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Planche quatre-vingt-dix-neuvième.

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beaux-arts brisant le sceptre de l'ignorance; Statue de M. van Waeyenberghe.

Les allégories en peinture, en sculpture et en poésie, n'ont pas toujours la clarté et la simplicité qu'on pourrait desirer. Ou l'on n'en devine pas facilement le sujet, ou les attributs par lesquels on désigne les personnages allégoriques sont vagues, insignifians, et peuvent s'interpréter d'une manière différente par chaque personne qui les envisage. Ce n'est pas le défaut de simplicité qu'on reprochera à cette composition de van Waeyenberghe; mais peut-être trouverat-on que le génie des beaux-arts et l'action que l'artiste lui a prêtée ne sont pas indiqués avec assez de netteté et de précision. Pour que l'esprit soit satisfait, il faut bien caractériser le personnage qu'on représente, et ici on ne retrouve pas tout ce qui peut donner ce caractère particulier et distinctif. Sans doute on ne reconnaît pas au premier coup-d'œil, dans ce génie nu et sans attributs remarquables, le génie des beaux-arts: son action est indiquée, il est vrai, mais trop faiblement pour l'intelligence du sujet. Cela n'empêche pas que le génie ait de la noblesse et de la grandeur, et que son attitude soit fière et imposante.

Nous avons donné, dans le neuvième volume des Annales, , page 101, planche 47, une notice sur van Waeyenberghe, sculpteur flamand, trop tôt enlevé aux arts, qu'il honorait par ses productions estimées des connaisseurs, et à sa gloire, qu'une modestie excessive empêcha long-temps de se répandre.

Planche centième. - Chloé enlevée par les Methymniens; Dessin de M. Prud'hon.

Le capitaine alla fourrager toutes les terres des Mityléniens qui estoient prochaines du rivage de la mer, où il pilla un grand nombre de bestail, grande quantité de bleds et de vins, pour autant qu'il n'y avoit guère que les vendanges estoient achevées, et grande multitude de prisonniers, tous vignerons et laboureurs: puis alla courir aussi les terres où Daphnis et Chloé gardoient leurs bestes, et y descendit soudainement à l'impourveu, ravit et roba tout ce qu'il y trouva.

Chloé, qui estoit auprès des deux troupeaux, sitost qu'elle apperceut les courriers, se cuida saulver de vistesse, et s'en fouit dedans la caverne des nymphes. Elle fut poursuivie jusqu'au lieu mesme, là où elle feit prières aux soldats, en l'honneur des nymphes, de ne vouloir point faire de desplaisir, ne à elle, ne à ses bestes. Toutefois sa prière n'eust point de lieu; car les soldats de Méthymne, après avoir faict plusieurs vilenies par dérision aux images des nymphes, l'emmenèrent elle et ses bestes, en la chassant devant eux à touts de l'osier, comme on feroit une chèvre où une brebis, et voyant qu'ils avoient jà leurs vaisseaux tout pleins de toute sorte de butin, ne voulurent plus tirer oultre, ains reprindrent la route de leurs maisons, craignant l'incertitude de l'hiver et leurs ennemis. Ainsi se retirèrent les Methymniens, à force de ramer, pour ce que le temps fut si calme, qu'il ne tiroit ne vent ne haleine quelconque.

Daphnis et Chloé, livre second.

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