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ouvrage son supplément (15) i en publia plusieurs tirés de différens cabinets, et parmi lesquels il y en a de très-importans par la beauté des peintures et la singularité des sujets. Les gravures de ces ouvrages sont utiles. mais elles ont été faites avec peu de goût, et on peut leur reprocher beaucoup d'inexactitudes.

à ce genre de monumens; mais dans

V. Les auteurs que je viens de citer re gardoient les vases peints comme étrusques,

(15) Supplément au livre de l'Antiquité expliquée, t. III, qui comprend les habits et les usages de la vie; Paris, 1757, in-fol. Les vases peints sont figurés en deux planches, sous le nom de vases étrusques; il y en a du cabinet de l'abbaye SaintGermain, qui selon Montfaucon, en possédoit onze. Les dessins des autres lui ont été envoyés par le cardinal Gualteri; quelques uns sont magnifiques. Les gravures de plusieurs ont été reproduites depuis par d'Hancarville et Passeri; il est certain que les planches de Montfaucon sont assez mal exécutées, mais elles sont précieuses, parce que plusieurs représentent de très-beaux vases dont on ne trouve pas d'autres gravures. Les vases du cardinal Gualteri avoient passé dans la galerie du Vatican ils font aujourd'hui l'ornement de la magnifique galerie des tableaux au Musée Napoléon ; quelques-uns de ces vases ont été reproduits dans. notre collection, parce qu'ils avoient été figurés d'une manière tout-à-fait inexacte. Voyez t. I, pl. XVI-XVI, et t. II, pl. XXXVII-XL.

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et pensoient pouvoir y trouver des détails propres à expliquer les moeurs, les usages, et même l'histoire de l'ancienne Etrurie. Winkelmann fut le premier à reconnoître (16) que ce genre de monumens n'étoit pas particulier aux Etrusques (17): la fausse dé

(16) Hist. de l'Art, L. III, chap. III, §. 2. Il dit la même chose à la page 34 du traité préliminaire de ses Monumenti antichi inediti, Roma, 1769, qui parurent dans le même temps que les ouvrages que je viens de citer. Il y donne l'explication de plusieurs beaux vases; mais ils y sont gravés avec peu de fidélité, ainsi qu'on peut s'en convaincre en comparant ses n.o 131 et 143 avec nos planches tome I, pl. XIV-XVI, et tome II, pl. XXXVII-XL.

(17) Vers la fin du quinzième siècle on a attribué aux Etrusques des ouvrages apocryphes, à l'autorité desquels bien des gens ont encore de la peine à renoncer. Dans le dix-septième siècle, et aussi dans la plus grande partie du dix-huitième, ç'a été une mode générale de faire dériver tout des Etrusques; Gori et Guarnacci ont surtout abusé ? de ce penchant que l'abbe GUASCO, delle ornatrici XXI, p. 75, appelle étruscomanie. Toutes les figures dont les traits avoient de la roideur, les vêtemens de longs plis droits, les cheveux de longues tresses, telles que les divinités de l'autel du Musée Capitolin, IV, pl. XXII, et des basreliefs des Musées Albani et Borghèse, WINKELMANN, Monum., n.o 5, 6, étoient regardées comme étrusques on avoit tellement étendu cette idée que Ficorini a été jusqu'à dire que le Laocoon et

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nomination qu'on leur avoit donnée venoit, disoit-il, de ce qu'on avoit suivi, sans examen, les idées de Buonarroti et de Gori, qui avoient les premiers parlé de ces vases: ces antiquaires toscans avoient facilement adopte une opinion qui leur paroissoit donner plus d'illustration à leur pays. Malgré l'opposition de Winkelmann, ces vases conservèrent le nom de vases étrusques opinion produisit pourtant quelque sensation; car lorsque d'Hancarville publia la première collection d'Hamilton (18), il donna à son

son

la Niobé étoient des ouvrages Etrusques. Voyez GUARNACCI, Orig. Ital., II, 333. Les monnoies fondues et non battues, ou sur lesquelles il y avoit des figures, telles que celles que je viens de décrire, étoient au si nommées étrusques. Il n'est donc pas étonnant que cette dénomination ait d'abord été donnée aux vases peints.

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(18) Le chevalier Hamilton avoit été nommé ministre près de la cour de Naples, il y forma une collection considérable de vases peints; d'Hancarville, qui étoit alors en Italie, lui proposa de la publier, et la fit en effet paroître sous ce titre : Antiquités étrusques, grecques et romaines, tirées du cabinet de M. Hamilton, envoyé extraordinaire et plenipotentiaire de S. M. Britannique à la cour de Naples; 1766-1767, 4 vol. in-fol. Ce recueil ne devoit d'abord contenir que les vases de la collection qui est indiquée dans le titre, mais d'Hancarville y a ensuite ajouté beaucoup d'autres vases qui n'appartiennent pas à la collection d'Hamilton, Tome I. Janvier 1811.

ouvrage le titre d'Antiquités étrusques et greoques, titre ambigu par lequel il prou

et qui sont tirés du Vatican et d'autres cabinets de Rome, de la galerie de Florence, des cabinets du prince Biscari à Catane, du comte Peralta, de l'avocat Porcinari et de Mastrillo en Sicile.

Cet ouvrage est le plus splendide qui eût paru alors sur ce sujet, chaque volume contient cent trente planches coloriées; sa magnificence l'a fait rechercher par tous ceux qui aiment les éditions de luxe, et on le trouve dans toutes les grandes bibliothèques. C'est lui qui a le plus répandu le goût des vases peints, et qui a fait introduire dans tous les arts la mode des ornemens appelés étrusques : il est cause que les artistes, et même les artisans, ont fait plus d'attention aux formes antiques, et qu'ils les ont fait entrer dans les meubles, les ustensiles, et les vêtemens. On ne peut donc nier l'heureuse influence qu'a eue cet ouvrage sur l'amélioration des formes et des ornemens de tous les objets d'agrément et de goût. Malgré cet éloge qu'il mérite, si on l'examine avec attention, on ne peut s'empêcher d'y reconnoître des défauts essentiels : il y a des peintures dans lesquelles le style particulier aux vases a été parfaitement conservé, mais d'autres où l'auteur a plutôt cherché à offrir des figures agréables que des représentations fidèles. Ses planches sont trèssouvent encadrées dans des ornemens qui non-seulement n'appartiennent pas aux vases qu'ils entourent, mais qui même ne se trouvent jamais sur les vases. Voyez t. II, pl. XCVII, CVI, CXVI, CXXI, CXXIX, etc. Il employe aussi quelquefois des couleurs qui changent ses monochromes en de vé

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voit qu'il n'osoit ni se déclarer pour la nouvelle opinion, ni abandonner tout-à-fait

ritables polychromes ou tableaux nuancés de différentes teintes; je citerai pour exemples les trois Gráces du tome II, pl. XCIV, qui ont l'air d'un tableau de Boucher: voyez aussi tome I, pl. LV, LVI; t. IV, pl. LXXI, LXXXI, etc. Il néglige souvent des détails importans ou il les rend d'une manière très-infidèle, comme on peut le voir par la comparaison du beau vase qui représente l'histoire de Persée et d'Andromède, tome IV, pl. CXXVI, que nous avons reproduit, Peintures de Vases, t. II, pl. III et IV, ainsi que ceux des planches tome III, 49, IV, 59, de d'Hancarville: voyez Peintures de Vases, t. II, pl. XVIII, XLI. Quelquefois la peinture principale est dans un volume et le revers dans un autre. Le texte est enrichi de vignettes, de fleurons, de culs-de-lampe, de lettres initales très-agréablement composés, habilement gravés, ingénieusement appliqués, et qui ajoutent beaucoup au luxe et à la beauté de l'édition; mais il traite peu de l'objet principal dont l'auteur auroit dû s'occuper, c'est-à-dire de l'histoire des monumens qu'il publie : d'Hancarville ne donne que peu d'explications des peintures des vases; il n'indique pas de quelle collection ont été tirés ceux qui n'appartiennent pas à celle d'Hamilton, et son traité n'est qu'un recueil de quelques dissertations sur l'histoire des Etrusques et sur l'histoire de l'art, dans lesquelles il recherche plutôt les conjectures extraordinaires que les idées justes, et où il se livre à des déclamations vagues et à l'effervescence d'une imagination peu réglée.

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