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DU BLANC.

LANGUE DIVINE.

Dieu est la vie, l'unité qui embrasse l'univers ; je suis celui qui est, dit Jehovah. La couleur blanche devait être le symbole de la vérité absolue, de celui qui est; elle seule réfléchit tous les rayons lumineux; elle est l'unité d'où émanent les couleurs primitives et les mille nuances qui colorent la nature.

La sagesse, dit Salomon, est l'émanation rayonnante de la toute-puissance divine, la pureté de la lumière éternelle, le miroir sans tache des opérations de Dieu et l'image de sa bonté; elle est une et elle peut tout (1). Les prophètes voient la

(1) Liber sapientiæ, cap. VII, 15.

Divinité revêtue d'un manteau blanc comme la neige, et sa chevelure est blanche ou comparée à de la laine pure (1).

Dieu crée l'univers dans son amour et le coordonne par sa sagesse. Dans toutes les cosmogonies, la sagesse divine, lumière éternelle, dompte les ténèbres primitives et fait éclore le monde au sein du chaos.

Au commencement, dit la Genèse, Dieu créa le ciel et la terre; la terre était informe et sans vie, les ténèbres reposaient sur l'abîme et l'esprit de Dieu planait sur les eaux.

D'après un oracle cité par saint Justin et Eusèbe, les Chaldéens avaient sur la Divinité la même doctrine que les Hébreux (2). Ils l'appelaient feu principe, feu intelligent, splendeur incréée, éternelle, expressions figurées, également consacrées par les livres bibliques. Jéhovah apparaît dans un buisson ardent, une colonne lumineuse conduit les enfans de

(1) Daniel, cap. VII et X.

(2) Par. ad gent. et demonstr. evang. 3. Conf. Batteux Causes premières, p. 29.

Jacob dans le désert. Le feu sacré du tabernacle est le symbole de la présence de Dieu dans Israël, son trône est le soleil.

La Genèse assigne à la lumière et aux ténèbres un empire séparé (1). Les anciens Perses attachaient au premier principe toutes les notions du beau et du bon, et au second toutes les idées de mal et de désordre.

Ce dualisme se retrouve dans toutes les religions d'après une observation de Plutarque (2), confirmée par les découvertes de la science; les Perses nommaient l'un Ormusd et l'autre Ahriman.

<< Ormusd, dit le Zent-Avesta, élevé au« dessus de tout, était avec la science sou<< veraine, avec la pureté dans la lumière << du monde; ce trône de lumière, ce lieu << habité par Ormusd est ce qu'on appelle «< la lumière première. Ahriman était dans << les ténèbres avec sa loi, et le lieu téné<< breux qu'il habitait est ce qu'on appelle « les ténèbres premières : il était seul an

(1) Divisit lucem et tenebras. (a) Traité d'Isis et d'Osiris.

« milieu d'elles, lui qui est appelé le mé<< chant. (1) »

Ces deux principes, isolés au sein de l'abîme sans bornes, s'unirent, créèrent le monde et, dès lors, leur puissance reçut des limites.

Les lois de Manou enseignent aux Indiens que ce monde était plongé dans l'obscurité; alors, le Seigneur existant en soi, resplendissant de l'éclat le plus pur, parut et dissipa l'obscurité (2).

Le Pimandre, ouvrage qui reproduit la doctrine égyptienne, quel que soit son rédacteur, établit le même dogme; la lumière paraît, elle écarte les ténèbres qui se changent en principe humide (3). Dans les traditions conservées par les Grecs, Osiris est le Dieu lumineux; son nom, d'après Plutarque, signifie celui qui a plusieurs yeux; sa tête est ornée de bandelettes étincelantes, sans aucune ombre,

(1) Boun-Dehesch, p. 343-344.

(2) Lois de Manou, liv. I, § 5 et 6. Conf. William Jones's works, vol. III, 352.

(3) Pimander, sect. IV.

sans mélange de couleurs. Typhon est l'esprit des ténèbres, il s'identifie avec l'Ahriman des Perses.

Virgile, qui avait été initié aux mystères et qui en a retracé l'histoire dans sa description de l'enfer, raconte, d'après les Grecs, que le dieu Pan, blanc comme la neige, séduisit la lune

Pan était le principe universel fécondant la nature; son nom, sa couleur et son corps de bouc l'indiquent évidemment; la lune était le symbole du principe femelle, de la matière qui reçoit et réfléchit la vie comme la lune reflète les rayons du soleil. Isis, chez les Égyptiens, était la divinité lunaire et la personnification des eaux primitives, de la nuit et du chaos,

La mythologie grecque s'éleva sur cette base générale, et lui rendit toute son énergie dans les mythes de Jupiter et de Pluton. Jean le Lydien attribue la couleur blanche à Jupiter, père des dieux et des hommes, tandis que Pluton est le dieu du sombre séjour, l'Ahriman de la Grèce.

(1) Georg. lib. III, vers 391.

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