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langue populaire, le vert était la couleur de l'espérance dans ce monde. Par inversion les profanes lui attribuèrent la signification de désespoir; dans les représentations scéniques de la Grèce, le vert glauque ou vert de mer était, dans de certaines circonstances, une couleur sinistre (1).

Le vert était le symbole de la victoire spirituelle; plus tard il fut celui de la victoire matérielle, et enfin par opposition il désigna chez les Grecs la défaite et les transfuges (2).

Chez les Maures le vert avait la même signification profane que dans l'antiquité; il désignait l'espérance, la joie et la jeunesse, parce qu'il est la couleur du printemps, cette jeunesse de l'année, qui ramène l'espérance des récoltes (3). De même, d'après l'art héraldique, le sinople (le vert du blason) signifie civilité, amour, joie et abondance. « Les archevêques, dit

(1) Julii Pollucis Onomasticon, lib. IV, cap. 18.

(2) Pollux. Ibid.

(3) Gassier, Histoire de la Chevalerie française p. 351-352.

« le Palais de l'Honneur, portent un cha<< peau de sinople avec des cordons de << soie verte entrelacés.... Les évêques << portent aussi le chapeau de sinople, « pour ce qu'étant establis comme bergers << sur les chrestiens, cette couleur dénote <«< les bons pasturages, où les sages bergers <«<<mènent paistre leurs brebis, et est le symbole de la bonne doctrine de ces prélats (1). »

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Le vert était le symbole de la bonne doctrine chrétienne, comme de la bonne doctrine mahométane, grecque, égy tienne et indienne. Le dernier anneau de cette chaîne historique se rattache et se confond avec le premier.

(1) Anselme, Palais de l'Honneur, p. 65 et 12.

DU ROSE.

La couleur rose emprunte sa signification au rouge et au blanc; le rouge est le symbole de l'amour divin, le blanc, de la sagesse divine; la réunion de ces deux couleurs signifiera: amour de la sagesse divine.

Nous trouvons ici une analogie avec le jaune qui désigne également l'amour et la sagesse et qui émane du rouge et du blanc, d'après la symbolique.

La différence qui existe entre ces deux couleurs est que dans le jaune les deux attributs de la Divinité sont confondus dans une unité, tandis que dans le rose ils restent distincts. L'or et lejaune ont une signification supérieure à celle de la couleur rose. L'or se rapporte à Dieu et à sa révélation, et le rose indique l'homme régénéré qui reçoit la parole sainte.

La rose et sa couleur étaient les symboles du premier degré de régénération et d'initiation aux mystères. Il existait un rapport entre le baptême qui ouvrait les portes du sanctuaire et la couleur rose, rapport que nous retrouvons dans l'étymologie du mot latin rosa qui vient évidemment de ros, la pluie, la rosée. Horapollon dit que les Égyptiens représentaient les sciences humaines par de l'eau tombant du ciel (1). Chez ce peuple les sciences étaient enfermées dans les temples et révélées seulement aux initiés; de même en Égypte, le rose était le symbole de la régénération. L'âne d'Apulée recouvre la forme humaine en mangeant une couronne de roses vermeilles que lui présente le grand-prêtre d'Isis. En effet, ce n'est qu'en s'appropriant l'amour et la sagesse de Dieu, signifiés par le rouge et le blanc, et par leur union dans le rose, que le néophyte régénéré dépouille ses passions brutales et devient véritablement homme.

Dans les livres sacrés de l'Inde la rosée

(1) Hori Apollinis hieroglyph.

est le symbole de la divine parole. « O grand << Souda, dit le Bagavadam, faites couler << sur nous la rosée de la divine parole(1).» La couleur rose porte la même signification. Le camalata produit de très belles fleurs, d'un rouge tendre céleste, et couleur d'amour, disent les livres hindous; le camalata a la vertu de procurer aux habitans du ciel d'Indra l'objet de leurs désirs par la seule pensée (2).

La Bible confirme la signification de ces symboles. << Mes instructions, dit Moïse, << se répandront comme la pluie, ma pa<< role tombera comme la rosée, elle sera <«< comme une pluie douce sur l'herbe ten<< dre, et comme une pluie abondante sur << l'herbe prête à mûrir (3). » Nous savons que l'herbe et la verdure représentent un commencement de régénération.

« Les morts revivront, dit Isaïe, les ca<< davres se relèveront; réveillez-vous et jetez des cris de joie, vous habitans de

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(1) Bagavadam, p. 6.

(2) De Marles, Histoire de l'Inde, tom. II, p. 182. (3) Deuteronome. XXXII, 2.

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