Imágenes de página
PDF
ePub

(39) Rubans animés.

Les ténia, qui sont si variés dans les différens animaux, et dont l'homme nourrit aussi plus d'une espèce. On en connoît aujourd'hui un grand nombre. Le nom de solitaire est fort impropre, car celui qu'on avoit cru exister seul dans les intestins de l'homme y a aussi été trouvé avec plusieurs autres. Les cucurbitains ne sont que des articulations détachées de ce ver.

(40) Mouche qui bâtit.

Il y a plusieurs espèces de mouches qui bâtissent; rien de plus curieux que leur architecture, et de plus intéressant que les matériaux qu'elles emploient. Les arts pourroient peut-être profiter de l'instinct de ces industrieux animaux: la mouche maçonne construit plusieurs cellules avec des grains de sable, dont elle sait composer un mortier, qui dans peu de temps acquiert la dureté des pierres les plus solides. N'est-ce pas là le fameux mortier des anciens Romains, que nos savans n'ont pu encore imiter. Plusieurs insectes bâtissent avec une substance qui est un vrai papier, ou du carton, etc.

(41) Mouche qui file.

Plusieurs naturalistes ont compris sous la dénomination de mouches les demoiselles dont les larves filent pour tapisser le logement où elles se métamorphosent. La larve du formica leo, dont l'histoire est si curieuse et si intéressante, devient une mouche demoiselle.

1

(42) Ceux qui d'un fil doré composent leur tombeau.

Ce sont les vers à soie.

(43) Ceux dont l'amour dans l'ombre allume le flambeau.

Il n'est aucun insecte dont les amours soient aussi cachées que celles des mouches à miel : il en est de même des thermès des zones torrides. Au reste il y a plusieurs autres insectes dont l'accouplement se fait ordinairement à couvert; tels sont les carabes, les ténébrions, les blattes.

(44) L'insecte dont un an borne la destinée.

Beaucoup d'insectes vivent depuis le moment où ils sont éclos jusqu'à la même époque de l'année suivante, en passant l'hiver dans l'état de nymphès. D'autres vivent dans l'état de larve pendant quelques années. Il en est qui voient plusieurs générations dans le cours d'un été. Les insectes qui, dans l'espace d'un jour, et même đe quelques heures, terminent leur carrière (du moins celle de leur état parfait), sont les éphémères, appelées communément mouches de Saint-Laurent.

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

La nature semble avoir voulu dédommager les insectes de leur foiblesse, en parant leur robe des plus vives couleurs. Sur leurs ailes et leurs ornemens de tête on voit briller l'azur, l'or, l'argent, le vert, le rouge, le jaune, etc.; les franges, les aigrettes, les houpes sont

prodiguées, et les reflets de ces couleurs différentes sont au moins aussi vifs que ceux des pierres précieuses. Il ne faut qu'examiner une mouche luisante, un papillon, une chenille même, pour être étonné de leur magnificence et de la variété de leur livrée. Est-il dans la nature que la parure soit l'apanage de la foiblesse?

(46) Ces yeux qu'avec tant d'art la nature a taillés.

De toutes les parties des insectes, les yeux à réseau sont peut-être les plus propres à nous faire connoître avec quel prodigieux appareil la nature les a formés, et à nous apprendre en général combien elle produit de merveilles qui nous échappent. Les plus grands observateurs microscopiques n'ont pas manqué d'étudier la structure singulière de ces yeux. Ceux des mouches, des scarabées, des papillons, et de divers autres insectes, ne different en rien d'essentiel. Ces yeux sont tous à peu près des portions de sphère: leur enveloppe extérieure peut être regardée comme la cornée. On appelle cornée l'enveloppe extérieure de tout œil, celle à laquelle le doigt toucheroit, si, les paupières restant ouvertes, on vouloit toucher un œil. Celle des insectes, dont nous parlons, a une sorte de luisant, qui fait voir souvent des couleurs aussi variées que celles de l'arc-en-ciel. Elle paroît, à la vue simple, unie comme une glace; mais, lorsqu'on la regarde à la loupe, elle paroît taillée à facettes comme des diamans: ces facettes sont disposées avec une régularité admirable et dans un nombre prodi

gieux. Leuwenhoek a calculé qu'il y en avoit trois mille cent quatre-vingt- une sur une seule cornée d'un searabée, et qu'il y en avoit huit mille sur chacune des cornées d'une mouche ordinaire. Hoock en a trouvé quatorze mille dans les deux yeux d'un bourdon, et Leuwenhoeck en a compté six mille deux cent vingtsix dans les deux yeux d'un ver à soie ailé. Ce qu'il y a de plus merveilleux, c'est que toutes ces facettes sont vraisemblablement autant d'yeux; de sorte qu'au lieu de deux yeux ou cristallins, que quelques naturalistes ont peine à accorder aux papillons, nous devons leur en reconnoître sur les deux cornées trente-quatre mille 'six cent cinquante; aux mouches seize mille, et aux autres plus ou moins, mais toujours dans un nombre aussi surprenant.

Voici deux expériences de savans observateurs, qui prouvent incontestablement que chaque facette est un cristallin, et que chaque cristallin est accompagné de ce qui forme un œil complet. Ils ont détaché les cornées de divers insectes; ils en ont tiré avec adresse toute la matière qui y étoit renfermée, et, après en avoir bien nettoyé toute la surface intérieure, ils les ont mises à la place d'une lentille de microscope. Cette cornée, ainsi ajustée, et pointée vis-à-vis d'une bougie, produisoit une des plus riches illuminations. M. Puget avoit imaginé de tenir au foyer d'un microscope, l'œil d'un papillon ainsi préparé; un soldat, vu à ce microscope d'un genre particulier, auroit paru une armée de dix-sept

[ocr errors]

mille trois cent vingt-cinq soldats ; un pont auroit parù l'assemblage d'un nombre infini d'arches. Leuwenhoeck a poussé la dissection jusqu'à découvrir que chaque cristallin a son nerf optique. Comment, dira-t-on, un insecte, avec des milliers d'yeux, peut-il voir l'objet simple? Lorsque nous saurons au juste comment nousmêmes avec deux yeux nous voyons les objets simples, il nous sera aisé de concevoir que les objets peuvent paroître simples à des insectes avec des milliers d'yeux. La nature, qui a voulu que leurs yeux ne fussent point mobiles, y a suppléé par le nombre et par la position, Malgré ces milliers d'yeux dont sont composées les orbites, la plupart des mouches ont encore trois autres yeux placés en triangle sur la tête, entre le crâne et le cou: ces trois yeux, qui sont aussi des cristallins, ne sont point à facettes; ils sont lisses et paroissent comme des points. Ces différentes grosseurs des yeux dans le même insecte, jointes à la considération des différentes places accordées à chaque œil, conduisent à présumer, avec quelque vraisemblance, que la nature a favorisé les insectes d'yeux propres à voir les objets qui sont près d'eux, et d'autres pour voir les objets éloignés ; qu'elle les a, pour ainsi dire, pourvus de microscopes et de télescopes. Il faut observer que la plupart de ces yeux à facettes sont couverts de poil, que l'on peut soupçonner de produire l'effet des cils de nos yeux, c'est-à-dire, de détourner une trop grande quantité de rayons de lumière, qui ne serviroient qu'à embarrasser la vue.

« AnteriorContinuar »