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était, au rapport de Bède, peint d'une couleur mélangée de blanc et de rouge (1).

La rose blanche devint l'emblème de la sagesse monastique et de la renonciation au monde. « Aux armes des religieuses, << dit le Palais de l'Honneur, l'on met une « couronne composée de branches de ro<< sier blanc avec ses feuilles, ses roses et « ses épines, qui dénote la chasteté qu'elles << ont conservée parini les épines et les << mortifications de la vie (2). »

Un tableau de l'école du Corrége ( Musée royal, no 956), est empreint de cet antique symbolisme; saint François d'Assise présente à Jésus les roses rouges et blanches produites en janvier par les épines sur lesquelles il s'était roulé, pour résister aux tentations de l'esprit des ténèbres. La rose rouge désigne l'initiation à l'amour divin; la rose blanche, l'initiation à la sagesse divine; Janus préside au mois de janvier, le portier du ciel ouvre

(1) Color ejusdem monumenti et sepulcri albo et rubicundo permixtus videtur. (Bed. Hist. Ang., lib. V, cap. 16.)

(2) F. Anselme, p. 66.

le premier degré des mystères, et au mois de janvier le soleil recommence sa carrière victorieuse et dompte les frimas et les ténèbres, emblèmes du mal et de l'erreur. Nous retrouvons la même pensée symbolique dans le dimanche de Lætare, qui s'appelle aussi le dimanche des roses, parce que le pape bénit une rose d'or et la porte processionnellement dans les rues de Rome, afin, disent les mystiques, de représenter la joie de ce jour qui brille comme une rose au milieu des épines du carême.

DU POURPRE,

DE L'HYACINTHE,

ET

DE L'ÉCARLATE.

Le pourpre et l'hyacinthe sont deux nuances d'une même couleur qu'il serait facile de confondre et qui, cependant, ont deux significations différentes.

Le pourpre était, dans l'antiquité, une couleur rouge nuancée de bleu; le pourpre, disent les traités de blason, est mêlé d'azur et de gueules (1); l'art héraldique conserva la tradition des couleurs, si ce

(1) F. Anselme, Palais de l'Honneur, p. 1 et 12. Conf. La Colombière, Science héroïque.

n'est l'intelligence de leurs significations. Le rouge domine dans le pourpre; au contraire, dans l'hyacinthe, c'est le bleu qui est la couleur principale. L'hyacinthe orientale, ou proprement dite, est un saphir orangé (1).

Dans la symbolique des couleurs mixtes, la nuance dominante forme la signification générale, et la teinte dominée la modifie. Le rouge est le symbole de l'amour divin, le bleu représente la vérité céleste; le pourpre se rapportera, par conséquent, à l'amour de la vérité, et l'hyacinthe à la vérité de l'amour.

L'écarlate était une nuance composée de rouge avec une teinte de jaune; il était le symbole de l'amour spirituel, de l'amour du Verbe ou de la parole divine, ainsi qu'il résulte du sens que possèdent le rouge et le jaune.

Les vêtemens des prêtres d'Israël pour le service du sanctuaire et le costume

d'Aaron étaient pourpre, écarlate bet hyacinthe. Le pourpre dominait dans tous

(1) Brard, Traité des pierres précieuses, p. 72 et 73.

les ornemens du grand-prêtre; il teignait le rochet de l'éphod et les cordons du pectoral; lui seul avait le droit de porter la tunique hyacinthe.

Nous avons remarqué, dans la signification des couleurs, une opposition qui reparaît dans le pourpre, l'hyacinthe et l'écarlate. Si la première de ces nuances se rapporte au bien, la seconde au vrai, et la troisième à la manifestation de l'un et de l'autre, il en résulte que le pourpre deviendra le symbole du mal, l'hyacinthe de l'erreur, et l'écarlate de la production des maux et des faussetés. C'est dans ce sens que Jérémie dit des faux sages que l'hyacinthe et la pourpre sont leurs vêtemens. Ézéchiel reproche à Samarie ses prostitutions, et dit qu'elle s'est passionnée pour les Assyriens, vêtus d'hyacinthe, car elle avait prostitué la vérité. Dans l'Apocalypse, saint Jean voit des cavaliers revêtus de cuirasses comme de feu, d'hyacinthe et de soufre, et les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lion, et il sortait de leurs bouches du feu, de la fumée et du soufre, et par ces trois

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