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rapporte que les druides portaient des vêtemens blancs et sacrifiaient des bœufs de cette couleur (1).

Enfin les peintures chrétiennes du moyen-âge représentent l'Éternel drapé de blanc, ainsi que Jésus-Chrit après la résurrection (2). Le chef de l'Église romaine, le pape porte sur la terre la livrée de Dieu.

Dans la langue sacrée de la Bible, les vêtemens blancs sont les symboles de la régénération des ames et la récompense des élus; celui qui vaincra, dit l'Apocalypse, sera vêtu de blanc, et je n'effacerai point son nom du livre de vie; le royaume du ciel appartient à ceux qui ont lavé et blanchi leurs robes dans le sang de l'agneau (3).

Le blanc fut consacré aux morts par toute l'antiquité et devint une couleur de deuil; les monumens de Thèbes représentent les mânes vêtus de robes blanches (4).

(1) Plinii, lib. XVI et XXIV.

(2) S. Marc, cap. XVI. 5. S. Luc, XXIV. 4. S. Jean XX. 12.

(3) Apocalypsis, cap. III, 4-5. VII, 14. XXII, 14. (4) Description de l'Égypte, planches.

D'après Hérodote, les Égyptiens ensevelissaient les morts dans des linceuls blancs (1). Cet usage se retrouve en Grèce dès la plus haute antiquité, Homère le mentionne à la mort de Patrocle(2).Pythagore en ordonne l'observation à ses disciples, comme un heureux présage d'immortalité (3). Plutarque rappelle la doctrine de ce philosophe et explique ce symbole qui se généralisa dans toute la Grèce (4).

(1) Hérod. lib. II. cap. 81.

(2) Iliad. Z.

(3) Jamblichus de vita Pythag. Num CLV.

(4) Pourquoi, dit-il dans la traduction d'Amyot, est-ce que les femmes en deuil portent des robes blanches et la coiffure blanche aussi? est-ce pour s'opposer à l'enfer et aux ténèbres qu'elles se conforment ainsi à la couleur claire et reluisante? ou bien pour ce que comme ils revettent et ensevelissent le corps du mort de draps blancs, ils estiment que ses proches parens doivent aussi porter sa livrée, et parent le corps ainsi, parce qu'ils ne peuvent accoutrer l'ame, laquelle ils veulent accompagner luisante et nette, comme celle qui déŝormais est à déliure, et qui a parachevé le grand et fascheux combat..... Par quoi il n'y a que le blanc qui soit tout pur, non mixtionné, ni souillé d'aucune teinture, sans qu'on le puisse imiter, et pourtant plus propre et convevenable à ceux que l'on enterre, attendu que le mort est

Pausanias observa la même coutume chez les Messéniens; ils ensevelissaient les principaux personnages dans des vêtemens blancs et couronnés (1). Ce double symbole indiquait le triomphe de l'ame sur l'empire des ténèbres.

Les Hébreux avaient le même usage (2); l'évangéliste Matthieu dit que Joseph, ayant pris le corps du Seigneur, l'enveloppa dans un linceul blanc (3). L'exemple offert par la Divinité devint la loi de tous les chétiens: le poète Prudence en constate l'existence dans un de ses hymnes, et elle n'a point varié jusqu'à nos jours.

L'initiation ou la régénération de l'ame commençait par une image de la mort; les mystes étaient vêtus de blanc, et les néo

devenu simple, pur, exempt de toute mixtion, et du corps, qui n'est autre chose qu'une tache et souillure que l'on ne peut effacer. En la ville d'Argos semblable. ment, quand ils portent le deuil, ils revestent des robes blanches, comme dit Socrate, lavées en eau claire. (Plutarque, les demandes des choses romaines, p. 269 ed. in-folio.)

(1) Pausanias, in Messen. lib. IV. (2) Buxtorf Scol. jud. cap. XLIX. (3) Matth. cap. XXVII, 59.

phytes de la primitive Église portaient la robe blanche pendant huit jours (1). Les jeunes filles catéchumènes la portent encore aujourd'hui, et dans les obsèques des vierges les tentures blanches témoignent de leur innocence et de leur initiation céleste.

Il est inutile de poursuivre l'histoire de ces rites dans l'Orient; qu'il me suffise de citer un exemple emprunté aux mœurs japonaises le mariage est considéré au Japon comme une nouvelle existence pour la femme; elle meurt à sa vie passée pour revivre dans son époux. Le lit de la fiancée a l'oreiller placé vers le nord, ainsi qu'on le pratique pour les morts; elle porte la robe mortuaire blanche (2). Cette cérémonie annonce aux parens qu'ils viennent de perdre leur fille.

(1) Solerius de pileo.

(2) Titsingh, Cérémonies usitées au Japon.

LANGUE PROFANE.

Les religions, entraînées par leur tendance au matérialisme, forment des divinités spéciales de chacun des attributs de Dieu; le paganisme franchit cette limite, et les vertus et les vices de l'homme trouvèrent leurs types dans le ciel; les Grecs et les Romains élevèrent des autels à la foi et à la vérité.

La foi primitive s'adressait à Dieu seul et trouvait son emblème dans la couleur affectée à l'unité divine, le blanc; la foi profane, qui préside aux transactions humaines, la bonne foi conserva le symbole des rapports entre le Créateur et la créa

ture.

Numa consacra un temple à cette vertu divinisée; on la représentait vêtue de blanc, avec les mains jointes; des sacrifices lui étaient offerts sans effusion de sang,

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