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dons ce qu'il y a de nouveau dans la préparation de ce jaune? Le chromate de chaux jaune paille est connu depuis longtemps. Cette couleur est employée pour la peinture en détrempe et pour les papiers peints. La plus grande partie de chromate de chaux fabriquée sert à frauder le chromate de plomb qu'om vend à bas prix.

Parmi les nouveaux jaunes de chrome mis nouvellement dans le commerce, nous signalerons le chromate de zinc de MM. Leclaire et Barruel. Cette nouvelle couleur est désignée sous le nom de jaune bouton d'or. Elle s'allie très-bien aux autres produits employés dans la peinture à l'huile, couvre parfaitement et mérite de remplacer le chromate de plomb qui noircit à l'air.

Papier de paille. On a déjà fait à plusieurs reprises la remarque que la consommation du papier avait augmenté am point de ne plus se trouver en rapport avec la production des chiffons. Cette matière première, dont la quantité est limitée, ayant monté de prix, on a été amené à chercher un remède efficace à cet état de choses, et différentes matières empruntées au règne végétal ont paru propres à être employées à la fabrication du papier. Les expériences ont principalement porté sur la paille.

Depuis de nombreuses années, on annonce qu'on est parvenu à convertir la paille en un papier d'un blanc parfait. Le fait est vrai; mais industriellement, il n'est pas réalisable avec avantage

Chose curieuse, depuis trente ans, tous les procédés nouveaux sont copiés les uns sur les autres; tous consistent à soumettre la paille à l'action de la vapeur, à activer l'action par un alcali à passer la paille à la pile, à employer l'action d'un acide, puis à décolorer au moyen du chlore. Enfin, la pâte est divisée, collée et livrée à la machine.

Mais certains inventeurs préconisent la soude, d'autres læ potasse, d'autres la chaux; l'un fait usage d'acide sulfurique, l'autre d'acide chlorhydrique. Il en est qui font agir le chlore gazeux, mais il en est qui indiquent l'emploi de l'hypochlorite: de chaux. En voici un nouveau, M. Reissig, qui est parvenu à découvrir que la matière décolorante à employer doit être l'hypochlorite de magnésie.

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Nous sommes loin de dénigrer tous ces systèmes; nous respectons et nous aimons trop le progrès dans toutes ses manifestations, mais nous ne pouvons nous empêcher de blâmer tous ces essais infructueux, car le jour où un inventeur sérieux se présentera, il aura beaucoup de peine à faire prendre aut sérieux sa découverte, tant il y a eu de déceptions jusqu'ici.

Ne peut-on pas se demander s'il n'est pas absurde de chercher à consacrer à la fabrication du papier des plantes qui servent à des usages d'une utilité générale et dont le prix est par conséquent assez élevé? Si les rebuts de l'économie, si les chiffons jetés au coin des bornes, si les vieux cordages font défaut, cherchez dans la nature s'il n'existe pas quelques végétaux dont vous puissiez tirez parti; mais n'allez pas follement, comme certains esprits légers le préconisent, cultiver, pour faire du papier, des champs qui habituellement produisent de riches récoltes en céréales. Les racines traçantes du Typha (massette), plante si commune dans les étangs et sur le bord des ruisseaux et des rivières, fournissent une belle fibre, facile à désagréger et à blanchir; les conferves et les charas, qui encombrent les canaux et les étangs fournissent encore une matière facile à travailler; il suffirait d'enlever au moyen de l'acide chlorhydrique la croûte de carbonate calcaire dont s'incrustent les organes de ces plantes du fond des eaux. La pulpes de pommes de terre d'où on a extrait la fécule, celle des betteraves dont on a extrait le sucre, peuvent fournir la matière première du papier de qualité inférieure. Un bon encollage donnerait à ce ligneux trop divisé la cohérence nécessaire.

Action de l'arsenic sur l'économie animale. Mangeurs d'arsenic. — On avait considéré jusqu'ici l'arsenic comme un poison, et trop de sinistres exemples étaient là pour prouver la valeur d'une telle assertion; cependant voici qu'on parle de mangeurs d'arsenic, et le témoignage d'hommes illustres dans la science ne permet pas de douter de la réalité du fait.

L'arsenic peut être avalé impunément en prenant la précaution de ces bateleurs dont parle Morgagni, qui avalaient des pincées d'arsenic (acide arsénieux) après avoir eu la précaution d'ingérer du lait et des corps gras. M. Blondlot s'est assuré, par expérience, que l'acide arsénieux qui a eu le moindre contact

avec un corps gras devient très-difficilement soluble dans l'eau. Davy a prétendu que l'arsenic est un «< poison s'accumulant, » mais cette assertion est erronée, paraît-il. Nous n'avons aucune preuve que l'arsenic, donné en doses infinitésimales, puisse s'accumuler dans l'organisation humaine de manière à produire un effet pernicieux; au contraire, nous possédons de nombreuses preuves de l'élimination très-rapide de petites quantités d'arsenic hors de l'organisme par voie des excréments. C'est du moins ce qui résulte des observations consignées dans les traités les plus modernes de toxicologie 1. M. de Tschudi a fait connaître la facilité que possèdent les animaux d'absorber sans inconvénient une certaine quantité d'arsenic. M. Émile Koop a expérimenté sur lui-même; ce chimiste ayant introduit dans l'industrie de la toile peinte l'emploi de l'acide arsénique pour des enlevages blancs sur rouge d'Andrinople, eut l'occasion de fabriquer cet acide en grand et par des procédés industriels. Il trouva que le poids de son corps augmenta rapidement et considérablement pendant tout le temps qu'il s'occupa de recherches sur l'acide arsénique, sans que la santé générale eût l'air d'en souffrir. Il avait été pendant plusieurs semaines exposé à l'absorption de cet acide, dont il manipulait les solutions 2.

M. Bunsen, le savant professeur de Heidelberg, a visité les sources de Reichenstern, en Silésie; les eaux de ces sources contiennent de l'arsenic en dissolution, et cependant les habitants indigènes se servent de cette eau dans leurs usages domestiques et la boivent sans en ressentir aucun mal. M. Bunsen déclare, nous dit Frank Storer, de Boston, qu'il ajoute foi aux rapports sur les mangeurs d'arsenic des provinces autrichiennes; M. Taylor admet que la solution de Fowler (arséniate de potasse) est fréquemment employée comme remède contre la fièvre par la classe pauvre des districts marécageux de Cambridge (Angleterre).

Il serait assez curieux de vérifier si les assertions sur les mangeurs d'arsenic sont véritables; s'il est difficile de prendre les paysans sur le fait d'avaler de l'acide arsénieux, il serait

1 Taylor, Traité des poisons. Londres, 1859, p. 34-366.
2 Fr. Storer, Compte rendu de chimie. Barreswill, février 1860.

très-facile, comme le dit Storer, de le rechercher soit dans leurs excréments, soit dans leurs corps après décès.

Dans tous les cas, la question nous paraît parfaitement étudiée dès à présent; l'arsenic employé à petites doses produit une augmentation de poids et un air de santé. A Paris, les malins cochers de fiacres donnent de l'arsenic à leurs chevaux; le poil devient luisant et serré, l'animal mange beaucoup et engraisse. Le cheval est alors vendu; privé d'arsenic, le cheval perd l'appétit; il dépérit peu à peu et meurt. Si on continue le régime à l'arsenic, il finit par succomber à un empoisonnement. C'est que l'introduction dans la circulation de petites doses d'acide arsénieux diminue de 20 à 40 p. c. l'élimination d'acide carbonique et d'urée, ainsi que l'ont très-bien observé MM. Schmidt et Stuerzwage. L'ingestion d'acide arsénieux, accompagnée d'une nourriture abondante, produit par suite, chez les animaux, une augmentation de poids. Si les doses d'acide arsénieux sont plus considérables, elles occasionnent des phénomènes nerveux d'irritation de la moelle et de paralysie, phénomènes qui peuvent s'expliquer par un état de congestion des organes centraux, qu'on a toujours remarqué dans l'autopsie des animaux soumis à l'expérience.

Nous clôturons ici notre revue; dans notre prochain compte rendu, nous nous occuperons des matières colorantes organiques.

HENRI BERGÉ dit MASSON.

REVUE PHILOSOPHIQUE.

LA FEMME.

La femme affranchie.

· Réponse à MM. Michelet, Proudhon, E. de Girardin, A. Comte et autres novateurs modernes, par Mme Jenny P. D'HÉRICOURT, 2 vol. format charpent. Paris, Bohné, et Bruxelles, Van Meenen et Ce, 1860.

Les femmes, leur passé, leur présent, leur avenir; par Mlle J. DE MARCHEF-GIRARD, avec une lettre de M. de Lamartine. 1 vol. in-8°. Paris, L. Chappe, 1860.

L'amour, par J. MICHELET. 1 vol. Charpentier. Paris, Hachette, 1859. La femme, par J. MICHELET. Ibid., 1860.

I

Toute époque a ses questions qui circulent dans l'air ou qui s'agitent dans ses flancs; qu'elle respire malgré elle, qui l'enivrent ou la fécondent; dont la gestation la travaille et lui pèse. On les dirait fatales ou providentielles, si l'une ou l'autre fatalité pouvait être admise par la raison libre; elles ressortent de l'enseignement des esprits avancés, des révoltes du sentiment, de la logique d'une situation nouvelle déjà assise, ou des rêves d'un avenir impatient de naître; elles sont imposées par les besoins du temps, O peuple! vos besoins, ce sont vos prophéties, contre elles aucune fin de non-recevoir ne tient, aucune victoire ne prévaut; il faut les résoudre, ou souffrir de l'incubation qui se prolonge ou des avortements qui se renouvellent.

La question des femmes est de ce nombre aujourd'hui; 1789 l'a mise à l'ordre du jour du XIXe siècle; depuis ce mo

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