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ce que j'ay escript par vos autres lectres se à vous ne tient.

Et ce que vous me rescripvez que voz progéniteurs n'ont point acoustumez d'estre ainsi infestez de mendres personnes qu'ilz n'estoient eulx mesmes, qui ont esté et qui sont les miens, n'est jà besoing que j'en soie mon hérault, il est congneu par tout pays, et quant à moy je me sens sans reprouche, la Dieu-mercy, et ay tousjours fait ce que loial preudomme doit faire envers Dieu, comme envers monseigneur et son royaume. Qui fait ou a fait autrement, et eust tout le monde en sa main, si n'a-il riens et n'est mie à priser.

Quant à ce que vous rescripvez que ce que ung prince roy doit faire il le doit faire à l'onneur de Dieu, au commun prouffit de toute chrestienté et de son royaume, et non point par vaine gloire et pour nulle convoitise temporelle, je vous respons que c'est bien dit, mais se vous l'eussiez fait en vostre pays le temps passé, plusieurs choses par vous faictes n'eussent pas esté exécutées ou pays où vous demourez.

Quant à comparer ma très redoubtée dame, madame la royne d'Angleterre, vostre rigueur et vostre cruaulté, qui est venue désolée en ce pays de son seigneur qu'elle a perdu, desnuée de son douaire que vous détenez, despoullez de son avoir qu'elle emporta pardelà et qu'elle avoit par son seigneur, où est cellui qui veult avoir honneur, qui ne se monstre pour soustenir son fait? Où sont tous nobles qui doivent garder en tous estas les drois des dames vefves et des pucelles, de si belle vie comme tous scevent que estoit ma dessusdicle dame et nièpce? Et pour ce que je lui appartiens de si près comme chascun scet, me acquitant

devers Dieu et envers elle comme son parent, vous respons aux poins que vous me dictes, que pour eschever l'effusion du sang humain, vous estant venu pardeçà et moy estant venu à l'encontre de vous, me respondrés plus voulentiers de corps à corps ou de plus grant nombre que de présent ne m'escripvez, qu'à l'aide de Dieu, de la benoiste vierge Marie et de monseigneur saint Michel, sceue de vous la response de ces lectres, soit corps à corps ou nombre à nombre, soit povoir à povoir, vous trouverez en faisant mon devoir et gardant mon honneur telle response par effect comme en tel cas appartient. Et vous mercie pour ceulx de mon costé, que de leur sang avez plus grant pitié que n'avez eu de vostre lige et souverain seigneur. Et afin que vous congnoissez et sachez que ce que je vous escrips et mande je vueil acomplir à l'aide de Dieu, j'ay cy fait mectre le seel de mes armes et me y suis soubscript de ma propre main, lendemain du jour Nostre Dame xxvi jour de mars, l'an mil quatre cens et deux. >>

S'ensuit la seconde lectre du roy Henry d'Angleterre, dupliquant à la seconde lectre du duc d'Orléans.

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Henry, par la grace de Dieu roy de France et d'Angleterre, seigneur d'Irlande. Loys de Valois, duc d'Orléans! nous vous escripvons, mandons et faisons

savoir

que nous avons veu unes lectres de vostre part, le derrenier jour de ce présent mois d'avril, que nous avez envoiées par Champaigne, roy d'armes, et Orléans, vostre hérault, en cuidant avoir donné response à noz lectres par vous reçeues le premier jour de janvier derrenier passé, par Lanclastre, roy d'ar

mes, nostre hérault. Laquelle vostre lectre porte date du xxvi jour du mois de mars, mil quatre cens et deux, et avons bien entendu le contenu d'icelles. Et jà soit ce que toutes choses considérées et par espécial l'estat où Dieu nous a mis, nous ne deussions respondre à vostre requeste que faicte nous avez, ne aux réplicacions adjoustées à icelles, toutesfois, puisque vous touchez nostre honneur, nous vous voulons respondre, voiant et considérant qu'en vostre première requeste d'armes à nous faicte, à laquelle nous vous donnasmes response, vous prétendistes icelles avoir procédé d'entier désir et jeunesse de cuer pour vous acquérir honneur et bon renom à commencer à venir et vouloir savoir le mestier d'armes. Et nous semble par vostre présent escript que icellui vostre désir avez grandement tenu en frivoles et en paroles de tençon et de despit, en diffamant nostre personne, cuidant par aventure que ce tourneroit à la confusion de nous, ce que Dieu peut bien tourner à la vostre, et à bon droit. Si sommes pour tant esmeuz, et non pas sans cause raisonnable, de vous donner response aux principaulx poins comprins en vosdictes lectres par manière comme cy-après pourrez plus pleinement apparcevoir, bien pensant et considérant que point n'appartient à nostre estat, ne que ne pourrions nostre honneur garder par tencer, ne avecques ce sur les autres poins frivoles et tençons pleins de malice, ne vous donner response aucunement, sinon que tout ce qui touche nostre reprouche est faulx.

Premièrement, quant à la dignité que vous dictes nous tenir, laquelle vous ne escripvez au long ne approuvez, et si ne vouldriez en ce approuver la manière

comment nous y sommes venus, certes nous nous esmerveillons grandement. Car nous le vous avions bien dit et déclairé avant nostre partement de pardelà, ouquel temps vous approuvastes nostre promocion et promistes aide à l'encontre de nostre très cher seigneur et cousin le roy Richard, que Dieu absoille, se nous l'eussions voulu avoir. Néantmoins, de la preuve ou de la despreuve de vous en ce, nous tenons bien peu de compte. Car, puisque Dieu, de sa bonne grâce, en nostre droit nous a approuvé, et tous ceulx de nostre royaume, aussi il nous souffist pour tous ceulx qui en ce nous vouldroient contredire, qui auront le tort; confiant de la bénigne grace de Dieu qui nous a gouverné et défendu, et bien a commencié en nous, car en continuant sa grande miséricorde, nous a mené à bonne fin et à telle conclusion que vous recongnoistrez la dignité qu'il nous a donné et le droit que nous y avons.

Quant à ce que en vosdictes lectres est faicte mencion du trespassement de nostre très cher seigneur et cousin, , que Dieu pardoint, en disant que Dieu scet par quoy, nous ne savons à quelle fin ne par quoy vous le dictes. Mais se vous voulez ou osez dire que par nous ou nostre vouloir ou consentement, il ait esté mort, il est faulx, et sera toutes les fois que vous le direz. Et à ce nous sommes et serons prest, à l'aide de Dieu, de nous défendre contre vous, corps à corps, se vous le voulez ou osez prouver.

Et là où vous escripvez en nous monstrant garder le propos que vous avez de l'aliance faicte par nous deux se en nous n'eust eu aucun défault d'avoir entreprins à l'encontre de nostre très cher seigneur et

cousin, ce que dictes nous avoir faict; qui estoit alié de vostre seigneur et frère, tant par mariage comme par escripz seellez de leurs seaulx; et aussi, du temps que vous feistes celle aliance avec nous, vous ne eussiez cuidié ne pensé que nous eussions fait à l'encontre de nostre très cher seigneur et cousin ce qui est congneu et que chascun scet que nous avons fait, à ce que vous en dictes nous respondons que nous n'avons riens fait envers lui que nous n'osons bien avoir fait ,devant Dieu et tout le monde.

En ce que vous nous escripvez que nous pourrions congnoistre et apparcevoir par voz lectres de ladicte aliance se ceulx qui estoient paravant exceptez, et se nostre très chère et amée cousine dame Ysabel, vostre honnorée dame et nièpce, y estoit pas comprinse, nous ne sçavons se les avez exceptez en général. Mais adonq, quant vous feistes l'aliance d'entre nous à vostre requeste, vous ne les acceptastes point en espécial comme vous feistes bel oncle de Bourgongne. Et néantmoins une des principales causes de vostre aliance, qui se fist à vostre instance et requeste, estoit pour la malveillance que vous aviez à vostredit oncle de Bourgongne, comme nous saurons bien déclairer quant nous vouldrons, par où tous loiaulx pourront apparcevoir se aucun défault y a en vous, et pour ce une ypocrisie souffiroit devers Dieu, sans estre usée devers le monde.

Quant à ce que vous maintenez que puisque vous avez sceu le fait que vous prétendez que nous avons fait à nostredit seigneur et cousin, vous n'eustes espérance que nous deussions tenir à vous, ne à aultrui, quelque promesse ou convenance que deussions avoir

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