Imágenes de página
PDF
ePub

eurent les hâtereaux (cous) coupés, et si en y eut plusieurs bannis qui se rendirent fugitifs.

Et fut faite cette justice, à la venue du damoiseau de Clèves, neveu du duc de Bourgogne, qui, de par lui, avec aucuns de son conseil, fut commis d'aller recevoir lesdites amendises, selon le contenu du traité fait et passé à Arras. Et par avant, avoient été envoyés devers ledit duc en la ville d'Arras, soixante-trois hommes, lesquels avoient été pris en la ville de Bruges, quand ledit duc en fut débouté; et à leur département de Bruges leur fut délivré à chacun une robe de vert, aux dépens de la dessusdite ville.

CHAPITRE CCXXVI.

Comment la guerre se rémut entre la duché de Bar et la comté de Vaudemont.

EN l'an dessusdit, se rémut la guerre d'entre la duché de Bar et la comté de Vaudemont, pour ce principalement que messire Jean de Hossonville, sénéchal héritable de la duché de Lorraine, voulut prendre la ville de Vaudemont, sur aucune querelle qu'il se disoit y avoir. Et depuis qu'il eut failli de son entreprise, fit guerre ouverte, en boutant les feux en plusieurs lieux par ladite comté. Laquelle besogne venue à la connoissance du comte

de Vaudemont, qui étoit agenouillé, monta à cheval hâtivement, et avecque lui Forte-Epice, atout environ cent combattants; et poursuivit ses ennemis, tellement qu'il les atteignit à l'issue de son pays. Si les assaillit très vaillamment et vigoureusement; et en conclusion, les mit en desroi (désordre), jà-soit-ce qu'ils fussent bien trois cents. Si en furent morts environ quarante, et autant de prisonniers; et les autres se sauvèrent en fuyant; et fut leur étendard, gagné sur eux, porté en l'église

de Veselise.

Et tantôt après fut la guerre pleinement ouverte entre icelles parties, et allèrent les gens dudit comte courre sur leurs ennemis, lesquels furent rencontrés de messire Girard du Châtellier, et rués jus, et menés prisonniers à Mirecourt, qui est une bonne ville appartenant au duc de Lorraine. Et depuis, le dessusdit comte de Vaudemont prit ladite ville de Mirecourt, par l'aide de Floquet et de Forte-Épice. Si en rescouit (délivra ) de ses gens, et en laissa ledit Floquet capitaine; lequel bref en suivant la rendit aux Lorrains, et se retourna contre ledit comte, à la requête de La Hire. En outre, Blanchefort, Antoine de Chabannes, Chapelle, Gautier le Breton, Mathelin, et aucuns autres capitaines, atout leurs gens, menoient guerre aux Lorrains et aux Barrois, pour ledit comte de Vaudemont; lequel leur avoit baillé en garde Veselise et aucunes autres de ses places. Mais après qu'ils eurent tout dégâté le pays, ils s'en retour

nèrent et trouvèrent manière d'avoir mandement, contenant qu'ils se partissent de là et servissent lesdits Lorrains et Barrois contre icelui comte. Lequel mandement ils montrèrent à messire Hector de Flavy, qui étoit gouverneur de la dessusdite comté de Vaudemont. Et tantôt après, les capitaines dessusdits délivrèrent la dessusdite ville de Veselise à iceux Lorrains, lesquels la désolèrent ; et tantôt après, quand ils eurent gâté grand' partie des pays, tant d'un côté comme d'autre, se départirent iceux François, qu'on nommoit écorcheurs, en commun langage, et se tirèrent vers les Allemagnes.

Auquel département ils eurent très grand' finance desdites duchés de Bar et de Lorraine; et avec ce emmenèrent ôtages avec eux pour être payés du surplus; desquels ôtages en étoit l'un le fils de messire Girard du Châtellier. Durant lequel temps, le roi de Sicile envoya son fils, le marquis du Pont, âgé de neuf ans, pour entretenir le pays. Et gouvernoient pour lui l'évêque de Toul et ledit messire Girard. Et un petit par avant, un nommé Vatelin Tieulier menoit guerre au comte de Vaudemont, et avoit sa retraite en un moult fort châtel, qui étoit à son beau-père, c'est à savoir le seigneur de Hartuel, lequel le soutenoit ; et avoit fait plusieurs dommages par feu et par épée en ladite comté de Vaudemont. Pour lesquels contre-venger, ledit comte de Vaudemont, accompagné de son neveu le comte de Blamont, le seigneur de Commercy et Forte-Épice, avecque le nombre de quatre cents

combattants ou environ, alla devant ladite forteresse, et la prit par force d'assaut, et ledit chevalier dedans. Mais incontinent, lesdits Lorrains vinrent à grand' puissance pour bailler secours et aide à icelui chevalier, lesquels, voyant que sa place étoit prise, et leurs adversaires dedans, se retrahirent, et firent derechef moult grand' assemblée de gens pour mettre le siége devant Moûtier-sur-Saux. Et pource que messire Hector de Flavi avoit fait ardoir la ville, où ils se cuidoient bouter et loger, s'en retournèrent en leurs marches. Ainsi, et par cette manière, se détruisoient icelles deux parties.

FIN DU SIXIÈME VOLUME.

« AnteriorContinuar »