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par des prêtres ou flamines couverts de voiles blancs, et la main enveloppée d'un drap blanc. Les mains unies étaient l'emblème de la foi, comme on le remarque sur les monumens antiques.

L'origine de cette divinité ne peut paraître douteuse, en considérant la marche progressive de la dégradation religieuse dans le dieu Fidius, le dieu des contrats, né de la prostitution d'une danseuse avec un prêtre de Mars Enyalius.

La vérité humaine, divinisée par les Grecs et les Romains, eut également des vêtemens blancs (1).

En descendant un degré de plus dans l'histoire de la symbolique des couleurs, on retrouve dans les langues populaires les vestiges des langues divine et sacrée.

Le mot grec leukos signifie blanc, heureux, agréable, gai; Jupiter avait le surnom de Leuceus; en latin, candidus, blanc, candide et heureux. Les Romains notaient les jours fastes avec de la craie et les né

(1) Philostrat. in Amphiarao.

fastes avec du charbon (1). Le mot candidat a la même origine. Celui qui briguait les faveurs populaires portait, à Rome, la robe blanche ou blanchie avec de la craie.

Dans la langue allemande, nous trouvons les mots weiss, blanc, et wissen, savoir; ich weiss, je sais ; en Anglais white, blanc, et wit, esprit, wity, spirituel, wisdom, sagesse. Les druides étaient les hommes blancs, sages et savans.

Ces étymologies se confirment par la signification populaire de la couleur blanche; les Maures désignaient par cet emblème la pureté, la sincérité, l'innocence, l'indifférence, la simplicité, la candeur; appliqué à la femme, il prenait l'acception de chasteté; à la jeune fille, virginité; au juge, intégrité; au riche, humilité (2).

(1) Perse, satire V. Horace, etc.

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(2) Gassier Histoire de la chevalerie française, p. 351-352. Les Chinois attribuent également le blanc à la justice. (Visdelou, Notice sur l'Y-King à la suite du Chou-King, p. 428.)

Le blason, empruntant ce catalogue, établit que, dans les armoiries, l'argent dénoterait la blancheur, la pureté, l'espérance, la vérité et l'innocence; l'hermine, qui fut d'abord toute blanche, était l'emblème de la pureté et de la chasteté immaculée (1); et nous tenons, dit Lamothe-leVayer(2), la blancheur de nos lis, de même que celle de nos écharpes et de la cornette royale, pour un symbole de pureté aussi bien que de franchise. Le blanc représentait la chasteté immaculée, il fut consacré à la Vierge; ses autels sont blancs, les ornemens du prêtre qui officie sont blancs comme au jour de sa fête le clergé est en blanc.

Les traditions populaires et les anciennes légendes offriraient une ample moisson à nos recherches; je me bornerai à expliquer le sens caché de quelques pierres fabuleuses ou symboliques.

La Bible offre ici le type de la langue des couleurs dans toute sa pureté. Jésus

(1) Anselme, Palais de l'honneur, p. 11 et 12. La Colombière, Science héroïque, p. 34.

(a) Opuscules, p. 227, éd. de Paris, 1647.

dit, dans l'Apocalypse: Je donnerai au victorieux une pierre blanche sur laquelle sera écrit un nom nouveau, que nul ne connaît que celui qui le reçoit (1). La pierre blanche est l'emblème des vérités unies au bien et confirmées par les œuvres (2). Dans les suffrages confirmatifs, les anciens donnaient des cailloux blancs. Le nom indique la qualité de la chose, un nom nouveau est une qualité de bien qui n'existait pas encore.

Les vertus merveilleuses que l'antiquité attribuait à certaines pierres précieuses s'expliquent par le même principe.

Le diamant, disait la superstition, calme la colère, entretient l'union des époux : on lui donne le nom de pierre de réconciliation (3). La sagesse, l'innocence et la foi, désignées par la blancheur et la pureté de cette pierre, apaisent la colère, en

(1) Apocalypse, II. 17.

(2) Le blanc opaque indique le troisième degré, qui est l'uion du bien et du vrai dans l'acte. Voyez les principes.

(3) Noël, Dict. de la fable.

tretiennent l'amour conjugal et réconcilient l'homme avec Dieu. Dans la langue iconologique, le diamant est, d'après Noël, le symbole de la constance, de la force, de l'innocence et des autres vertus héroïques.

Les contes populaires ajoutaient que les diamans en engendraient d'autres. Rueus prétend qu'une princesse de Luxembourg en possédait une famille héréditaire. Ne reconnaît-on pas ici la sagesse transmise par les ancêtres et engendrant toutes les

vertus.

Saint Épiphane écrit que le souverain pontife d'Israël portait un diamant lorsqu'il entrait dans le sanctuaire, aux trois grandes fêtes de l'année. Cette pierre brillait de l'éclat de la neige en annonçant un évènement heureux; elle paraissait d'un rouge de sang à l'approche de la guerre, et noire quand un deuil général était proche (1). On retrouve ici la tradition altérée sur l'urim et le thumim, qui manifestaient

(1) S. Epiphanius de XII gemmis.

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