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vouées, desquelles mencion est faicte ès lectres seellées du seel de vos armes; sur ce que j'ay tant fait, qu'à ma poursuite, avec l'aide de monseigneur et de mon lignage, que le Roy, mon souverain et lige seigneur, le m'a octroié, et sur ce ordonné excellent et puissant seigneur, monseigneur de Sombreseil, son frère, capitaine de Calais, à estre nostre juge, si comme escript vous ay par Aly le poursuivant, par mes lectres portans date de l'xıo jour de juing derrenièrement passé, lesquelles vous povez bien avoir veues en digne et souffisant temps, si comme peut apparoir par les lectres de noble et puissant homme, le seigneur de Gaucourt, chambellan du Roy de France, datées du xx jour du mois de janvier, lesquelles contiennent que à vous-mesmes il a lesdictes lectres envoiées, pour haste de venir par deçà; pourquoy povez bien entendre que le jour de l'acomplissement de nos dictes armes sera le premier lundi du mois de may prouchainement venant, car ainsi fut-il appoincté et ordonné par Roy, nostre sire, sur la poursuite de ma dicte impétracion, et ainsi il le me convient tenir. Sur quoy, pour ce qu'il a pleu à icellui monseigneur le Roy, pour autres plus haultes causes et matières touchans et regardans le fait de sa royale excellence, avoir ordonné monseigneur son frère en autres parties estre, audit jour, il lui a pleu avoir tant fait à l'umble supplicacion de moy, et pour contemplacion de mesdiz seigneur et amis de lignage, pour tenir ladicte journée et estre nostre juge, il a commis et député son cousin et mon très honoré seignenr Hue Lutilier, lieutenant de mondit seigneur de Sombreseil audit lieu de Calais ;

le

et pour ce, suis venu, prest pour acomplir lesdictes armes au plaisir de Dieu, de saint George et de saint Anthoine, espérant que de vostre partie pour l'alégement de vostre dicte peine, vous y serez aussi présent. Et en celle entente, je vous envoie sauf-conduit pour soixante personnes et autant de chevaulx. Autre chose de présent ne vous sçay que rescripre, car vous sçavez assez qu'il appartient à vostre honneur. Si prie au Dieu d'amours que, ainsi que vous désirez l'amour de vostre dame, vous avancez vostre venue. Escript audit lieu de Calais, soubz le seel de mes armes, le second jour de janvier, l'an mil quatre cens. >>

S'ensuit la tierce lectre du chevalier anglois, envoiée audit escuier d'Arragon.

« Honnorable homme, Michel d'Orix, je, Jehan de Prendegrest, chevalier, salut. Il vous plaise bien avoir en remembrance que de par vous furent envoiées par deçà, par Aly le poursuivant, unes lectres générales et universelles adrécans à tous chevaliers anglois, escriptes à Paris, le venredi vingtième jour d'avril, l'an mil quatre cens, seellées du seel de voz armes, et aussi vous ne devez pas oublier la response que je feis ausdictes lectres, comme scet le chevalier d'Angleterre à qui elles vindrent premièrement. De laquelle response et de ce qui depuis s'en est ensuy, je vous ay escript la substance par mes lectres seellées de mes armes, de la date du onzième jour de juing derrenier passé. Et aussi vous envoyai sauf-conduit bon et souffisant, pour venir par deçà acomplir l'entente de vos dictes lectres universelles, si comme ès dictes miennes derrenières lectres est pleinement contenu, où s'en

suit : « A honnorable homme, Michel d'Oris. » Sur quoy, vueillez savoir que j'ay grant merveille, car, actendu la substance et teneur d'icelles lectres, je n'ay eu de vous autres nouvelles, soit de venir au jour qui assigné estoit, ou autrement de deue excusacion pour essoine de vostre corps. Néantmoins, je ne scay se le Dieu d'amours qui vous exorta et mit en courage de vos dictes lectres générales envoier, ait en aucunes choses esté si despleu, par quoy il ait changié les condicions anciennes qui souloient estre telles, que pour resveiller armes et pour chascun acroistre il tenoit les nobles de sa court en si réale gouvernance que pour acroissement de leur honneur, après ce qu'ils avoient empris aucun fait d'armes, ils [ne] se absentoient du pays où ils avoient fait leur dicte entreprinse jusques à tant que fin en feust faicte; ne aussi faisoient leurs compaignons, fraier, traveiller, ne despendre leurs biens en vain. Non pourquant je ne vouldroie pas qu'il trouvast ceste défaulte en moy, si qu'il eust cause de me bannir de sa court. Pour tant je vueil encore demourer par deçà jusques au huitième jour de ce présent mois de may, prest, à l'aide de Dieu, de saint George et de saint Anthoine, de vous délivrer, si que, ma dame et la vostre puissent savoir que pour la révérence d'icelles j'ay voulenté de vous aisier de vostre grève qui par si long temps vous a mésaisié, comme vos dictes lectres contiennent, pour quoy aussi vous avez cause de désirer vostre alégence. Après lequel temps, se venir ne voulez, je pense, au plaisir de Dieu, retourner en Angleterre par devers nos dames, ausquelles, j'ay espoir en Dieu, qu'il sera tesmoigné par chevaliers et escuiers, que je n'ay en riens mes

prins envers le Dieu d'amours, lequel vueille avoir lesdictes, ma dame et la vostre, pour recommandées, sans avoir desplaisir envers elles pour quelque cause qui soit advenue. Escript à Calais, soubz le seel de mes armes, le second jour de juing, l'an quatre cens et ung. »

mil

S'ensuit la teneur des lectres que l'escuier d'Arragon escripvi au chevalier d'Angleterre sur lesdictes lectres prouchaines précédentes.

« A très noble personne, messire Jehan de Prendegrest, chevalier, je, Michel d'Oris, escuier, natif du royaume d'Arragon, faiz assavoir, que pour l'ardant désir et courageux vouloir que j'ay tousjours eu et auray tant que Dieu me fera vivre, d'emploier et user mon temps en armes ainsi que à ung chascun gentil homme appartient, sachant que ou royaume d'Angleterre soient plusieurs chevaliers anglois pleins de grant chevalerie, lesquelz longuement à mon advis estoient demourez endormis, pour les resveiller à démonstrer leur hardiesse et pour avoir de eulx aucune compaignie et congnoissance, l'an mil quatre cens, prins ung tronçon de grève à porter à ma jambe jusques à ce que je seroie délivré des armes contenues en mes lectres, dont la teneur s'ensuit : « Ou nom de Dieu, etc. » Lesquelles lectres portées par Aly le poursuivant, si comme voz lectres données à Calais le onzième jour de juing le tesmoingnent, desquelles,

afin

que ma response à icelles puist mieulx convenir, la teneur s'ensuit : « A noble homme et honnorable personne Michel d'Oris, etc. » Du contenu ou commencement des dictes lectres, je vous remercie de ma part tant comme je puis, de ce que vous me

voulez délivrer de la peine en quoy je suis, ainsi qu'en voz gracieuses lectres maintenez que vous avez long temps désiré avoir acointance avec aucun noble et vaillant homme de la partie de France, comme se vous vouliez ignorer dont je suis. Pour ce, vous ay cy-dessus fait assavoir que je suis nez du royaume d'Arragon, non pour quant que je, et chascun plus grant que moy, peut justement dire avoir bon titre quant il est natif du royaume de France, car il n'est nul qui puist dire avoir trouvé sur françois, vilain reprouclie en chose que chascun preudomme ou gentil homme peut faire, qui la vérite en vouldroit dire, mais pour tant que nul preudomme ne doit denyer son pays, et pour vous faire assavoir et monstrer la voulenté que j'ay eue, et ay, et auray tant que soient acomplies les armes déclairées en mes premières lectres, il est vray que je, demourant oudit royaume d'Arragon, emprins les armes dessusdictes. Mais voyant que j'estoie trop loing des parties d'Angleterre, pour plus tost la chose acomplir me parti d'ilec et m'en vins à Paris, où je demouray actendant voz nouvelles long temps depuis que je avoie envoiées mesdictes premières lectres. Et depuis, pour certaines causes neccessaires touchant mon souverain seigneur le roy d'Arragon, me parti de France et m'en retournay en mon pays, très melencolieux et esbahy de ce que je trouvay délay en tant de nobles chevaliers, de si petit esbatement comme j'avoye devisé, dont n'avoie eu nulle response. Si y demouray par l'espace de deux ans, pour cause de guerre qui estoit entre mes amis. Puis, prins congié à mondit seigneur, et m'en retournay à Paris

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