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S'ensuit la première lectre de response du roy Henry d'Angleterre aux lectres du duc d'Orléans.

« Henry, par la grace de Dieu roy de France et d'Angleterre et seigneur d'Yllande, à hault et puissant prince, Loys de Valois, duc d'Orléans. Vous escripvons, mandons et faisons savoir que nous avons veues voz lectres et requeste d'armes dont la teneur s'ensuit : « A très hault et puissant prince, Henry, etc. » Par la teneur desquelles nous povons bien apparcevoir à qui elles adressent. Néantmoins il est à nous comme pourroit estre entendu par ce que vous avez mandé, nous en avons grans merveilles pour les causes qui s'ensuivent premièrement, entre les trèves prinses et jurées entre nostre très cher seigneur et cousin, le roy Richart, nostre derrenier prédécesseur, que Dieu absoille, et vostre seigneur et frère, lesquelles vous mesmes avez jurées à tenir et qui sont affermées par vostredit seigneur et nous, secondement l'aliance qui fut pourparlée entre nous, et vous à Paris, et aussi par les seremens que vous baillastes en noz mains et ès mains de nos très chers chevaliers et escuiers, messire Thomas d'Espinguen, messire Thomas Rampston et Jehan Marburi, de la bonne amitié et aliance que vous promistes à nous tenir. Desquelles lectres de vostre aliance seellées de vostre grant seel la teneur s'ensuit Ludovicus, etc. Or, puis qu'ainsi est que vous avez commencé devers nous, contre raison, pour les causes dessus dictes, comme il nous semble, qu'il nous soit par vous envoyé, nous voulons respondre en la manière qui s'ensuit. C'est à dire que nous voulons bien que Dieu et tout le monde sache, qu'il n'a esté

ne n'est nostre entencion de aler contre chose que nous aions promis en nostre défault ne par nous commencié, mais puis que vous avez ainsi commencé en vostre personne devers nous, vous prions, mandons et faisons savoir que la pareille lectre d'aliance que vous avez reçeue de nous, cassons, adnullons et révoquons tant qu'est en nous, et tenons pour nulle amitié, amour, aliance doresenavant, et ce en vostre défault. Car il nous semble que nul prince, seigneur, chevalier ne autre de quelque estat qu'il soit, ne doit demander ne faire armes soubz icelle aliance et amitié. Et pour ce nous vous quictons devers vous toute nostre aliance et amitié, et vous respondons à vostre lectre de requeste combien que consideré la dignité que Dieu nous a donnée et là où Dieu nous a mis de sa bonne grace, ne devrions respondre à nul tel fait si non de pareil estat et dignité que nous sommes, si faisons à vous savoir que là où il est contenu en vostre lectre que l'emprinse que vous pensez que nous devons avoir pour venir à proesse regardant l'oisiveté, il est vray que nous ne sommes point tant emploiez en armes et honneurs comme noz nobles progéniteurs ont esté. Mais Dieu est tout puissant de nous mectre à poursuir leurs fais quant lui plaira, lequel par toute l'oisiveté que nous avons eu de sa bonne grace tousjours à gardé nostre honneur. Et quant à ce que vous désirez d'estre à lieu et à jour regarder, tant de nous comme de vous, en une place où nous feussions nous deux acompaignez chascun de son costé de cent chevaliers et escuiers de nom et d'armes et gentilz hommes sans avoir reprouche, à nous combattre jusques au rendre, vous faisons savoir qu'il n'a esté veu devant ceste

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heure que aucuns de nos nobles progéniteurs roys ait
esté ainsi infesté par aucunes personnes de mendre
estat qu'il n'estoit lui mesmes, ne qu'il n'avoit mis, ne
emploié son corps en tel fait avecques cent personnes
ou autre nombre, pour telle cause. Car il nous semble
que ce que ung prince roy fait, il le doit faire à l'on-
neur de Dieu et commun prouffit de toute chrestienté
ou de son royaume, et non pas pour vaine gloire, ne
pour nulle convoitise temporelle. Et nous voulons par
tout conserver l'estat que Dieu nous a donné, prins à
nous tel
propos que à quelque heure qui nous plaira et
semblera mieux expédient, à l'onneur de Dieu et de
nous et de nostre royaume, nous venrons personelle-
ment en nostre pays pardelà, acompaigné de tant de
gens et telz comme il nous plaira, lesquelz nous répu-
tons tous noz loiaulx serviteurs, subgetz et amis, pour
y conserver nostre droit. Ou quel temps, se vous pen-
sez qu'il soit bon à faire, vous vous pourrez mectre
avant avec tel nombre de gens que bon vous semblera,
pour vous acquérir honneur en acomplissement de
vostre courageux désir. Et se Dieu plaist et Nostre
Dame et monseigneur saint George, vous n'en partirez
sans estre respondu à vostredicte requeste, tellement
que vous en devrez estre tenu pour respondu, soit
pour combatre entre noz deux personnes autant
comme Dieu vouldra souffrir, laquelle chose nous
désirons plus que autrement pour eschever l'effusion
du sang chrestien, ou autrement en plus grant nombre.
Et Dieu scet, et voulons que tout le monde sache, que
ceste nostre response ne procède point d'orgeuil, ne
de présumpcion de cuer, ne pour mectre en reprouche
nul preudhomme qui son honneur a cher, mais seule-

ment pour faire abatre la haultesse de cuer et surcuidance de cellui, quel qu'il soit, qui ne scet discerner en quel estat il est lui mesmes. Et se vous voulez que tous ceulx de vostre partie soient sans reprouche, gardez vos lectres, voz promesses et vostre seel que m'avez fait devant ceste heure. Et pour ce que nous voulons que vous sachez que celle nostre response, laquelle vous escripvons et mandons, procède de nostre certaine science, et que nous l'acomplirons en nostre droit, se Dieu plaist, nous avons seellé du seel de noz armes ces présentes lectres. Donné en nostre court de Londres, le v jour du mois de décembre, l'an de grace mil quatre cens et deux, et de nostre règne le iv. »

S'ensuit la lectre de l'aliance jà pieça faicte entre le duc d'Orléans et le duc Henry de Lenclastre, avant qu'il feust fait roy d'Angleterre.

« Loys, duc d'Orléans, conte de Valois, de Blois et de Beaumont, à tous ceulx qui ces présentes lectres verront, salut et dilection. Savoir faisons par ces présentes que jà soit ce que entre hault et puissant prince, nostre très cher cousin, Henry, duc de Lenclastre', et nous, soit donné dilection et affection, néantmoins, nous, désirans avoir plus ferme amitié et aliance ensemble, actendu que nulle chose en ce monde ne se peut à peine trouver meilleure, ne plus plaisant, ne plus prouffitable de ce, ou nom de Dieu et de la très saincte Trinité, qui est très bel exemple et aussi ferme

1. Le ms. Suppl. fr. 93, porte: « Henry, duc de Lenclastre et Herosdie, comte d'Erby, Lincelne, Leychestre et Northamp

ton. »

et estable fondement en parfaicte charité et amitié, ne sans le bras de sa grace riens ne se peut bien ne prouffitablement mectre à fin, Nous, en forme et manière que ceste nostre amitié soit réputée honnorable et honneste, sommes venus et venons à faire aliance et confédéracion en ceste manière :

Premièrement. Chascun de nous tient estre raison et appreuve moult que en ceste aliance soient exceptez tous ceulx qui sembleront à chascun de nous estre exceptez au regard de honnesteté, et pour ce nous exceptons de nostre fait ceulx qui s'ensuivent : Premièrement, nostre très hault et puissant prince et mon très redoubté seigneur, Charles, par la grace de Dieu roy de France, monseigneur le Daulphin, son ainsné filz et tous les autres filz et enfans de mondit seigneur, madame la royne de France et nos très chers oncles, les ducs de Berry et de Bourgongne et de Bourbon, très nobles princes nos très chers cousins, le roy des Rommains et de Boesme, le roy de Hongrie, son frère, et leurs oncles, et Precop, marquis de Morienne, et aussi tous noz cousins plus prouchains et tous autres de nostre sang, présens et avenir, tant masles comme femelles, et nostre très cher père, le duc de Milan, la fille duquel nous avons à femme, pour laquelle affinité nous appartient estre favorable à son bien et honneur; et très nobles princes nos très chers cousins, le roy de Castille, le roy d'Escoce et tous autres aliez à mondit seigneur, ausquelz il nous fault adhérer avec mondit seigneur, et nostre très cher cousin le duc de Lorraine, le conte de Clèves, le seigneur de Cliçon et tous nos vassaulx et obligez par foy et serement, lesquelz nous devons estre gardez de mal pour ce qu'ilz se sont

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