « Puifque tu as ce defir, » lui dit-il, fi les hommes ne font » heureux, ce fera la faute de ceux qui n'uferont pas de ton ame pour » tout ce qui eft honnête & grand ».

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Il exhorte cet empereur à ne négli ger aucun des foins du gouvernement.

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Il y a eu, lui dit-il, des princes qui prenoient grand foin de leur cheve» lure, mais qui ne comptoient pour >> rien des villes entières tombées en » ruine. Ils s'occupoient de leur pa» rure, & ils négligeoient l'univers. » Peut-être même avoient ils grand » foin de choisir leurs chevaux, mais point du tout les hommes qu'ils deftinoient aux places; & tandis » qu'aux jeux du cirque ils n'auroient » pu fouffrir de voir des cochers igno >rans conduire un char, ils abandon» noient à des hommes fans choix, » les rênes de l'empire & la conduite » des nations. On brife une ftatue » on efface un tableau qui ne reffem

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ble point à fon modèle: le prince » fera-il donc moins attentif à ceux » dont le devoir eft de le repréfenter » auprès des peuples?».

» L'influence de la vertu du prince, » dit-il

dit-il à Théodofe, ne fe borne point » à la terre. Marc-Aurèle voyant fon » armée prête à périr par la foif, leva » ses mains au ciel ; ô dieu, dit-il, je » lève vers toi qui donnes la vie, cette » main qui ne l'a jamais ôtée à person»ne. Dieu l'entendit, & fauva fon ar» mée ».

Nous avons déja vu que Valens étoit cruel; & comme tous les hommes, il porta fon caractère dans la religion. Trompé par les Ariens, il perfécuta les Catholiques avec fureur. On dit qu'un jour ayant reçu une députation de quatre-vingt Prêtres qui venoient pour le fléchir, il les fit embarquer tous ensemble, & ordonna qu'on mît le feu au vaiffeau,quand ils feroient en pleine mer. Un homme éloquent adoucit les fureurs de ce tigre. Thémiste ofa parler de douceur à un fanatique, & d'humanité à un barbare; & ce qui eft plus étonnant, il réussit. La perfécution cela; & cet EmpeTome I.

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