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les initiés. Le savant Creuzer a remarqué qu'Homère laissait entrevoir dans cette divinité l'antique Dieu de la nature opérant, par une lutte féconde, le grand oeuvre de la génération et de l'ordonnance cosmiques (1); l'identité du dieu égyptien Phtha et de l'Éphaïstos grec le dé

montre.

L'initiation figurait la régénération de l'homme par la génération de la nature; l'homme était le microcosme, le petit monde qui devait naître spirituellement

par
le combat de l'amour divin contre les
passions humaines; Jéhovah ne dit-il pas
qu'il est le Dieu des armées et des combats?
Jésus n'annonce-t-il pas qu'il vient ap-
porter la guerre? Sur un grand nombre de
manuscrits des treizième et quatorzième
siècles, le roi David est en extase devant
un ange dont le corps, les ailes, les vête-
mens et le glaive qu'il tient à la main, sont
d'un rouge éclatant; il est difficile de mé
connaître à ces signes l'amour divin ani-

(1) Creuzer, Religions de l'Antiquité, liv. VII, chap. IV, p. 644.

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mant le roi prophète au nom du Dieu des combats spirituels (1).

La couleur rouge, étant celle du sang, fut l'emblème de la pudeur qui colore le visage, du moins elle avait cette signification dans le moyen-âge (2). C'était sans doute pour le même motif que Diogène nommait le rouge la couleur de la vertu(3). Elle devint, dans sa dernière expression populaire, l'emblème du crime portant sa tête sur l'échafaud. Le bourreau, qui est né pour l'effusion du sang, dit La Mothele-Vayer, est ordinairement habillé de rouge, s'il ne l'est de jaune, le choix lui étant laissé de l'une de ces deux couleurs (4).

(1) Emblèmes bibliques du quatorzième siècle, MSS de la Bibliothèque Royale, no 6,829.

(2) Rerum alamannicarum scriptores ex Bibl. Goldasti, tom. I, p. 126.

(3) La Mothe-le-Vayer, Opuscules, p. 246.

(4) Opuscules, p. 250.

DU BLEU.

LANGUE DIVINE.

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L'air est dans la Bible le symbole de l'Esprit saint, de la vérité divine qui éclaire les hommes. « Le jour de la Pentecôte, les «< apôtres étaient réunis, alors il se fit tout«< à-coup un bruit qui venait du ciel, «< comme le bruit d'un vent qui souffle << avec impétuosité; et il remplit toute la <«<< maison où ils étaient. Et ils virent pa<< raître des langues séparées les unes des << autres, qui étaient comme de feu, et qui << se posèrent sur chacun d'eux. Et ils fu<< rent tous remplis du Saint-Esprit (1). »

Jésus s'entretient avec Nicodème et lui dit : « Le vent souffle où il veut, et tu en

(1) Les Actes des apôtres, chap. II.

<< entends le bruit, mais tu ne sais d'où il <«<< vient, ni où il va; il en est de même de << tout homme qui est né de l'Esprit (1).»>

Le Saint-Esprit est Dieu en nous, comme amour et comme vérité; ces deux attributs réunis avaient pour symbole la colombe. Quand Jésus eut été baptisé, Jean vit l'esprit de Dieu descendant comme une colombe et venant sur lui.

Le symbole de l'Esprit est l'air, ainsi que sa couleur l'azur ou le bleu céleste. Dans le chapitre précédent nous avons apporté plusieurs preuves de ce fait qu'il serait inutile de reproduire ici.

amour,

Dans la théologie chrétienne le SaintEsprit procède du Père et du Fils; Dieu est le Christ est vérité; le symbole de Dieu comme amour est le rouge, le symbole du Christ comme vérité est l'azur, le Saint-Esprit procédant des deux fut représenté par le rouge et le bleu.

L'antiquité figurait ce dogme par le feu éthéré; on le retrouve dans l'Hindoustan: le dieu du feu, Agni (Ignis), a deux faces,

(1) Saint Jean, chap. III, vers. 8.

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