dependent des difpofitions où nous fommes. Ce que
nous nommons naturel, n'eft que l'art tourné en habi-
inde. Pour déterminer le naturel propre à chaque genre
de polfie, il faut obferver les circonftances, qui ont
concouru à former le flyle poétique. L'art change,
lorfqu'il fait des progrès, & lorfqu'il tombe en deca-
dence. Notre goût éprouve les mêmes variations.
Ainfi que le mot naturel, les mots beau & goût n'ont
d'ordinaire qu'un fens vague. Le beau fe trouve dans
les derniers progrès qu'ont fait les arts. Nous nous
en ferons une idée, en obfervant un peuple chez qui
les arts ont eu leur enfance & leur décadence. Jugemens
que nous porterions, fi nous vivions dans le premier
age des arts. Jugemens que nous porterions dans le
Jecond age. Comment dans le fecond age on fe fait
l'idée du beau. Jugemens que nous portons dans le
troifieme age. Les chefs-d'œuvres du fecond âge déter-
minent le naturel propre à chaque genre du ftyle.
L'accord entre le Jujet, la fin & les moyens, fait
toute la beauté du flyle. Il fuppofe que les idées s'offrent
dans la plus grande liaison, Il dépend encore de dif-
férentes affociations d'idées, qui déterminent le caractère
propre à chaque genre. Ces affociations d'idées varient
comme l'efprit des grands poètes, & rendent le
ftyle poétique tout-à-fait arbitraire. Elles varient
comme l'efprit des peuples. Les obfervations qu'on
feroit à ce fujet, donneroient d'une langue à l'autre,
des réfultats différens. C'est donc une chofe fur laquelle
on ne peut point donner de regles générales. Ces
affociations d'idées font que le ftyle de poefie differoit
plus pour les anciens de celui de la profe, qu'il n'en
differe pour nous. Comment le langage de fictions eft
devenu pour les Grecs le langage de la poéfie. Les
peuples modernes n'ont pas pu imaginer de pareilles.
fictions. Ils ont adopté celles des anciens, & ils les
ent cru effentielles à la poéfie. Des circonftances dif-