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avec un zèle philosophique à une révolution qui, en abaissant la suprématie commerciale de l'Angleterre, pouvait rendre plus florissant le commerce de ses États. Deux rois,

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» heur de l'Angleterre demande que le roi jouisse d'un pouvoir despotique. Impérieux et dur dans le gouver» nement, peu soucieux sur le choix des moyens qu'il emploie, sa maladresse dans le maniement des affaires l'emporte encore sur son obstination. Un million de » livres sterling que la nation paie annuellement au roi » pour l'entretien de sa liste civile, ne suffisait qu'à peine pour contenter la vénalité des membres du par»lement. La nation, dégradée par le souverain même, » n'eut depuis d'autre volonté que la sienne. Mais, » comme si ce n'était pas assez, le lord Bute engagea le » roi à taxer des impôts arbitraires les colonies améri» caines, autant pour augmenter ses revenus que pour » donner un exemple qui, par la suite des temps, pût » être imité dans la Grande-Bretagne. Les Américains,

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qu'on n'avait pas daigné corrompre, s'opposèrent » ouvertement à cet impôt, si contraire à leurs droits, >> à leurs coutumes et surtout aux libertés dont ils jouissaient depuis leur établissement. Un gouvernement »sage se serait hâté d'apaiser ces troubles naissans; » mais le ministère de Londres agit d'après d'autres principes. La dureté et la violence achevèrent, de sou» lever les Américains. Ils tinrent un congrès à Philadelphie, où, renonçant au joug anglais, qui désormais » leur devenait insupportable; ils se déclarèrent libres » et indépendans. Dès lors voilà la Grande-Bretagne en

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dont l'un avait humilié des républicains, et dont l'autre avait été humilié par eux, Gustave III et Stanislas-Auguste, louaient avec complaisance les maximes des législateurs de l'Amérique : elles excitaient en Hollande un enthousiasme qui menaçait le pouvoir du stathouder. Les diverses déclarations des droits des treize États-Unis circulaient en Espagne sans y craindre la censure de l'inquisition; et cette cour, catholique et despotique, allait les appuyer par ses armes.

Les ministres anglais parurent ne point comprendre la doctrine des législateurs de l'Amérique; ni eux ni leurs partisans, quelle que fût la passion qui les animât, ne devi nèrent l'effet qu'opéreraient de tels manifestes sur l'imagination des peuples. Il ne partit de la salle de Westminster aucun avertissement sinistre pour effrayer les cabinets dont la politique, en secondant les insur

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gagée dans une guerre ruineuse, avec ses propres » colonies. La France, toujours rivale de l'Angleterre, voyait avec plaisir ces troubles; elle encourageait » sous main l'esprit de révolte, et animait les Américains » à soutenir leurs droits contre le despotisme que le roi » George III voulait y établir, en leur présentant en perspective les secours qu'ils pouvaient en attendre. »

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OEuvres de Frédéric III, t. 4.

gés, semblait consacrer un code raisonné d'insurrection; seulement une brochure publiée en Angleterre vers la fin de 1777, et qu'on croit avoir été inspirée par le ministère britannique, renfermait des avis et des prédictions dont voici la substance : « Vous armez, monarque imprudent, y disait-on en s'adressant à Louis XVI; oubliez-vous dans quel siècle, dans quelles circonstances et sur quelle nation vous régnez ? Les artifices de votre diplomatie ne peuvent plus nous le déguiser, vous armez pour soutenir l'indépendance de l'Amérique et les maximes du congrès. Il est une puissance qui s élève aujourd'hui au-dessus des lois : c'est celle des raisonnemens ambitieux, elle conduit une révolution en Amérique peutêtre elle en prépare une en France. Les législateurs de l'Amérique s'annoncent en disciples des philosophes français; ils exécutent ce que ceux-ci ont rêvé. Les philosophes français n'aspireront-ils point à être législateurs dans leur propre pays? Des principes qui ne peuvent se plier aux lois anglaises s'accorderont-ils mieux avec les bases de votre monarchie? Quel danger n'y a-t-il point à mettre l'élite de vos officiers en communication avec des hommes enthou

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siastes de liberté ? Vous vous inquiéterez, mais trop tard, quand vous entendrez répéter dans votre cour des axiomes vagues et spécieux qu'ils auront médités dans les forêts d'Amérique. Comment, après avoir versé leur sang pour une cause qu'on nomme celle de la liberté, feront-ils respecter vos ordres absolus? D'où vous vient cette sécurité, quand on brise en Amérique la statue du roi de la Grande-Bretagne ; quand on dévoue son nom à l'outrage? L'Angleterre ne sera que trop vengée de vos desseins hostiles, quand votre gouvernement sera examiné, jugé et condamné d'après les principes qu'on professe à Philadelphie, et qu'on applaudit dans votre capitale. »

Débats du parlement

1776

Les principes que réfutait cet écrit étaient préconisés avec enthousiasme dans les deux d'Angleterre. chambres du parlement d'Angleterre , par une opposition peu nombreuse, mais toute et 1777. brillante de vertus, de talens et de gloire. Jusqu'à cette époque les débats du parlement d'Angleterre n'avaient que faiblement excité la curiosité de l'Europe, et même de la France. Le soin d'y démêler de grands projets était abandonné aux hommes d'État, et aux nouvellistes dont les conjectures politiques charment l'oisiveté. Des discus

sions relatives aux rouages compliques de la constitution anglaise, et un système de finances plus compliqué encore; des développemens prolixes et embarrassés,' qui se ressentaient de la gêne de l'improvisation; des images hardies peu conformes au génie facile de notre langue; des sarcasmes qui blessaient la politesse de nos mœurs : voilà ce qui ôtait parmi nous un puissant effet à des discours qui, même en Angleterre, survivaient peu aux circonstances du moment. Pitt, dès le début de sa carrière, sut mêler à des résultats positifs, à de grandes vues d'administration, les mouvemens libres et les traits de flamme des orateurs de l'antiquité. L'orgueil de sa nation ne fut jamais si pleinement satisfait que dans les discours où il annonçait les succès toujours croissans de ses opérations. Les Français étaient trop humiliés dans ses discours pour les lire avec avidité. Ils pouvaient bien alors rire de leurs défaites, mais ils étaient importunés de la joie qu'elles causaient à leurs ennemis. La résolution adoptée par le ministère de dompter à tout prix la rébellion des colonies, offrit aux orateurs du parti de l'opposition le champ le plus favorable à l'éloquence. Leur compassion pour les Américains

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