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Expédition

du Canada.

liberté. A peine l'agent de ce projet eut-il formé des bandes de révoltés, qu'elles furent en proie à tous les fléaux : la famine et des maladies contagieuses en détruisaient promptement la plus grande partie. Le reste, en se sauvant sur les vaisseaux, y fut assailli par la tempête. Charles-Town, capitale de la Caroline méridionale, fut vivement attaquée par la flotte et l'armée anglaises. Le général Lee fit avec peu de troupes une défense qui sauva cette ville, et qui excita le plus vif enthousiasme parmi les Américains.

Le commerce anglais était troublé dans les Antilles, et jusque sur les côtes européennes, par de nombreux corsaires sortis des ports de l'Amérique méridionale.

Un seul événement malheureux interrompit cette glorieuse suite de succès qui couronnait les premiers efforts de la liberté américaine...

Après avoir traversé, tantôt en vainqueurs 1775. et tantôt en amis, une grande partie du Canada, les Anglo-Américains furent forcés de lever le siège de Quebec, et d'abandonner une colonie qui offrait aux Anglais les meilleurs points d'appui pour des attaques successives. Trois mille hommes avaient tenté cette expédition, et y avaient montré un

courage dont leur retraite même n'effaçait point la gloire. Le colonel Arnold, qui devait, dans cette guerre, se montrer d'abord sous l'aspect le plus honorable, et ensuite sous l'aspect le plus ignominieux, avait commencé ce mouvement avec une noble témérité. Une attaque soudaine et habilement concertée, qu'il avait faite avec une poignée d'hommes sur les forts de Ticonderago et de la Couronne, avait ouvert aux Américains le chemin du Canada. Les Anglais n'y avaient laissé qu'un petit nombre de troupes. Montgommery, qui, jeune encore, s'était distingué dans la guerre de sept ans, fut chargé par le congrès de pénétrer dans cette colonie, et de gagner les Canadiens à une cause qui, de la situation d'un peuple conquis, les ferait passer à celle d'un peuple libre. Ses armes et son éloquence obtinrent d'abord un égal succès. Plusieurs forteresses lui cédèrent, et après un siége poussé vivement, Montréal lui ouvrit ses portes. Il fut bientôt sous les murs de Quebec. Carleton, officier anglais très-estimé pour sa prudence et sa bravoure, avait rassemblé dans cette ville huit cents soldats mêlés à des milices françaises. Montgommery vit que tout délai compromettait son entreprise, et se hâta de

donner un assaut à la ville. Comme il s'élançait sur une batterie anglaise, il fut frappé à mort. Le bouillant Arnold fut blessé en voulant le venger. Un autre capitaine, Morgan, fut enveloppé avec tout un détachement, après avoir combattu avec une rare intrépidité. Les assiégeans se retirèrent affaiblis et découragés; mais Arnold ne leur permit pas de lever le siége. Peut-être eût-il obtenu le prix de sa courageuse persévérance, si les dispositions des habitans du Canada n'eussent tout à coup changé. Les prêtres de la colonie s'étaient déclarés pour les Anglais; ils refusaient la confession et les sacremens à qui n'embrassait point le même parti. Les Canadiens renoncèrent, par un scrupule religieux, à l'espoir de l'indépendance. Le général américain, après de nouvelles tentatives, vit qu'il était temps de s'ouvrir un chemin à travers un pays qui abandonnait sa cause, et ramena en bon ordre sa petite armée à Ticonderago.

Le congrès célébra cette entreprise comme si elle eût eu d'heureuses conséquences. Toute cette assemblée exprima des regrets pathétiques sur la mort de Montgommery. La mémoire de ce brave officier fut honorée jusque dans le parlement d'Angleterre. Le

parti de l'opposition se faisait un devoir d'exalter l'héroïsme, l'humanité et l'enthousiasme civique de celui que les ministres traitaient de rebelle. « Que les ministres, » dit Charles Fox, ne m'accusent pas de >> pleurer un ennemi; je les accuse, moi, » d'avoir fait pour nous un ennemi d'un » guerrier doué de toutes les vertus, et » d'avoir détaché de notre cause tant » d'hommes qui avaient concouru et qui >> concourraient encore aux triomphes de >> la patrie. >>

Unis.

4 juillet

1776.

Un nouveau congrès s'était formé sous les auspices les plus favorables. La présence de Déclaration de l'indépendanFranklin avait doublé les forces de cette ce des Étatsassemblée. Il revenait d'Angleterre, où son adroite et courageuse mission, comme représentant des colonies, avait suscité mille embarras aux ministres, et souvent fait avorter leurs projets. C'était de là qu'il avait donné à ses compatriotes le signal de l'insurrection, en les prévenant de mesures dont il avait surpris le secret, et en leur transmettant des lettres ministérielles qu'il avait osé intercepter. « Voilà le sort qu'on vous » prépare, avait-il écrit ; armez-vous. » Lorsqu'il fut de retour parmi ses compatriotes, les premiers mots qu'il leur dit furent ceux-ci:

« Vous avez tiré le glaive; vous l'avez fait >> avec succès on vous craint, on va vous >>> flatter. Si vous ne voulez être bientôt trai>> tés en rebelles, déclarez-vous indépen» dans. Le roi de la Grande-Bretagne ne » respire que votre esclavage. Ses ministres >> serviront toujours un projet dans lequel >> il est inflexible, parce qu'il ne sait pas en » calculer les dangers. Ne craignez point » d'effrayer, par une résolution hardie, le >> parti qui réclame pour vous en Angle» terre. L'inutilité de ses efforts depuis dix » ans l'a aigri, et lui fait craindre de voir >> renaître des jours d'oppression. Il tombe » si vous cédez. Il n'y a plus de liberté anglaise, s'il n'y a pas une liberté américaine. >> Le nombre des Whigs diminue dans les >>> deux chambres les Torys triomphent. >> Combattez comme vous l'avez fait; triom>> phez comme vous venez de le faire, et » vous aurez dans la métropole des amis » utiles, parce que votre courage et votre >> résistance les auront rendus puissans. Les >> ministres actuels, confondus dans leurs >> plans et dans leurs mesures, expieront » l'incendie et le ravage qu'ils ont portés » dans nos paisibles contrées. D'autres mi» nistres reconnaîtront notre indépendance

>>

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