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ment, à leur samblant. Et pour ce fu osté de ladicte prevosté de Paris, et y fu mis en son lieu Le Borgne de La Heuse, et depuis messire Morelet de St-Cler, maistre d'ostel de l'ostel du Roy. Et depuis ne demoura mie longuement que ceulx de Paris n'alassent abactre l'ostel de Vicestre, affin que nulle garnison de gens d'ar mes n'y fust mise. Car elle leur estoit trop près voisine,

En cellan y eubt pluiseurs envyes et divisions à Paris entre ceulx qui estoient commis et ordonnés pour conseiller le Roy et gouverner le royaume de France. Et ne se povoient accorder ensamble, pour ce que les ungs estoient tenans le party de Berry et Orléans, et les autres estoient tenans le party de Bourgoigne, et voloit chascuns avoir la dominacion, et ne pot la chose longuement durer en ce point. Car ceulx qui tenoient le party de Berry et d'Orléans escripsoient devers leurs seigneurz et maistres, toute l'ordonnance et manière des gens dudit consseil tenans le party de Bourgoigne. Et firent tant que ledit d'Orléans escripsi pluiseurs lectres moult injurieuses et diffamatoires, donnans très grandes charges de deshonneur sur pluiseurs chevaliers et gens de conseil estans devers le Roy et ledit duc de Ghienne, son filz, lesquelx chevalliers et conseilliers tenoient le party du duc de Bourgoigne. Et adréchoient icelles lectres en pluiseurs lieux et à diverses personnes, comme au Roy, et à la roynne de France, laquelle se tenoit lors entre Paris et St-Denis, sur la costière de la place du Lendit, en ung hostel que on appelle Saint-Awain1 au duc de Guyenne, leur filz, à l'Université de Paris, à le chambre de Parlement et à le Chambre des comptes. Desquelles lectres les coppies furent envoiées devers le duc de Bourgoigne en son pais de Flandres, pour ce qu'elles touchoient grandement son honneur et de pluiseurs de ses gens, dont aucuns estoient en icelles nommez par noms et sournoms. Sur quoy le duc de Bourgoigne fu conseilliés de garder son honneur et de escripre devers le Roy, la Royne, duc de Guienne et tous les autres ausquelz ledit d'Orléans avoit escript. Ainsi fist le duc de Bourgoigne faire lectres, reprenans les poins escrips par ses adversaires et respondant à chascun d'iceulx en desmentent ledit duc d'Orléans de ce que il avoit dit et escript en pluiseurs lieux de ses dictes lectres maisement et faussement contre vérité, ledit de Bourgoigne soutenant les preudommes que

A C'est Saint-Ouen.

il avoit laissiés emprès le Roy bons et loiaulx serviteurs envers icelui et sa couronne, et pluiseurs autres choses, donnans grans charges de desloiaulté sur aucuns dénommés en sesdictes lectres estans devers icelui Roy de par ledit duc d'Orléans, lesquelx il disoit non estre dignes d'estre conseilliers d'iceluy Roy. Et par ces lectres et divisions recommença la guerre moult grande moiennant la rachine de rancune et de hainne qui estoit ès cuers desdiz seigneurs ainsi qu'il apparu depuis par pluiseurs foix et par grant tamps. Et toutesfois demourèrent à ceste foix ceulx du party de Bourgoigne les plus puissans devers le Roy et ledit duc de Guienne, et ossy les amoit le Roy le mieulx entour luy, en santé et en maladie, et moult souvent demandoit où estoit son cousin de Bourgoigne et le désiroit moult à veir, et toute sa vie demoura en icelle voulenté quelque chose que on lui feist depuis faire. Eɩ estoit lors chancellier dudit duc de Guienne, messire Jehan de Nielles, seigneur d'Ollehaing.

L'AN MIL IIII XI.

Environ le moix de juing, assambla le duc d'Orléans une grant compaignie de gens d'armes, et se party de son pais en intencion de entrer à Paris et de çachier et débouter tous ceulx qui tenoient le party de Bourgoigne, et au surplus gouverner le royaume à son plaisir. Et arriva à Saint-Denis, et fist tant que la tour de SaintClau luy fu livrée par Collinet de Puiseux, chevalier, qui en estoit cappitaine. Lequel en fu depuis décolez et esquartelés comme traictre és halles de Paris, et les quartiers pendus à quatre chemins hors des portes dudit lieu de Paris. Et fu lors messire Manssart du Bos commis cappitaine de Saint-Clau par ledit duc d'Orléans, et messire Cluignet de Brabant fu commis de aller à Ham en Vermendois, à grant puissance de gens, pour tenir frontière sur les marches de Picardie. Et ainsi commancha à faire forte gherre entour Paris. Mais ce non obstant il ne post tant faire que il entrast dedens ladicte ville de Paris. En laquelle estoient Enguerran de Bournonville et pluiseurs autres, avoec ledit Pierre de Navarre. Lesquelx mandèrent le conte de Nevers, qui estoit le plus prochain d'eulx, et il arriva à belle compaignie de ses gens et leur aida à

garder ladicte ville jusques à la venure du duc de Bourgoigne, son frère, lequel estoit jà mandé par trois ou quattre manières de lectres escriptes de par le Roy, qui le mandoit aller à Paris pardevers luy à toute la puissance que il porroit finer pour faire vuidier ledit duc d'Orléans et ses complices, lesquelx le Roy par sesdictes lectres réputoit pour ses anemis et adversaires, enfraudeurs de paix, lesquelx, contre sa volenté, avoient mis gens d'armes en des villes et forteresses en plusieurs lieux, dont il estoit très mal content. En commandant audit duc de Bourgoigne que sur toute la féaulté, amour et service qu'il lui devoit, il ne feist faulte de se secourir à ce besoing. Et pour tant que ledit duc d'Orléans ne polt entrer à Paris, il s'en retourna en son pais et laissa ses gens en garnison en plusieurs villes et forteresses en ce royaume, environ Paris et ès marches de Picardie. Et luy retourné à Gergeau, fist mander deffiances audit duc de Bourgoigne. Desquelles deffiançes la teneur et coppie s'enssieult.

Coppie des lectres de deffiances du duc d'Orléans et de ses frères à l'encontre du duc de Bourgoigne.

Charles, duc d'Orléans et de Valoix, conte de Bloix et de Beaumont et sire de Couchy, Philippe, conte de Vertus, et Jehan, conte d'Angoulesme. A toy Jehan, qui te dis duc de Bourgoigne. Pour le très horrible murdre par toy fait en grant trayson et aghès apenset par murdre et affaitties en la personne de nostre très chier seigneur et père mons. Loys, duc d'Orléans, et frère germain de monseigneur le Roy, nostre très souverain seigneur et le tien, non obstant pluiseurs sermens et compaignies d'armes que tu avoies à

lui, et pour les grans desloiaultés, traysons et deshonneurs et mau

vaistés que tu as perpétrés contre nostredit seigneur le Roy et contre nous en pluiseurs manières, te faisons savoir que de ceste heure en avant nous te nuirons de toute nostre puissance par toutes les manières que nous porrons, et contre toy et ta desloiaulté et traison nous y appellons Dieu et raison en nostre aide, et de tous les preudommes du royaume. En tesmoing de vérité nous avons fait séeller ces présentes lectres du séel de moy Charles dessus nommé. Donné à Jerguau, le xvi jour de juillet, l'an de grace mil

I et XI..

Rescripcion et response par monseigneur le duc de Bourgoigne contenans deffiances sur les lectres et deffiances à lui dudict duc d'Orléans envoyez.

Jehan, duc de Bourgoigne, conte de Flandres, d'Artoix et de Bourgoigne, Palatin, seigneur de Salins et de Malines. A toy Charles, qui te dis duc d'Orléans, à toy Philippe, qui te dis conte de Vertus, et à toy Jehan, qui te dis conte d'Angoulesme, qui naguères nous avez escript lectres de deffiances, faisons savoir et voulons que chastun sache, que pour abattre les très horribles traisons par très grant mauvaistiés et aghais appensés conspirées et machinées et faictes félonnement à l'encontre de monseigneur le Roy, nostre très redoubté et souverain seigneur et le vostre, et contre sa très noble généracion par feu Loys, vostre père, faulx et desloial traictre en pluiseurs et diverses manières, et pour garder ledit vostre père, faulx et desloial traictre, de parvenir à la fine exécucion détestable à laquelle il a contendu contre nostre très redoubté seigneur et le sien, et aussi contre sadicte généracion, si faussement et nottoirement que nul preudomme ne le devoit plus laisser vivre. Et meismement, nous qui sommes cousin germain de mondit seigneur, doyen des pers et deux foix pers, et plus estrains à lui et à sadicte généracion que aultre quelconque de leurs parens et subgès, ne deusmes ung si faulx et desloial cayen et félon traictre laissier sur terre plus longuement, que ce ne fust à nostre très grant charge, avons pour nous acquicter loialment et faire nostre devoir envers nostre très-redoubté et souverain seigneur et sadicte généracion, fait morir comme il devoit ledit faulx et desloial traictre. Et en ce avons fait plaisir à Dieu, service loial à nostre très redoubté et souverain seigneur et exécuté raison. Et pour ce que toy et tesdis frères ensievez la trache fausse, desloiale et félonne de vostredit père, cuidans venir aux dampnables et desloiaulx fais à quoy il contendoit, avons très grande liesse au cuer desdictes deffiances. Mais du surplus contenu en icelles, toy et tesdiz frères avez mentis et mentez faussement, maisement et desloiaument, comme faulx, mauvaix et desloiaulx traictres que vous estes. Dont à l'aide de Nostre Seigneur, qui sçet et congnoist la très entière et parfaicte loiaulté, amour et vraie intencion que toujours avons eu et aurons tant que vivrons, à mondit seigneur le Roy, sadicte géné racion, au bien de son peuple de tout son royaume, vous ferons

venir à la fin et pugnicion tèle que telz faulx mauvais et desloiaulx traictres, rebelles et désobéissans et félons comme toy et tesdiz frères estes, doivent venir pour raison. En tesmoing de ce,

nous, etc.

Au commandement du roy de France, assambla le duc de Bourgoigne toute la puissance de gens d'armes que il polt finir en Flandres et en Picardie, et manda le duc de Brabant, son frère, à venir en sa compaignie. Et en oultre fist requeste aux quattre membres de sondit pais de Flandres que ilz lui volsissent aidier et livrer les communes de sondit pais de Flandres, affin de secourir le Roy, son souverain seigneur et le leur, lequel par ses lectres, que il leur monstra, l'avoit si expressément mandé, comme dit est. Lesquelles lectres furent publiées en pluiseurs villes de Flandres, et leur pardonnoit le Roy par sesdictes lectres tout ce qu'ilz feroient en ce dit voiage contre l'entreprise de sesdiz anemis. Par quoy ilz accordèrent à leur seigneur de luy servir en ce dit voiage à toute leur puissance, moiennant ce que il leur promist de demourer et estre avec eulx, et ossy de les ramener jusques en son pais d'Artoix.

Au moix d'aoust se mirent sus les communes du pais de Flandres à grant puissance. Et environ la my-aoust partirent dudit pais en belle ordonnance, et menèrent avoec eulx pluiseurs ribaudequins et grand carroy. Et arrivèrent en Artoix, en la compaignie du duc de Bourgoigne, leur seigneur naturel. Lequel avoit illec assemblez ses gentilz hommes et gens d'armes de cheval. Et y estoit le duc de Brabant, à belle compaignie de gens d'armes de cheval. Et ainsi partirent ensamble pour aller mectre siége devant la ville de Hem. Et en ce tamps avoit, ledit duc de Bourgoigne, mandé en Engleterre grant faison d'archiers, mais ils ne furent mie si tost prest que fut ledit duc. Et par tant s'en ala, à toute celle puissance, devant la ville de Hem, et là se loga son ost pour la nuitié, sans le avironner tout autour. Et fu son ost nombrée à LXVI mille combattans, XXIIII mille charios, sans nombre de varlès et charetons.

Quant Cluignet de Brabant apperchut la grant puissance du duc de Bourgoigne, il se party par nuit hastivement et secrètement, ainchois que la ville fust avironnée et enclose, et habandonna ladicte ville, et emmena ses gens avoec lui et grand plenté de peu

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