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gnié de chevaliers et escuiers, alla audit lieu d'Amiens à la journée sur ce assignée, et y trouva son oncle et son cousin dessus nommés, avoec lesquelx il tint conseil, et parlementa tant, que par iceulx fu conclud que à certain jour après ensievant, icelui duc de Bourgogne yroit à Paris pour faire propposer les causes et tout ce qui l'avoit meu pour quoy il avoit fait occire le duc d'Orléans, frère du roy de France, et son proppre cousin germain. Et après ceste conclusion par eulx prinse, s'en retournèrent les seigneurs dessus nommez à Paris, et le duc de Bourgongne en Artoix et en Flandres, où il fist son mandement moult grant pour avoir ses chevaliers et escuiers en grant puissance pour aller à Paris au mois de march ensievant.

Au mois de march, party le duc de Bourgongne de ses pais de Flandres et d'Artoix, et s'en alla à Paris noblement et grandement accompaignié. Et lui arrivé audit lieu, se loga en son hostel d'Artoix et ses gens tout entour de luy. Et fist barrer les rues d'entour son hostel affin qu'il ne fust souspris en sondit hostel. Et en l'hostel du roy de France à Saint-Pol, fist ledit de Bourgongne proposer par maistre Jehan Petit, docteur en théologie, la juste et bonne intencion qu'il avait eu à faire occire le duc d'Orléans. Et fu faicte ladicte proposicion en la présence du duc Loys de Guyenne, ainsné fils du Roy de France, du roy Loys de Sézille, du cardinal de Bar, fils au duc de Bar, des ducqs de Berry, de Bretagne, de Bar et de Lorraine, et de pluiseurs autres princes, barons, prélats, clercs et docteurs de l'Université de Paris, et d'autres manières de gens de tous estats. Et dura celle proposicion bien quattre heures ou environ. Après laquelle proposicion s'en retourna le duc de Bourgogne en sesdis pais d'Artoix et de Flandres, esquelx il séjourna jusques après aoust, mais ainchois que il partesist dudit lieu de Paris, il eubt sa paix au Roy par lectres séellées de son grand seel. Desquelles la teneur s'ensieut.

Coppie des lectres du roy Charles de France sur le fait du pardon de la mort du duc d'Orléans.

Charles, par la grace de Dieu roy de France, à tous ceux qui ces lectres verront, salut. Comme après le cas advenu de la mort nostre très chier et très-amé frère le duc d'Orléans, que Dieu absoille, nostre très chier et très amé cousin le duc de Bourgogne,

doubtant que par le rapport d'aucuns ses malvueillans nous euissons prins aucune desplaisance de à l'encontre de luy pour occasion dudit cas, nous eubt fait supplier qu'il nous pleust oir en nostre personne, se faire se povoit, ou commectre aucuns prochains de notre sang à oir ses justificacions pour ledit cas, et ad ce faire, pour aucuns empeschemens que nous aviens, eussiens commis nostre très cher et très amé fil ainsné le duc de Guienne, Daufin de Vienne, et noz très chiers et très amez cousins et oncles le roy de Jhérusalem et de Sésille, et le duc de Berry, en la présence desquelx, pour ce assamblez en notre hostel de Saint-Pol à Paris, appelez et estant devers eulx plusieurs autres de nostre sang et grant nombre de gens, tant de nostre Grant Conseil comme de nostre Parlement et de nostre Chambre des Comptes, et grant multitude de gens tant nobles comme autres, tant de nostre aisnée fille l'Université de l'estude de nostre dicte ville de Paris, comme des bourgeois et autres d'icelle ville. Et d'ailleurs nostre dit cousin de Bourgongne ait fait dire et proposer publicquement pluiseurs cas touchans sesdictes justificacions, en réservant aucuns à dire en temps et en lieu. Et entre les autres ait fait dire et proposer, qu'il est, par le gré Notre Seigneur, extrait de notre sang et nacion de France, et si prochain de nostre lignage comme nostre cousin germain en ligne masle, c'est assavoir fils de feu nostre très-cher et très-amé oncle le duc de Bourgoingne, que Dieu pardoinst, qui tout son vivant ama si loiaument nous, nostre généracion, nostre royaume et aliance. Nous pour les mariages de nostredit fils de Ghienne et nostre très cher et très-amé fille la duchesse de Ghienne, fille ainsnée de nostredit cousin de Bourgoingne, et de nostre très chière et très amée fille, Michielle de France à nostre très-chier et très-amé fil, le conte de Charoloix, fil seul héritier de icelui nostre cousin, et que il a et tient en nostre royaume si belles et notables seignouries comme la duché de Bourgongne, la conté de Flandres et la conté d'Artoix; est per de France et doyen des pers, nostre homme liege et vassal, et à ces causes il est tenu de entendre en toutes manières à lui possibles à la préservacion et conservation de nostre personne, de nostre lignée, et à l'onneur et bien de nostre royaume. Et pour ce qu'il avoit percheu et apperchevoit et estoit plainement acartainéet informé, si comme il fist dire et proposer, que nostredit frère avoit machiné et machinoit de jour en jour à la mort et expiracion

de nous et de nostre généracion, et tendoit par pluiseurs voies et moiens à parvenir à la couronne et seignourie de nostredit royaume, il, pour la seureté et préservacion de nous et de nostredite lignée, pour le bien et utilité de nostredit royaume, et pour garder envers nous la foy et loiaulté en quoy il nous est tenus, avoit fait mectre hors de ce monde nostredit frère. En nous suppliant que, se par le rapport d'aucuns de ses malvueillans ou autrement nous avons prins aucune desplaisance contre luy pour la cause dudit cas advenu en la personne de nostredit frère, nous, considérées lesdictes causes pour lesquelles il avoit fait faire et vaulsissons oster de nostre corage toute desplaisance que par ledit rapport ou autrement porions avoir eu au regard de luy pour occasion dudit cas, et le avoir et tenir en nostre et singulière amour comme nous faisions par avant. Et aussi ordonner que il et ses successeurs soient et demeurent paisibles dudit fait et de tout ce qui s'en est ensievy. Et depuis encores nostredit cousin le duc de Bourgongne nous ait fait faire en sa présence samblable requeste et supplicacion tendans à ceste fin, présens ad ce nostredit ainsné fils, nosdis cousins et oncles et pluiseurs autres de nostredit sang et de nostredit conseil et autres pluiseurs. Savoir faisons que nous, considéré la ferme et loial amour et bonne affection que nostredit cousin a eu et a à nous et nostredicte lignée, et espérons qu'il aura toujours ou tamps advenir, avons osté et ostons de nostre corage toute desplaisance que pour le rapport d'aucuns mal vueillants de nostredit cousin ou autrement porions avoir eu envers luy pour occasion de choses dessusdictes. Et voullons que iceluy, nostre cousin de Bourgongne, soit et demeure en nostre singulière amour comme il estoit par avant. Et en oultre, de nostre certaine science voulons et nous plaist par ces présentes que nostredit cousin de Bourgongne, ses hoirs et successeurs soient et demeurent paisibles envers nous et nos successeurs dudit fait et cas et de tout ce qui s'en est ensievy sans que par nous, nosdis successeurs, nos gens et officiers ou les gens et officiers d'iceulx noz successeurs, pour cause de ce leur soit donné ou puissist leur être donné mal ne aucun empeschement, hores ne pour le tamps advenir. En tesmoing de ce nous avons fait mettre notre séel à ces présentes lectres données à Paris le IXe jour de mars, l'an de grace mil IIII et VII, le XXVIII de nostre règne. Ainsi signé : Par le Roy, présens le roy de Sézille, messeigneurs les ducqs de

Ghienne, de Berry, de Bretaingne et de Lorraine, et les contes de Mortaing, de Nevers et de Vaudemont, messire Jacque de Bourbon, l'archevesque de Sens, l'évesque de Poictiers, le conte de Tancarville et le Grant maistre d'ostel, le sire d'Armont, le sire de Divery, le sire de Dampiere, le Galoix d'Aunoy et pluiseurs autres, etc.

L'AN MIL IIIIe VII (bis).

En cel an fu moult grant yver de gellées et de nesges, lesquelles durèrent plus de trois mois entiers, et au dégeller furent les yauues si grandes que les pons en pluiseurs lieux, tant à Paris. comme ailleurs, furent rompus et emportés par la raideur des grans glachons qui estoient fort et espés, et ossy de l'yauue qui estoit si grande que en pluiseurs villes les gens furent asségiés en haultes loges, qui ne s'en osèrent partir jusques à ce que les yauues furent du tout escoulées et passées ; et en furent pluiseurs maisons emportées parmy les rivières.

L'AN MIL IIII VIII.

Se rebellèrent ceulx du pais de Liége contre Jehan de Bavière, leur seigneur et évesque, frère au conte de Haynau, et le cachèrent hors dudit pais de Liége, et esleurent et prirent ung aultre évesque qui estoit fils au seigneur de Perves, et le mirent de fait et de puissance en la seignorie et possession dudit pais. Et assamblèrent grant puissance de gens de communes d'iceluy pais, et allerent asségier la ville de Trect, en laquelle s'estoit retrais ledit Jehan de Bavière. Et avoient avoec eulx le seigneur de l'ervez et ses enffans, lesquelx furent leurs cappitaines.

En ce tamps se party du pais de Liége le seigneur de Hainsberghe, et s'en alla devers le conté de Haynau pour avoir secours pour ledit Jehan de Bavière, son frère, mectre hors du péril où il estoit. Et pareillement s'en alla en Flandre devers le duc de Bourgongne pour requérir ledit secours, Lesquelx deux princes lui promisrent de assambler leurs gens et de aler faire lever ledit siége. Et incontinent firent leur mandement par tous leurs pais, en

Bourgongne, Flandres, Artoix, Haynau, Hollande, Zéelande et Namur. Desquelx pais arriva moult grant chevallerie; et se trouvèrent ensamble au moix de septembre les seigneurs, barons, chevaliers et escuiers cy-après nommez. Et ledit mandement durant, envoyèrent iceulx princes, aucuns chevaliers et cappitaines pour entrer audit pais, et y concquirent deux ou trois places, ainchois que les chevaliers et barons de Bourgongne et de Savoie fussent arrivez.

Ce sont les noms des seigneurs estans en la compaignie du duc de Bourgongne au voiage de Liège.

Les contes de Maire, de Flermont et de Fribourg, messire Pierre de Navarre, messire Anthoine de Craon, le prince d'Orange, seigneur de Châlon, le seigneur de Vregey, mareschal de Bourgongne, Philippe de Harcourt, le seigneur de Saint-George, Regnier Polt, les seigneurs d'Espaigne, d'Ancre, de la Bame et de Rougemont, George de la Trimouille, le seigneur de Courcelles, Jacques de Courtramblé, Guillaume de Champdivers, Anthoine de Thoulongon, Jacques de Vienne, Guillaume de Tignonville, Gauchier de Ruppes, Guy de Pontaillier, le seigneur de Chasteauvillain, les seigneurs du Sorbon, de Dio, de Rey, de Touches, de la Ferrée, de Pompet, de Eru, de Oiselet, de Cottebrune, de Raon, de Laguice et de Jacleville, Henry et Pierre de Bauffremont, Jehan d'Aunay et Guichart Dauffin, tous chevaliers de Bourgongne et de Savoie en la plus grant partie. Les seigneurs de Croy, de Helly, de Waurin, de la Viesville, de Nuefville, de Beaufort, d'Incy, de Sampy, de Longueval, de Noyelle que on dist le Blanc chevalier, de Dours, de Raisse, de Genly, de Bours, de Beauvoir, de Miraumont, de Saint-Légier, de Mauminez, de Herbaumez, de Landas et de Roisimbos, tous chevaliers de Picardie, et Enguerran de Bourmonville, escuier dudit pais de Picardie. Messires Jehan de Ghistelle et Loys, son frère, Rollant de Uutkerke, Jehan de Bailloel, le seigneur de Roubaix, Robert et Victor de Flandres, bastars du conte Loys de Flandres, tous chevaliers de la conté de Flandres. Et si y viendront Jehan de Roye, Andrieu de Humières, Jehan de Harcourt, le chastelain de Lens, Aubert de Canny, Guillaume de Bonnyères, Jehan de Nielles, seigneur d'Alleham, et autres seigneurs tant d'un pais comme d'autre.

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