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l'innocence accusée. Une légende islandaise paraît avoir donné lieu à ce conte populaire; Karl-le-Rouge dont, par abréviation, on forma Carouges, est la personnification de la vengeance et des guerres de famille si communes dans le Nord de l'Europe pendant le moyen-âge; le second personnage, nommé Gris, promet d'assister Karl-le-Rouge dans une de ses expéditions; cependant il avertit l'ennemi, se présente au combat et lutte contre celui qu'il vient de mettre sur ses gardes; Gris a-t-il violé la foi jurée? a-t-il fait preuve d'une loyauté exaltée? Le doute qui peut s'élever à ce sujet est exprimé par son nom (1).

Je trouve encore un vestige de la symbolique des couleurs dans le mot gris pris dans le sens d'une demi-ivresse; la raison et la sagesse étaient représentées par le blanc, comme les passions honteuses par le noir.

(1) Voyez le journal le Temps du 13 septembre 1835, qui emprunte cette légende islandaise au Morgenblatt.

RÉSUMÉ.

L'unité qui domine la symbolique des couleurs disparaît au milieu des développemens scientifiques; il est donc nécessaire d'embrasser ce système d'un coup d'œil rapide pour en faire ressortir l'étonnante logique..

Je ne redirai pas la formation de cette langue et ses développemens dans l'histoire de l'humanité; je réunirai seulement ici les jalons qui ont marqué nos pas dans ces recherches.

Le blanc réfléchit tous les rayons lumineux, et de Dieu émane l'univers; les prophètes d'Israël nomment la sagesse divine, la pureté de la lumière éternelle, image de sa bonté, et dans leurs intuitions sacrées, ils voient Jehovah revêtu du manteau blanc; ainsi, dans la transfi

guration, le Seigneur apparut éclatant de lumière.

Le bien existe opposé au mal, la vérité à l'erreur, la sagesse à la folie, et les ténèbres sont opposées à la lumière, comme le noir au blanc.

Là où l'action de la lumière se termine, l'ombre paraît; là où les rayons de la divine sagesse s'arrêtent, commencent le mal et l'erreur. L'homme, placé au centre de ces deux mondes, est libre, car il peut choisir; c'est dans son esprit, c'est au fond de son cœur que les deux puissances ennemies, le bien et le mal, se livrent un combat perpétuel.

Les cosmogonies de tous les peuples reproduisent ce dualisme, et la Perse, dépassant le but, donne au mal une existence positive, tandis qu'il n'est qu'une privation du bien et une négation de la vérité.

Dans la Genèse, comme en Égypte, dans l'Inde, en Grèce, partout, la lumière incréée est le symbole divin, et le blanc, la couleur consacrée à l'Être suprême.

Le sacerdoce représente sur la terre le

Dieu qui est au ciel ; Aaron a des vêtemens blancs, la tribu de Levi porte la robe de lin, et les prêtres de l'Égypte ne peuvent revêtir un autre costume; les pontifes de Jupiter sont en blanc, les victimes offertes sont blanches; Pythagore ordonne de prendre cette couleur en chantant les hymnes sacrés; en Asie les Brahmes comme les mages adoptent ce costume que por tent encore les Parses. Franchissant les déserts de la Tartarie, ce symbole se retrouve chez les Scandinaves, les Germains, les Celtes, et Pline le reconnaît chez les druides.

Le christianisme rend la vie aux symboles antiques, et le pape seul est en blanc, car il représente l'unité de Dieu au ciel et l'unité de l'Église sur la terre.

La régénération ne peut s'acquérir que par l'action divine; les régénérés sont en Dieu, et leurs vêtemens blancs témoignent de leur admission aux célestes parvis.

Le blanc fut dès lors une couleur mortuaire; dans l'Apocalypse, la robe blanche est le prix de la victoire; en Égypte, les mânes en sont revêtus et les morts sont

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