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» bien douce. Que tous les Dieux, » que toutes les Déeffes le prêtent long-temps à la terre! Qu'il éga» le les grandes actions d'Auguste!

دو

qu'il furpaffe le nombre de fes an» nées! Que tant qu'il fera parmi les » mortels, il ne s'apperçoive point que dans fa maifon il y ait rien de » mortel! Que le jour où fa famille » facrée célébrera fon retour au ciel, » ne luife que dans l'autre fiècle, & » pour nos derniers neveux! *». Et

*Non definam offerre tibi Cafarem. Illo moderante terras & offendente quanto melius beneficiis imperium cuftodiatur quam armis, illo rebus humanis prafide, non eft periculum nequid perdidiffe te fentias. Attolle te, & quoties lachrima fuboriuntur oculis tuis, toties illos in Cafarem dirige; ficcabuntur maximi & clariffimi confpectu numinis...... Nec dubito cum tanta illi adverfus omnes fuos fit manfuetudo, tantaque indulgentia, quin multis jam folatiis tuum iftud vulnus obduxerit, nonnulla que dolori tuo obftarent congefferit. Quid porro, ut nihil horum fe

enfuite une prière à la Fortune, pour qu'elle veuille bien permettre « qu'un » fi grand Empereur remédie aux » maux du genre-humain désolé.............. » Si elle regarde Rome en pitié, fi » elle n'a pas encore réfolu d'anéantir » le monde, ce Prince envoyé pour » confoler l'univers, fera auffi facré » pour elle, qu'il l'eft déja pour tous » les mortels *.

cerit, nonne protinus ipfe confpectus per fe tantum modo, cogitatufque Cafar maximo folatio tibi eft! Dii illum, Deaque omnes terris diu commodent. Acta hic Divi Augufti &quet, annos vincat; ac quamdiù inter mortales erit nihil in domo fuâ mortale effe fentiat. Sera & nepotibus demum noftris dies nota fit quâ illum gens fua cœlo afferat. SENEC, de Confolat. ad Polyb. 31.

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*Abftine ab hoc manus tuas Fortuna.... patere illum generi humano jamdiu agro & affecto mederi. Sidus hoc quod precipitato in pro fundum ac demerfo in tenebras orbi refulfit, femper luceat, De Confol. ad Polyb. 32. Hoc unum obtineamus ab illâ votis ac preci

Je ne ferai ici qu'une remarque ; c'eft Sénèque qui parle, & il parle de Claude. Mais j'ajouterai pour être juste, que ce même homme qui a paru fi foible dans fon exil, mourut avec le plus grand courage; tant il est vrai qu'on peut unir la foibleffe avec la grandeur, & être tour à tour intrépide & lâche!

Tout le monde fait que Néron fut

loué par Lucain ; nous avons vingt

vers de lui, à la tête de la Pharfale où ce monftre eft placé dans le ciel, Cependant nous ne pouvons guères douter que Lucain ne haït les tyrans, Il loue avec tranfport & Caton, & Brutus. Il peint Pompée comme le vengeur, & Céfar comme l'oppref

bus publicis, fi nundum illi genus humanum placuit confumere, fi Romanum adhuc nomen propitia refpicit, hunc principem lapfis hominum rebus datum, ficut omnibus mortalibus, fibi effe Ibid. 16,

facro-fanctum velit,

feur

feur de fon pays. Il entra même dans la fameuse conspiration de Pifon. Pour réfoudre le problême, il faut se souvenir que Néron ne fut pas toujours un monftre. Le Prince qui dit, je voudrois ne point favoir écrire n'étoit pas le même que celui qui fit périr & fon frère, & fa femme, & fa mère, & une foule de Romains. Néron changea, & l'éloge est resté.

Mais fi peut-être on peut justifier Lucain, comment, fous un autre règne, excufer Quintilien, Martial, & Stace? Legrave auteur des Institutions oratoires, à la tête de fon quatrième livre, ne rougit pas de donner le nom de cenfeur très faint, & de divinité favorable, à Domitien, à ce tyran jaloux, capricieux & lâche, fous qui le nom même de la vertu fut profcrit, qui n'eut que des vices, ne fit que des crimes, empoifonna peut-être Titus, & teint de fang, vouloit être homme de lettres, & paffer pour jufte.

Tome I.

K

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Stace qui naquit à Naples, & qui avoit une imagination forte, quoique déréglée, avilit fon génie par les mêmes éloges. Ses deux poëmes font dédiés à ce tyran, qu'il place aussi dans le ciel, fans doute entre Octave & Néron. Ce n'eft pas tout; nous avons encore de lui trois ou quatre pièces, ou panégyriques en vers; l'un intitulé le Cheval de Domitien; l'autre où, felon fon expreffion, il adore le dix-feptième confulat du Prince; le troifième, où il rend grace de ce qu'il a été honoré de fa table très-facrée. Il n'eft pas néceffaire d'ajouter que les éloges font auffi ridicules que les titres.

A l'égard de Martial, on ofe dire qu'il eft encore plus étonnant. Cer Espagnol qui vint de bonne-heure à Rome, pour y faire des vers, médire & flatter, & qui y eut tout le fuccès qu'un efprit fin & piquant peur avoir dans une grande ville, où il y a

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