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» dedans il fçait le rendre heureux. Il

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reprime les féditions, le luxe, l'inté

» rêt avide,fource des crimes; ou il em

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pêche tous ces maux de naître, ou il » les étouffe dès leur berceau. Il sçaurà qu'un citoyen a violé une loi, comme » il fçait à la guerre qu'un ennemi a » forcé les retranchements.

» Le protecteur des loix eft légiflateur, s'il a befoin de l'être. Il ne » permettra pas plus, qu'à des loix » utiles & faintes, on joigne une » mauvaise loi, qu'il ne permettroit

qu'on mît un efclave au rang de fes » enfans. Envain fes parens, fes amis » & fes proches lui demanderoient » d'immoler la loi à leurs intérêts ;

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l'Etat eft fa première famille. Violer » la loi, feroit pour lui un facrilège, » comme lorfqu'un raviffeur enlève un » tréfor facré; car la loi eft un dépôt » célefte; elle eft une émanation de » Dieu.

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"il récompenfe l'homme vertueux, » il tâche de guérir le méchant. Parmi les coupables il en eft qui

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» peuvent fe réconcilier avec la ver» tu & les loix : le prince peut les juger. Il en eft d'autres qui n'ont plus l'efpérance de redevenir juftes, » & que la loi condamne, pour leur épargner de nouveaux crimes: il » évitera de les condamner lui-même; » & jamais la bouche du fouverain ne » s'ouvrira pour prononcer une peine » de mort. Que fi les befoins de la patrie exigent qu'il faffe des loix » pour la punition des crimes, il ne » fouffrira point que les peines aient » un caractère atroce, ni rien d'hu» miliant pour la dignité de l'homme. Qu'il imite l'Etre fuprême dont il » eft le miniftre: Dieu eft le créateur » du bien; jamais cet être juste & » bienfaifant n'a créé le mal.

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»Ainfi que Dieu a des génies qui exé» cutent fes ordres dans l'univers, le

prince a des hommes qui comman» dent fous lui dans fes états. Qu'il » confie à chacun la place qui con» vient à fon caractère; les emplois » militaires à l'ame forte, & au courage mêlé de prudence; les magif» tratures à la juftice tempérée par » l'humanité; les premières places de l'empire, à ceux dont le mérite compofé des deux autres, unit la

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vigueur du caractère aux vertus. » Mais le choix eft dangereux: la mé» chanceté adroite fait tromper; & » de tous les maux qu'elle fait, le plus » funefte c'eft qu'elle prend le mafque » des vertus, & abuse ainfi ou l'igno»rance qui ne voit pas, ou la préci

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pitation qui ne fe donne pas le temps » de voir. Le prince, dans le choix' » des hommes, doit échapper à tous » ces pièges....*

*Tous ces détails font trop longs dans l'original; je n'ai préfenté ici que le fond des dées.

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» Voilà pour ce qui concerne les magiftrats & les loix. Enfuite les regards du prince fe fixeront fur le » commun des citoyens. Sous lui le peuple des villes, heureux fans in» folence, s'accoutumera à vivre dans » l'abondance, fans orgueil; le peuple » des campagnes, en cultivant fes champs, fournira le néceffaire à » ceux qui le fer a la main défendent » fes moiffons. Tous à l'abri de l'en» nemi domestique & étranger, vi» vront dans une paix profonde, ado»rant leur fouverain qui eft pour eux » l'auteur de tant de biens, remer»ciant les Dieux, & invoquant fur » lui les faveurs céleftes. Les Dieux » écoutent les voeux des nations, parce qu'ils ne font dicés ni par le menfonge, ni par la flatterie, mais par » la vérité. Ils comblent le prince de » tout ce qu'ils peuvent accorder à » l'homme; & quand fa carrière eft

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finie, alors ils l'appellent à lui, pour

» habiter avec eux dans les palais cé»leftes: il monte, & fa gloire reste » fur la terre ».

Il me femble qu'il y a peu de mor→ ceaux chez les anciens, qui vaillent celui-là pour la raifon, la jufteffe & la vérité. Julien, en traçant ce que devoit être un prince, annonce ce qu'il vouloit être lui-même. On voit qu'avant de monter fur le trône, il avoit médité en philofophe les devoirs d'un homme d'Etat; & ce magnifique portrait des devoirs d'un fouverain, étoit en même temps une leçon pour le tyran qui l'écoutoit, & un engagement que le nouveau Céfar prenoit avec l'empire.

Outre ces deux éloges, nous en avons encore de lui un troifième, qui eft un monument de reconnoiffance & de vertu. Il est consacré à l'impératrice Eufébie, fa bienfaitrice. Cette femme, une des plus belles de fon fiècle, aima les fciences, non par of

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