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plaies, le feu, la fumée et le soufre qui sor-{ taient de leurs bouches, la troisième partie des hommes fut tuée (1). Nous trouvons aussi, dans l'Apocalypse, la bête couleur d'écarlate avec une signification infernale.

Le paganisme hérita de ces traditions symboliques, les anciens voyaient, dans les diverses nuances claires ou sombres. de l'hyacinte, les emblèmes des différens. degrés de la vertu et du vice. Solin dit que l'hyacinthe azurée est précieuse pour les hommes vertueux et défavorable aux

hommes corrompus, et que la plus belle espèce brille d'un éclat mélangé de lumière et de pourpre (2).

Philostrate donne aux amours des ailes. de pourpre et d'azur (3).

Dans la langue profane des couleurs, l'hyacinthe dut avoir la signification de constance dans les combats spirituels; le

(1) Apocalypse, cap. IX, 17, 18. Conf. Richer, de la Nouvelle Jérusalem, tom. II, p. 297.

(2) Solini Polyhistor, cap. XXXIII.

(3) Πτερὰ δε Κυανέα, καὶ φοινικά. (Philost. Icon, ib. I, p. 738.)

bleu désignait la fidélité, et le rouge représentait la guerre ou les combats.

Saint Épiphane (1) compare les vertus de l'hyacinthe à celles de la salamandre. Non-seulement, dit Grégoire de Naziance, la salamandre vit et se plaît dans les flammes, mais encore elle éteint le feu. L'hyacinthe, dit saint Épiphane, placée dans une four naise ardente, n'en est point attaquée et même elle éteint le feu.

La salamandre et l'hyacinthe étaient les symboles de la foi constante, qui triomphe de l'ardeur des passions et les éteint; soumise au feu, l'hyacinthe se décolore et devient blanche (2), on devait y voir un symbole de la foi triomphante.

Solin prétend que l'éclat de l'hyacinthe suit les changemens de l'atmosphère ; qu'elle brille sous un ciel serein et s'obscurcit sous un ciel nébuleux; qu'elle résiste à la gravure et n'est attaquable que par le diamant (3). Malgré l'autorité de Solin,

(1) Lib. XII, de Gemmis.

(2) Brard, Traité des pierres précieuses, p. 73. (3) Solinus, cap. 33.

il existe des gravures sur hyacinthe presque toutes de l'artiste Aulo. Les anciens ignoraient-ils l'art de graver ces pierres précieuses? Quoi qu'il en soit, on se méprendrait complètement, si on pensait que les descriptions des animaux, des plantes et des minéraux, transmises par l'antiquité, se rapportent toujours à l'histoire naturelle. La symbolique y joue un rôle fort important; et, dans ce que Solin dit de l'hyacinthe, un écrivain du dix-septième siècle (1) voit un emblème de l'homme pieux, dont l'ame s'ouvre aux rayons de l'amour divin et s'attriste lorsqu'elle n'en est plus embrasée; aucune force humaine ne peut la dompter: Dieu seul, comme le diamant y grave son empreinte.

(1) Caussin, Polyhistor Symbolicus, lib. XI, cap. 38. Conf. lib. IX, cap. 60.

DU VIOLET.

D'après la règle que nous avons posée pour les couleurs mixtes, la nuance dominante forme la signification générale, et la teinte dominée la modifie.

Lorsque les deux couleurs s'équilibrent, comme dans le violet, où le rouge et le bleu paraissent également, la signification découle dés deux nuances primitives. Ainsi le violet désignera l'amour de la vérité et la vérité de l'amour, il comprendra dans une même signification le sens du pourpre et de l'hyacinthe; il formera l'union de la bonté et de la vérité, de l'amour et de la sagesse.

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Ce fut par la passion que Jésus-Christ identifia sa nature divine à celle de Dieu même; Dieu est amour, le Christ est vérité; l'amour et la sagesse sont les attributs d'un seul Dieu dans le ciel; Jésus, retour

nant vers son père, unit l'amour à la vérité par les tentations, dont la dernière fut le supplice de la croix. C'est pour cette raison que, sur les monumens symboliques du moyen-âge, Jésus-Christ porte la robe violette pendant la passion; cette couleur représentait l'identification complète du Père et du Fils.

En Dieu l'amour et la sagesse ne forment qu'un seul et même attribut divisé dans l'homme; Jésus, comme type de l'humanité, porte la robe rouge et le manteau bleu; dépouillant la nature humaine pour s'unir à Dieu, il revêt la robe violette; enfin, après sa glorification, il est Dieu lui-même et apparaît en rouge et en blanc, symboles de Jehovah. Par une opposition qui faisait ressortir l'identité du père et du fils dans la divinité, les artistes donnèrent quelquefois à Dieu la robe violette, ainsi qu'on le remarque sur les vitraux de l'église de Saint-Jean à Troyes. Souvent la Vierge Marie est drapée de cette couleur, pour indiquer la mère du Dieu sacrifié pour sauver les hommes; plusieurs manuscrits antérieurs à la re

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