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Sur M. MARET DE CHAR MOI, membre résidant de l'Académie des sciences, arts et belles

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L'homme de génie se perpétue dans le souvenir de la postérité par des écrits d'un grand intérêt et par des services éminens rendus aux sciences ou aux lettres; cependant sans, avoir donné le jour à d'immortels, ouvrages, on peut encore être recommandable par des travaux d'un moindre prix, et mériter la faveur publique par des vertus généreuses et d'aimables qualités.

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Tel fut l'honorable collègue, dont en ce jour nous déplorons la perte....

Qu'il m'est satisfaisant, Messieurs, de pouvoir en votre présence, jeter quelques fleurs sur sa tombe.

C'est un hommage que l'Académie rend à sa mémoire ; c'est également un tribut de re

grets que je dois personnellement à vingt-cinq années d'estime et d'amitié.

Si dans cette circonstance je semble me complaire dans une plus grande étendue de détails ; si j'obéis plus à l'impulsion de mon cœur, qu'à cette sévérité scrupuleuse qui devroit accompagner un éloge, je réclame, Messieurs, cette indulgence dont si souvent vous m'avez honoré, et dont j'aime à me féliciter.

M. Maret de Charmoi, associé résidant de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, naquit à Bourg en Bresse. Il étoit fils de M. Maret, syndic de cette province.

De bonne heure M. Maret annonça d'heureuses dispositions, et les beautés d'Horace et de Virgile lui étoient à peine connues, que déjàil composoit des verset invoquoit le génie des Muses; aussi ses études furent couronnées d'un succès constant; et dans ces fêtes de la jeunesse, qui sont consacrées au triomphe des études; à cet âge où les plaisirs sont si vifs, les succès si bien sentis, sans doute parce que l'ame dans toute sa pureté n'est alors inquiétée par aucune passion, M. Maret sut obtenir des couronnes et des applaudissemens.

Sa famille lui destinoit une place dans l'une des cours souveraines de la province de Bourgogne ; mais la révolution vint traverser ces

projets, et M. Maret libre de tous ses instans se voua tout entier à l'étude des lettres et des

arts.

Son goût et sa sensibilité lui firent rechercher de préférence la lecture de ces ouvrages fabuleux qui créent des dieux à la poésie et aux arts, et reproduisent sous toutes sortes de formes la passion et le sentiment.

Nous en trouvons une preuve dans la pièce de vers dont il fit hommage à l'Académie, et qui est une traduction de Catulle sur les douleurs d'Ariane abandonnée dans l'île de Naxos.

Plus tard, M. Maret augmenta ce travail en y joignant le récit des consolations que Bacchus prodigue à l'infortunée Ariane.

L'Académie, dont le principal but est d'exciter l'émulation et d'encourager les talens, se fit un plaisir d'associer à ses travaux, un jeune homme qui donnoit de si grandes espérances, et d'autant plus fondées qu'on trouvoit en lui cette réunion de qualités qui sont le plus bel apanage de la science et de l'esprit :

De l'aisance et de l'affabilité dans les manières ;

De la modestie sans affectation

;

De la douceur et de l'égalité dans le caractère ;

De l'instruction sans pédantisme.

Ces qualités si peu connues s'embellissoient encore de cet usage des convenances, de cette bienséance de ton, qui rendent l'homme digne de lui-même, et donnent à sa diction tant de charmes et tant de noblesse.

Combien il seroit à désirer que ces qualités autrefois si bien appréciées, conservassent de nos jours tous leurs charmes et tout leur empire; elles nous rapprocheroient de cette urbanité française, qui dans des temps plus reculés faisoit les délices de la société.

Nos aïeux lui durent plus de douceur et de politesse dans leur caractère, plus d'aménité dans leurs mœurs, plus de loyauté dans leur conduite, plus de délicatesse dans leurs procédés ; ils lui durent surtout ces sentimens nobles et généreux qui firent la gloire de la chevalerie française, et dont on retrouve les véritables modèles dans les Bayard et les Condé.

Dans ces temps heureux, l'honneur et la considération jouissoient de toute la plénitude de leurs droits; l'égoïsme, la soif de l'or étoient voués au mépris; alors les obligations sociales étoient plus sévères et plus respectées; et ce changement qui s'est opéré dans nos mœurs a influé plus qu'on ne le

pense, sur les désordres et les malheurs de la société.

Accessible à tous les sentimens généreux, M. Maret possédoit par excellence celui de l'amitié; personne n'en connut mieux que lui toute l'étendue, personne n'en remplit mieux les devoirs et sans doute ne ressentit avec plus de délices les jouissances qu'elle fait éprouver.

Toutes ces qualités lui concilièrent l'affection et le respect des habitans de Grenau ; ils le regardoient comme leur père, comme leur appui, et dès-lors il ne lui manquoit plus que la sanction du gouvernement pour remplir une place dont il possédoit d'avance toutes les qualités. M. Maret fut nommé maire de Grenau en 1807; son administration toute paternelle perpétuera dans le cœur des habitans de ce village le souvenir d'un nom que dans l'exercice de ces fonctions on doit savoir honorer par une entière abnégation de soi-même, et qu'également on doit faire chérir par des bienfaits et par des vertus. Quelles que fussent ces occupations, elles ne détournèrent point M. Maret de la culture des lettres et de l'étude de l'archéologie.

Cette science, dont le temps et le vandalisme détruisent chaque jour les monumens,

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