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» miniftre de tes loix, repofe fous tes » mains invincibles; ardent, doué » d'une vie immortelle, il frappe, & » la nature s'épouvante. Tu diriges » l'efprit univerfel qui anime tout, & » vit dans tous les êtres. Tant, ô Roi fuprême, ton pouvoir eft illimité » & fouverain. Génie de la nature, » dans les cieux, fur la terre, fur les mers, rien ne fe fait, ne se produit fans toi, excepté le mal qui fort du cœur du méchant. Par » toi, la confufion devient de l'ordre: par toi, les élémens qui fe combattent, s'uniffent. Par un heureux accord, tu fonds tellement ce qui » eft bien avec ce qui ne l'eft pas, qu'il » s'établit dans le tout, une harmonie générale & éternelle. Seuls parmi » tous les êtres, les méchans rompent » cette grande harmonie du monde. » Malheureux! ils cherchent le bon» heur, & ils n'apperçoivent point la » loi univerfelle qui, en les éclairant,

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de Dieu avec plus de grandeur. Nous avons des hymnes des Romains, ou du moins quelques morceaux dans leurs poëtes, qui nous en donnent une idée; mais nous n'avons rien de ce genre, & qui nous peigne la Divinité d'une manière éloquente & forte. Les hymnes qu'Horace fit pour les jeux féculaires de Rome, ont le mérite de la délicateffe & du goût; mais combien elles font au deffous du fujet! une fête établie pour la révolution des fiècles; l'idée de la Divinité, pour qui tous les fiècles enfemble ne font qu'un moment; la foibleffe de l'homme que le temps entraîne; fes travaux, qui lui furvivent un inftant pour tomber

Voyez une hymne à Bacchus, dans Ovide;

L'hymne à Hercule, dans Virgile; & plufieurs hymnes, dans Horace. On y peut joindre le pervigilium Veneris, qui probablement étoit une hymne qu'on chantoit dans les fêtes de Vénus.

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enfuite; les générations qui fe fuccèdent & qui fe perdent; les malheurs & les crimes qui avoient marqué dans Rome le fiècle qui venoit de s'écouler; les vœux pour le bonheur du fiècle qui alloit naître: il femble que toutes ces idées auroient dû fournir à un poëte tel qu'Horace, une hymne pleine de chaleur & d'éloquence. Mais plus un peuple eft civilifé, moins fes hymnes doivent avoir & ont en effet d'enthoufiafme. Ce font les peuples nouveaux qui font plus frappés de la nature, & par conféquent de l'idée d'un Etre créateur. A imagination égale, cette impreffion même eft plus forte chez les peuples qui habitent les campagnes, que chez les peuples renfermés dans l'enceinte des villes; & l'on fent bien que cela doit être. Dans les villes on n'apperçoit, pour ainfi dire, que l'homme. Par tout l'homme y rencontre fa grandeur. Les objets qui l'environnent & qui le frappent,

c'est l'architecture qu'il a créée Tes métaux qu'il a tirés du fein de la terre, les richeffes qu'il a cherchées au delà de l'océan, les différentes parties du monde unies par la navigation, enfin tout ce qu'a de brillant le tableau de la fociété, des loix, & des arts; mais dans les campagnes, l'homme difparoît, & la Divinité feule fe montre.. C'est là que, de toute part, on rencontre les cieux. Là, le fpectacle du jour a quelque chofe de plus impofant, & la nuit de plus terrible. Là,. le retour conftant des faifons eft marqué par de plus grands effets. L'œil, en découvrant autour de lui des efpaces fans bornes, eft plus frappé de l'étendue de l'univers, & de la main invifible qui en a tracé le plan. Il ne faut donc pas s'étonner fi les premiers peuples du monde, qui étoient prefque tous des peuples pafteurs, & fur-tout les Orientaux, qui habitant un plus beau climat, devoient plus aimer &

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