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adonnez à nos services et commandemens; et finablement tous ceulx qui sont noz aliez, ausquelz appartient garder et tenir noz convens.

Item, entre ledit duc de Lenclastre et nous, sera tousjours sans intermission bonne affection de vraie dilection et de pure amour, comme doit estre entre

vrais et honnestes amis.

Item, chascun de nous sera tousjours et en tous lieux amy et bien vueillant l'un de l'autre et ennemi de ses ennemis, ainsi qu'il convient à honneur et louenge de l'un et de l'autre.

Item, en tous temps, en tous lieux et en tous cas, causes et besongnes, chascun de nous pourchacera, gardera et défendra le salut, le bien et estat de l'autre, tant en paroles comme en fais, diligemment et soigneusement, tant comme faire se pourra honnorablement et honnestement.

Item, en temps et en cas de discord et de guerre, nous aiderons et défendrons l'un l'autre à grant désir pour vouloir et parfaire œuvre envers et contre tous princes, seigneurs, barons et toute autre personne singulière, communaulté, college, université, de quelque seigneurie, dignité ou estat, degré ou condicion qu'ilz soient, par toutes voies et remède, engins, consaulx, forces, aides, gens d'armes, ost et autres subsides que nous pourrons et sçaurons. Et chascun de nous se levera, résistera et combatra contre tous les adversaires, guerroieurs et ennemis de l'autre, et se y efforcera de toute pensée, conseil et œuvres licites, exceptez tousjours, comme dit est, les dessusnommez.

Item, les choses dessusdictes se feront, tenront, garderont et dureront tant comme les trèves présentes,

faictes entre mondit seigneur et le roy d'Angleterre dureront. Et se meilleure paix se fait, ils dureront tant comme icelle paix durera entre eulx sans enfraindre. En tesmoing et fermeté de ce, nous avons fait faire et escripre ces présentes lectres et y mectre nostre seel pendant. Donné à Paris, le xvi jour de juing, l'an de grace mil trois cens quatre vings seize1. »

S'ensuit la seconde lectre du duc d'Orléans répliquant aux premières lectres du roy Henry d'Angleterre.

⚫ Hault et puissant prince, Henry, roy d'Angleterre, je, Loys, par la grace de Dieu filz et frère des roys de France, duc d'Orléans, etc. Vous escrips, mande et faiz savoir, que j'ay reçeu à bonne estrainne le premier jour de janvier, par Lanclastre, roy d'armes, vostre hérault, les lectres que escriptes m'avez, faisans response à aucunes autres lectres que mandées et escriptes vous avoye par Champaigne, roy d'armes, et par Orléans, mon hérault, et ay bien entendu le contenu d'icelles.

1. Paris, 17 juin 1396, sic dans le ms. Suppl. fr. 93. Il y a ici erreur de date, car l'original de ce traité, qui est en latin, est ainsi daté en toutes lettres. Datum Parisius, die decima septima mensis julii, anno Domini millesimo trecentesimo nonagesimo

попо.

2. C'était en effet une habitude du temps de donner des étrennes le premier jour de janvier. Et même on appelait ce jour, comme aujourd'hui, le jour de l'an, ainsi qu'on le voit par le passage suivant d'un compte de l'an 1458. « A madame Jehanne, fille du Roy nostre sire, duchesse de Bourbonnois et d'Auvergne, que le Roy nostredit seigneur lui avoit donné pour ses estrennes dudit jour de l'an, premier dudit mois de janvier, la somme de vc 1. t.

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Et quant à ce que vous ignorez ou voulez ignorer, que vous ne sçavez se mesdictes lectres se adressent à vous, vostre nom y est, lequel vous prinstes sur fons et que vostre père et mère vous appelloient. De la dignité que vous tenez je escrips au long, mais je ne appreuve point, ne ne vouldroie en ce approuver la manière comment vous y estes venu. Mais sachez de vray que mesdictes lectres s'adressent à vous.

Quant à ce que vous m'avez escript que vous avez merveille de la requeste que je vous ay faicte, considerées les trèves prinses par mon très redoubté prince, monseigneur le roy de France d'une part, et hault et puissant prince le roy Richard, mon nepveu et vostre seigneur lige, derrenier trespassé, Dieu scet par qui',

1. Richard II fut déposé le 29 septembre 1399. Son cousin, Henri de Lancastre, petit-fils du fameux prince Noir, lui succéda sous le nom de Henri IV et fut couronné le 13 octobre suivant. Richard mourut en prison dans le château de Pontefract, en West-Riding, le 24 février 1400. Les circonstances mystérieuses de sa mort ont donné naissance à trois opinions différentes. L'une, qu'il fut tué par sir Piers Exton qui était entré dans sa prison avec cinq assassins. L'autre, qu'il se laissa mourir de faim dans sa prison, en apprenant la défaite de ses partisans. Et c'est ce que dit Walsingham. Une dernière opinion, fut qu'on le laissa mourir de faim d'après les ordres de Henri de Lancastre. Le judicieux Lingard n'ose pas conclure ici, bien que la chose semble facile, surtout par un témoignage de l'archevêque Scrope, témoignage qu'il rapporte luimême, et que voici : Ubi eum breviter (ut vulgariter dicitur quindecim dies et totidem noctes, in fame, siti et frigore vexaverunt et crucifixerunt; et tandem morte turpissima, adhuc regno nostro Angliæ penitus incognita, sed gratia divina penitus non celanda, interimerunt et occiderunt. Quoi qu'il en soit, en France, on crut généralement que la mort de Richard II avait été le résultat d'un crime. Son successeur, bien qu'en traitant avec la France, y était

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CHRONIQUE

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d'autre part, et que que aussi vous dictes par vosdictes lectres que par aucune aliance faicte envers nous deux, laquelle vous m'avez envoiée de mot à mot, je la récite pour, les voians, mieulx informer en vous demonstrant, veu mon propos que lors avoie et auray, se Dieu plest, toute ma vie, c'estassavoir de garder l'aliance, se envers vous n'eust eu aucun défault.

Premièrement, d'avoir entreprins encontre vostre lige et souverain seigneur le roy Richard, que Dieu pardoint, ce que avez fait; qui estoit alié de mon très redoubté seigneur, monseigneur le roy de France, tant par mariage comme par escripz seellez de leurs seaulx. En quoy nous jurasmes, c'estassavoir ceulx de leur lignage d'un costé et d'autre, comme il appert par les lectres faictes pour le temps, ilz assemblerent devers monseigneur et vostre seigneur dessusdit, vous estans en sa compaignie et plusieurs autres de son lignage. Et povez congnoistre et apparcevoir par mesdictes lectres, dont vous m'avez envoié la copie, se ceulx qui estoient par avant aliez de mondit seigneur ne sont point exceptez. Et si povez savoir se ce seroit bien honneste chose à moy d'avoir aliance à vous de présent. Car au temps que je fis ladicte aliance je n'eusse cuidié, ne pensé que vous eussiez fait contre vostre roy ce qui est congneu et que chascun scet que vous

regardé comme un cruel usurpateur. C'est ce que démontre clairement une pièce originale du Trésor des Chartes. C'est une promesse de Henri IV de garder les trêves jurées par son prédéces seur, où le secrétaire du roi de France n'a pas hésité à mettre au dos la note suivante : Littere Henrici Lancastrie dicentis se esse regem Anglie, per quas promittit tenere treugas.

avez fait. Et pour ce que vous dites que nul seigneur ne chevalier, de quelque estat qu'il soit, ne doit demander à faire armes sans rendre leurs aliances avant qu'on feist ceste entreprinse, je ne sçay se à vostre seigneur le roy Richard vous rendistes le serement de feaulté que vous aviez à luy avant que vous procédissiez contre sa personne par la manière que avez fait. Et quant à la quictance que vous me faictes avant que vous me respondez à la promesse que faicte m'avez, comme il appert par les lectres sur ce faictes que je ne puis avoir, sachez que depuis que je sceuz le fait que vous feistes à vostre lige seigneur, je n'euz apparence que vous deussiez tenir à moy, ne aultrui, quelzconques convenances que vous deussiez avoir fait. Et devez penser et assez congnoistre que je n'ay vouloir d'avoir aliance à vostre personne.

Quant à la considéracion que povez avoir à la dignité en quoy vous estes, je ne pense que la vertu divine vous y ait mis, Dieu le scet et peut bien savoir, et avoir dissimulé, comme il a fait plusieurs princes régner et à la fin de leur confusion. Et à me comparer à vostre personne, point n'en est besoing, regardant mon honneur.

A ce que vous me rescripvez que pour l'oisiveté que vous avez eu vostre honneur a tousjours bien esté gardé, assez est le contraire sceu par toutes

contrées.

Quant à la venue que vous pensez à faire pardeçà sans le me mander quant ne où ce sera, rescripvez

le

moy ou le me mandez, et je vous asseure que vous orrez nouvelles sans guères actendre, de tout mon vouloir, pour faire et parfaire à l'aide de Dieu, se ay santé,

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