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Planche première et deuxième. - Le Calvaire; Tableau de la Galerie du Musée, par Karel Dujardin.

Au pied de la croix sur laquelle Jésus-Christ est attaché entre deux larrons, on voit d'un côté S. Jean, debout, joignant les mains; de l'autre, la Madeleine à genoux, levant les yeux au ciel. La Vierge est évanouie entre les bras des saintes femmes. Dans la multitude de personnages qui entourent le lieu du supplice, on distingue des cavaliers armés, et l'un des bourreaux, tenant une éponge au bout d'un roseau. Le ciel est couvert de nuages épais, au travers desquels percent quelques rayons du soleil prêt à s'éclipser.

Un tableau d'histoire par Karel Dujardin est une chose rare, et celui-ci est peut-être le plus beau de ce maître. Il avait quitté de bonne heure le genre historique pour s'attacher aux sujets burlesques et à l'étude des animaux et du paysage.

Les figures de ce tableau, connu sous le titre du Calvaire, ont tout au plus un pied de proportion. La couleur en est vraie et brillante, l'effet harmonieux, la touche fine et précieuse. C'est un chef-d'œuvre d'exécution, qui ne laisse à desirer que de la noblesse dans le dessin et dans les caractères.

Karel Dujardin, né à Amsterdam vers 1740, eut pour maître, selon quelques-uns, Paul Potter; selon d'autres, Nicolas Berghem. Mais il est probable qu'il fut élève de ce dernier, dont il a plus particulièrement imité la touche ferme et spirituelle. Très-jeune encore, Dujardin fit un voyage en France, retourna dans son Ire Coll. T. Compl.

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pays, et partit pour Rome, où ses études changèrent pour quelque temps d'objet. Il prit un meilleur goût, mais ne pouvant acquérir un dessin pur et correct, il se livra de nouveau à des compositions analogues à son génie particulier. On peut dire qu'il les a traitées dans une perfection inimitable. Son coloris est chaud, animé; personne n'a mieux rendu que lui le ton de la lumière du soleil.

Quelque bien payé qu'il fût de ses ouvrages, qui étaient fort recherchés, ses dépenses absorbaient le produit de son travail. Forcé, pour acquitter ses dettes pendant son séjour en France, d'épouser un femme âgée, il l'emmena à Amsterdam, la quitta pour s'en débarrasser, et retourna à Rome. Il passa depuis à Venise, où il mourut, en 1678, âgé de 38 ans.

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Mignard pina

Planche troisième. -Sainte Cécile chantant les louanges du Seigneur; Tableau de la Galerie du Musée, par Pierre Mignard.

Les figures de ce tableau sont de proportion deminature. On y trouve une composition agréable, un dessin correct, une expression douce, un pinceau suave, mais peu de nerf et de l'égalité dans les lumières. Il en existe un grand nombre de copies. L'original doit sans doute cet avantage à la grace du sujet plutôt qu'à la réputation qu'il a pu faire à l'artiste.

Le nom de More, et non de Mignard, était originairement celui de la famille du peintre. Pierre More, son aïeul, qui servait avec six de ses frères, tous officiers bien faits, dans l'armée de Henri IV, s'étant présenté avec eux devant ce prince: Ce ne sont pas là, dit-il, des Mores, ce sont des Mignards. Le nom, depuis ce tempslà, en resta dans la famille.

Mignard avait le talent d'imiter la manière de différens maîtres, et de composer des pastiches (1) où les plus habiles connaisseurs étaient trompés. Le Brun luimême, que Mignard n'aimait pas, fut complètement

(1) On nomme pastiches (de l'italien pastici) certains tableaux qu'on ne peut appeler ni originaux ni copies, mais qui sont fait dans le goût et la manière d'autres peintres. Plusieurs ont possédé ce talent et abusé des amateurs, et même des gens de l'art. Cependant, lorsqu'on les compare avec un original, pour le dessin, les caractères, la touche ou la couleur, il est bien difficile qu'il ne s'y trouve quelque trait qui découvre la supercherie.

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