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ciel se voile de nuages livides... D'affreux orages grondent dans l'espace que sillonnent d'innombrables éclairs, et des pluies torrentielles viennent ajouter leur dévastation à celle des océans.........

Mais un bruit formidable, infini, commence à se faire entendre, et porte l'épouvante à son comble... Ce bruit sans nom grandit et s'approche... On dirait la voix de Dieu sortant de l'abîme pour annoncer la fin des temps!... Une clameur immense court sur les monts :

La débâcle polaire !!!...

Les dernières masses océaniques se précipitent sur l'Europe!...

Aucun langage humain ne peut exprimer l'horrible majesté du cataclysme...

Sur les versants méridionaux des Alpes, la violence des eaux est sans bornes... Lutte formidable entre l'Océan et le géant de granit... Les masses aqueuses, gonflées par la résistance, s'élancent dans les vallées, puis se retirent en grondant pour se ruer sur l'obstacle avec une fureur nouvelle... Des quartiers de montagnes s'écroulent et leurs débris granitiques sont roulés et broyés par les eaux, avec le bruit effroyable que produiraient cent tonnerres souterrains!!... Depuis les temps bibliques, rien de pareil n'a frappé l'oreille humaine...

Les jours s'écoulent encore... La grande voix du déluge s'éteint en longs mugissements... Les eaux ont repris possession de leur domaine du Nord; leur fureur s'apaise...

Là, où jadis fut l'empire des czars, roulent les flots de l'océan Glacial... Toutes les basses terres sont devenues mers. La moitié de l'Europe est submergée...

Le plateau de l'Auvergne est resté au-dessus des eaux. La grande capitale de la France, toutes les cités élevées, le plus grand nombre des villes flottantes, échappent au désastre... Les archives de la science, les chefs-d'œuvre de l'art sont conservés; l'humanité et la civilisation sont sauvées !

De tous les monts de l'hémisphère du Nord, depuis l'Orégon jusqu'à l'Himalaya, un hymne immense s'élève vers l'Éternel

Ici la parole expira sur les lèvres de la marquise. La moitié de la nuit s'était écoulée, et le silence n'était troublé que par les brusques rafales qui continuaient à frapper les fenêtres de l'hôtel. Je cherchais à rappeler mes esprits troublés; je me demandais si tout ce que je venais d'entendre n'était pas le produit de mon cerveau en délire... Tout à coup, la malade fut saisie d'un frémissement sinistre, auquel succéda l'immobilité de la tombe. Le docteur s'approcha...

Elle était morte.

H. LE HON.

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avait supprimé tout ce qui n'était pas lui.

Cte DE GASPARIN, Confér. sur Constantin, p. 37.

Oft steht Philadelphia, vor der menschen augen da,

Oft wirds nicht für das gehalten, weil nür kleine kraeften walten.
Gesangbüch der Ev. Brüdergemeinen.

Lorsqu'on examine les décisions prises aux diverses époques par les puissances européennes réunies en congrès dans le but d'assurer leur conservation, l'attention s'arrête sur le congrès de Westphalie, et l'on est amené à reconnaître que si le traité de Munster, passé avec des États soustraits à l'obédience de Rome, admet jusqu'à un certain point les droits de la conscience humaine, il fixe ainsi un terme à l'action du moyen âge dont le concile de Latran de 1215 avait décrété toute l'organisation légale.

Le pontificat du grand jurisconsulte Innocent III, la conquête de Byzance par les Latins et les luttes du pape et de l'empereur occupent tout le XIe siècle. Rome avait rencontré dans Grégoire VII le fondateur de cette immense

influence politique, que ses successeurs continuèrent à étendre sur des voies toujours plus profondément tracées, jusqu'à Innocent III. Organisateur habile, ce pape imposa comme une règle constante pour l'individu, tout ce qui n'était encore qu'une tendance à cette vaste domination rien ne fut négligé pour atteindre ce

but.

En mêlant les populations d'Occident à celles d'Orient, les croisades eurent pour résultat de faire déteindre certaines qualités et certains défauts réciproquement des unes sur les autres. Les vagabonds et les truands des armées croisées, frottés aux pèlerins des divers cultes de l'Asie, s'imprégnèrent des idées ultra-ascétiques des Joguis de l'Inde, les greffèrent sur des données chrétiennes, et le germe des ordres de moines mendiants par devoir fut déposé dans la société européenne. Innocent sut utiliser ces dispositions. Après avoir confirmé l'ordre des carmes, il comprit où le saint-siége pourrait trouver ses officiers de ministère public et des orateurs pour le défendre, en même temps qu'un remède au besoin d'ordre qu'éprouvait l'Europe, en présence des mendiants vagabonds laïcs. L'ordre de Saint-Dominique répondit aux désirs du pontife, en fournissant des prédicateurs d'abord, puis, sous Grégoire IX, des juges pour le saint office. Celui de SaintFrançois enrégimenta les autres, en déclarant la mendicité une vertu. Ces nouveaux ordres, le dernier surtout,

1 Albert, fondateur des carmes, et François (d'Assises) fondateur des cordeliers, recommandent pourtant le travail manuel à leurs moines; mais ils furent débordés par la gueuserie de l'époque. Ces deux ordres forment avec les dominicains et les augustins institués en 1246 les quatre ordres mendiants primitifs (Delacroix, Dict. des cultes, t. II, p. 703). Contrairement à la recommandation des fondateurs, le renoncement au travail, la fainéantise n'est pas considérée comme une infraction dans l'Église. Le 2 juin 1859, Pie IX canonisa Benoît-Joseph Labre, du diocèse d'Arras, qui était un mendiant de profession. On assure qu'un de ses homonymes, de la ville de Gand, aspire au même honneur et ne recule devant aucun sacrifice de propreté pour y atteindre.

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contribuèrent puissamment à répandre le culte de la madone'.

La transformation s'opérait au lieu du divin Maître, sa mère; au lieu de l'Evangile, Pierre Lombard et les décrétales; au lieu d'une vie morale, une institution politique, en même temps qu'il était arrêté que tout opposant serait déclaré hérétique, et tout hérétique devait être ars, c'est-à-dire brûlé. L'Eglise étant un Etat politique, tout dissident devenait coupable de haute trahison, crime qui emportait la peine de mort 2. Les souverains pontifes, comme princes du monde, étaient logiques en ceci.

D'une autre part la noblesse guerrière avait rapporté d'Orient un avant-goût des arts, de la philosophie et des sciences. L'empereur Frédéric II, prince lettré, instruit, et qui sans contredit devançait son siècle, s'aidait de son chancelier Pierre Desvignes pour fonder des universités. Les pontifes ne s'opposèrent point à ces institutions, parce qu'ils avaient l'instinct d'y trouver des instruments utiles à leurs desseins. De son côté l'empereur ne s'opposa pas d'abord à l'établissement de nouveaux ordres de moines, les anciens étant trop relâchés; il ne prévoyait pas que des mendiants pussent jamais égaler ceux-là par leurs richesses, et comptait trouver en eux des auxiliaires. Il en résultait que tout en se faisant la guerre, le chef de l'empire et le chef de l'Eglise s'entendaient pour persécuter les dissidents; comme toujours dans les luttes entre le sacerdotalisme et les soi-disant philosophes, ils servirent d'enjeu.

Innocent III avait introduit dans la procédure ecclésiastique, les formes juridiques de l'ancienne Rome, qui passèrent depuis dans nos tribunaux 3, en même temps qu'il

1 Les madones de Hal et de Tongres (Prima Cisalpes) datent de 1240 seulement. Les carmes ont le titre de « frères de la bienheureuse Vierge » et invoquent une madone spéciale, celle du Mont-Carmel.

2 Corps de droit canon. Decret. Gregor. IX, liv. V, ch. 7 et 9. de Hæreticis.

3 Éphémérides universels, t. VIII, p. 319. Ce pontife est l'auteur du

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