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S'offrant en sacrifice, il donne l'exemple de la charité divine qui devient l'espérance de l'humanité. Les peintres chrétiens du moyen-âge représentaient la croix de couleur verte, symbole de régénération, de charité et d'espérance; quelquefois ils la bordaient d'une bande rouge, comme sur les vitraux de la cathédrale de Chartres. Le sépulcre et les instrumens de la passion étaient souvent peints en vert.

L'ami du Christ, celui qui ne lui promit rien, mais qui ne l'abandonna jamais, l'initiateur chrétien, l'écrivain sacré des mystères scellés dans l'Apocalypse, saint Jean est presque toujours représenté avec la robe verte. La tradition consacre aussi la couleur verte à la Vierge et à Jésus enfant, comme un symbole du premier degré de régénération. La couleur des vêtemens du Messie, aux différentes époques de sa vie, forme un drame sacré dont nous ferons connaître la symbolique dans l'ouvrage qui suivra celui-ci.

Le vert avait la même signification chez les Arabes; cette couleur devint le symbole de l'initiation à la connaissance du Dieu

suprême révélé dans le Coran. La lutte des deux principes bon et mauvais fut, comme dans l'ancienne Perse, représentée par le blanc et le noir; Mahomet vit combattre des légions d'anges vêtus en blanc; dans les principales actions de sa vie il fut, disent les traditions musulmanes, secondé par des anges dont les turbans étaient verts. Le blanc et le vert furent et sont encore les couleurs de l'islamisme; les principales enseignes de l'empire turc sont vertes ou blanches; le satin blanc forme l'habit de cérémonie du grand visir, comme le drap blanc celui du mouphty : « Tous deux, << dit Mouradja, comme vicaires et repré<«< sentans du souverain, l'un pour le tem<< porel, l'autre pour le spirituel. Le satin << vert est aussi l'habit d'ordonnance de «< tous les pachas à trois queues en qualité <«< de lieutenans du monarque, dans les << provinces confiées à leur administration, « et le drap vert la robe de cérémonie des «<oulemas, comme étant les ministres de la << justice, de la loi et de la religion, au nom << et sous l'autorité du sultan, qui est l'iman suprême ou le premier pontife de l'isla

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« misme. D'ailleurs, le turban vert est << exclusivement réservé à tous les émirs <«< descendans d'Aly....... Enfin, cette cou<«<leur est devenue la marque distinctive, << non-seulement de la nation ottomane, <«< mais encore de tous les peuples musul<< mans (1). >>

Le rôle de l'islamisme, entre les religions orientales, est celui d'initiateur à la connaissance d'un seul Dieu; Aly, l'initiateur par la conquête, porte la robe verte (2) comme saint Jean, l'initiateur par les armes spirituelles. Le jour consacré au Dieu de Mahomet est le vendredi, jour de la verte Vénus.

Le vert, comme les autres couleurs, eut une signification néfaste; si elle était le symbole de la régénération de l'ame et de la sagesse, elle signifia, par opposition, la dégradation morale et la folie.

Le théosophe de la Suède, Swedenborg, donne des yeux verts aux fous de l'enfer.

(1) Mouradja d'Ohsson, tom. IV, première partie, p. 161.

(2) Mouradja. Ibid. p. 163.

Un vitrail de la cathédrale de Chartres représente la tentation de Jésus; Satan a la peau verte et de gros yeux verts. Anciennement, en France, d'après La Mothele-Vayer, le vert était le blason des fous (1).

L'oeil, dans la symbolique, signifie l'intelligence, la lumière intellectuelle ; l'homme peut la tourner vers le bien ou le mal. Satan et Minerve, la folie et la sagesse, furent représentés avec les yeux

verts.

1

(1) Opuscules, p. 243.

LANGUE PROFANE.

Les légendes populaires conservent les traditions sacrées en les matérialisant; le vert, symbole de la régénération de l'ame, de la nouvelle naissance spirituelle, fut l'emblème de la naissance matérielle. La superstition attribua long-temps à l'émeraude la vertu miraculeuse de hâter l'enfantement (1).

Le néophyte devait remporter la victoire sur ses passions figurées dans la Genèse, les livres zends et les eddas par le serpent. Une légende populaire racontait que la poudre d'émeraude guérissait la morsure des animaux venimeux. Dans la langue sacrée, le vert était le symbole de l'espérance dans l'immortalité; dans la

(1) Noel, Dictionnaire de la Fable, verbo ÉMERAUDE. C'est ainsi que Vénus présida d'abord à la régénération, ensuite au mariage et enfin à la prostitution.

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