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LANGUE SACRÉE.

L'or et le jaune reçurent dans la langue sacrée l'acception particulière de révélation faite par le prêtre, ou de doctrine religieuse enseignée dans les temples. Ce mé tal et cette couleur représentèrent l'initiation aux mystères, ou la lumière révélée aux profanes.

Anubis est la personnification de l'initiateur égyptien; le chien lui fut consacré parce que ce dieu était le gardien de la sainte doctrine enfermée dans les sanctuaires; les monumens égyptiens le représentent avec la tête de chien, et Virgile et Ovide lui donnent le nom d'aboyeur, latrator. Sirius ou l'étoile du chien, était d'après les Perses la sentinelle du ciel et la garde des Dieux; le malade implorait son secours avant de mourir, et donnait de sa main un peu de nourriture au chien qu'on

amenait près de son lit; le chien voit, disait-on, symbole de la grande initiation aux mystères de la mort (1).

La couleur est le fil d'Ariane qui nous guide dans le labyrinthe des anciennes religions; le chien initiateur qui frappe et repousse les esprits des ténèbres, avait, d'après le Zent-Avesta, les yeux et les sourcils jaunes et les oreilles blanches et jaunes (2). L'œil jaune était l'emblème de l'intelligence éclairée par la révélation; les oreilles blanches et jaunes figuraient l'enseignement de la sainte doctrine qui est la sagesse divine révélée.

Les statues d'Anubis étaient d'or ou dorées, le nom de cette divinité, qu'on retrouve dans la langue copte, signifiait également or ou doré, Annub (3).

Anubis, comme personnification des sciences humaines, prit le nom de Thot, dont les Grecs firent Hermès et les Romains Mercure.

(1) Creuzer. Religions de l'antiquité. I, p. 358.
(2) Zent-Avesta. Vendidad Sadé, p. 332-333.
(3) Jablonski, Anubis, p. 19.

Mercure Hermanubis est l'interprète et le messager des dieux; il conduit les ombres dans les enfers; une chaîne d'or sort de sa bouche et s'attache aux oreilles de ceux qu'il veut conduire, il tient à la main une verge d'or; on le représentait la moitié du visage claire et l'autre moitié sombre, emblèmes de l'initiation et de la mort, où se reproduisait la lutte des deux principes ennemis, la lumière et les ténèbres.

L'art grec, esclave de la beauté des formes, enleva à Hermanubis son symbole caractéristique, la tête de chien, mais cet animal, séparé de la divinité, n'en conserva pas moins sa signification sacrée; le temple de Vulcain sur l'Etna, était gardé, disait-on, par des chiens. Ils attiraient les hommes vertueux par leurs caresses, et déchiraient les impies (1).

(1) Cette pureté de style se perdit sous l'influence du gnosticisme; secte qui se croyait en possession des mystères de l'antiquité, et qui rétablit une partie de ses symboles; Mercure reparaît avec la tête de chien sur les Abraxas. (Macarii Abraxas, tabula XIII et passim. Matter, Histoire du Gnosticisme, planches.)

Mercure était la divinité tutélaire des voleurs; les anciens voyaient dans cet attribut un symbole des mystères soustraits à la connaissance du vulgaire (1); les prêtres dérobaient l'or, symbole de la lumière, aux regards des profanes.

La fable des Hespérides offre une nouvelle preuve de la signification que l'on donnait à l'or dans les mystères.

« Les Hespérides, selon Hésiode, étaient << filles de la Nuit, et selon Chérécrate, de << Phorcus et de Ceto, divinités de la mer. « Junon, en se mariant avec Jupiter, lui << donna des pommiers qui portaient des « fruits d'or; ces arbres furent placés dans « le jardin des Hespérides, sous la garde <«< d'un dragon, fils de la terre selon « Pisandre, de Typhon et d'Échidne selon << Phérécyde. Ce dragon horrible avait cent << têtes. Les pommiers, sur lesquels il tenait << les yeux sans cesse ouverts, avaient une « vertu surprenante. Ce fut avec une de « ces pommes que la discorde brouilla les

(1) Illi arcanorum scientiam tribuere cupientes, furem tradiderunt esse et vafri Mercurii erexerunt statuam. (Phurnuti de Natura Deorum, p. 157. B.)

«

« trois déesses; ce fut avec le même fruit «< qu'Hippomène adoucit la fière Atalante.

Eurysthée commanda à Hercule d'aller « chercher ces pommes, Hercule s'adressa << à des nymphes qui habitaient auprès de l'Éridan, pour apprendre d'elles où <«< étaient les Hespérides : ces nymphes le « renvoyèrent à Nérée, Nérée à Prométhée << qui lui apprit ce qu'il avait à faire. Her«< cule se transporta en Mauritanie, tua le dragon, apporta les pommes d'or à Eurysthée, et accomplit ainsi le douzième « de ses travaux (1). »

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Les pommes d'or sont les fruits de l'intelligence qui naissent de l'amour de Dieu; Junon les offre à Jupiter en s'unissant à lui; ils sont gardés dans le jardin des Hespérides, filles des divinités marines, c'està-dire dans le sanctuaire des temples, et confiés aux initiés, enfans des eaux ou du baptême. Le dragon, fils des ténèbres, de Typhon ou de la Terre, est l'emblème des vices et des passions humaines qui ne permettent pas aux profanes de goûter de ces

(1) Noël. Dictionnaire de la fable.

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