Images de page
PDF
ePub

Les Romains adoptèrent les mêmes croyances et, le premier jour de janvier, le consul, vêtu d'une robe blanche, montait au Capitole sur un cheval blanc, pour célébrer le triomphe de Jupiter, dieu de la lumière, sur les Géans, esprits des ténèbres (1).

Les traditions orientales transmises à l'Égypte, à la Grèce et à Rome, s'étendent dans le nord de l'Asie, envahissent l'Europe, passent en Amérique et reparaissent sur les monumens du Mexique.

Au Thibet, comme dans l'Inde et à Java, certains noms symboliques sont employés avec la valeur de nombres; la langue des couleurs en donne la raison mystique.

Dans la langue tibétaine, Hot-Tkar signifie, dans son sens propre, la lumière blanche, et dans le sens symbolique désigne l'unité; dans l'Inde Tchandra signifie la lune et se rapporte au nombre un, sans doute à cause de la blanche lueur de cet astre, symbole de la sagesse divine (2).

(1) Creuzer. Religions de l'antiquité, liv. VI, p. 796. (2) Voyez le Journal asiatique. Juillet, 1835, p. 16 et 26.

La Chine adopta la doctrine de la Perse sur le combat du bon et du mauvais génie, de la lumière et des ténèbres, ou de la chaleur et du froid, et la reproduisit sous les noms de matière parfaite et imparfaite (1).

[ocr errors]

Les Scandinaves firent revivre ce dogme dans les Eddas. « Au commencement, il n'y avait ni ciel, ni terre, ni terre, ni eaux, mais << l'abîme béant; au nord de l'abîme, était « le monde des tènèbres, et au sud le « monde du feu (2). »

Ainsi, la vérité éternelle est inscrite dans les codes sacrés de tous les peuples; Dieu seul possède l'existence en soi, le monde émane de sa pensée. La couleur blanche fut d'abord le symbole de l'unité divine; plus tard, elle désigna le bon principe luttant contre le mauvais ; il appar

(1) Le Yu et le Yang, d'après les savans, sont l'Ormusd et l'Ahriman des Livres Zends. Visdelou. Notice sur I'Y-King, à la suite du Chou-King, p. 411-413 et 428. Paultier. Mémoire sur la doctrine du Tao, p. 1-31 et 37.

(2) Ampère. Littérature et Voyages, p. 394. Finno Magnusen borealium. Myth, lexicon. Edda Antiquior, p. 17, et l'Edda de Mallet.

tint au christianisme de rétablir le dogme et son symbole dans leur pureté primitive, et lorsque, dans la transfiguration, le visage de Jésus devint brillant comme le soleil, et ses vêtemens blancs comme la neige (1), les apôtres virent apparaître, dans le fils de Dieu, la Divinité elle-même, Jéhovah.

[blocks in formation]

LANGUE SACRÉE.

Le sacerdoce représente la Divinité sur la terre; dans toutes les religions, le souverain pontife eut des vêtemens blancs, symbole de la lumière incréée.

Jéhovah ordonne à Aaron de n'entrer dans le sanctuaire que vêtu de blanc: Parle à Aaron, ton frère, dit-il à Moïse, et qu'il n'entre point en tout temps dans le sanctuaire, afin qu'il ne meure; car je me montrerai dans la nuée sur le propitiatoire, il vêtira la sainte robe de lin, ceindra la ceinture de lin et portera la tiare de lin; ce sont là les saints vêtemens (1).

Les mages portaient la robe blanche, ils prétendaient que la Divinité ne se plaisait que dans des vêtemens blancs; des chevaux blancs étaient sacrifiés au soleil,

(1) Lévitique, cap. XVI. Conf. Cuneus respub. Hebræor. lib. II, cap. I.

image de la lumière divine (1). La tunique blanche donnée par Ormusd, le dieu lumineux, est encore le costume caractéristique des parses (2).

En Egypte, la tiare blanche décore la tête d'Osiris; ses ornemens sont blancs comme ceux d'Aaron, et les prêtres égyptiens portent la robe de lin comme les enfans de Lévi (3).

En Grèce, Pythagore ordonne de chanter les hymnes sacrés avec des robes blanches; les prêtres de Jupiter ont des vêtemens blancs; à Rome le flamen dialis a seul le droit de porter la tiare blanche; les victimes qu'il offre à Jupiter sont blanches (4); Platon et Cicéron consacrent cette couleur à la Divinité.

Remontant en Asie, le même symbole est adopté par les Brahmes; traversant la Tartarie, il se retrouve chez les Scandinavés, les Germains et les Celtes; Pline

(1) Diog. Laert. lib. I, p. 12. Brisson, De regno Persarum, lib. II initio. Pierii Hieroglyp., lib. 40, cap. 22. (2) Anquetil. Zent-Avesta, tom. II, p. 529. (3) Apuleii Metamorph. lib. XI. Herodoti, lib. II, 37. (4) Auli Gellii Noctes attica, lib. X, cap. XV.

« PrécédentContinuer »