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,, tenir, pour ainfi dire, le fil de toutes les affai , res de l'univers, Boffuet.

J'aimerois mieux voir dans un abrégé, que voir ce qui regarde ces chofes renfermé dans un abrégé. Je retrancherois encore par ce moyen, comme inutile.

Il y a deux inconvéniens à craindre dans les longues périodes: l'un de tomber dans des équivoques pour éviter les conftructions forcées; l'autre de faire violence aux conftructions pour éviter les équivoques. Ce n'eft pas affez qu'une tranfpofition prévienne les doubles fens, il faut encore que les idées fe lient également dans l'ordre renverfé comme dans l'ordre direct. Voici une longue période qui eft fort bien faite.

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Quel témoignage n'eft-ce pas de fa vérité, de voir que dans les tems où les hiftoires profanes n'ont à nous conter que des fables, ou ,, tout-au-plus des faits confus & à demi oubliés, l'écriture, c'eft-à-dire, fans conteftation, le plus ancien livre qui foit au monde, nous ramène par tant d'événemens précis, & par la fuite même des chofes, à leur véritable principe; c'eft-à-dire, à Dieu qui a tout fait, & nous ,, marque fi diftinctement la création de l'uni,, vers, celle de l'homme en particulier, le bonheur de fon premier état, les caufes de fes miferes & de fes foibleffes, la corruption du monde & le déluge; l'origine des arts & celle des nations, la diftribution des terres, enfin ,, la propagation du genre humain, & d'autres faits de même importance, dont les hiftoires humaines ne parlent qu'en confufion, & nous

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obligent à chercher ailleurs les fources certai,, nes? Boffuet.

Vous voyez que, dans une période, tous les membres doivent être diftincts, & liés les uns aux autres. Quand ces conditions ne font pas remplies, ce n'eft plus qu'un affemblage confus de plufieurs phrafes. En voici un exemple.

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Comme les arcs triomphaux des Romains ,, ne fe dreffoient que pour éternifer la mémoire d'un triomphe réel, les ornemens tirés des dépouilles qui avoient paru dans un triomphe, ,, & qui étoient propres pour orner l'arc qu'on „ dressoit, afin d'en perpétuer la mémoire, n'é,, toient point propres pour embellir l'arc qu'on ,, feroit en mémoire d'un autre triomphe, prin,, cipalement fi la victoire avoit été remportée ,, fur un autre peuple, que celui fur qui avoir été remportée la victoire, laquelle avoit donné lieu au premier triomphe comme au premier ,, arc. L'abbé du Bos.

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Boffuet conçoit nettement fa pensée, & fes idées s'arrangent naturellement: mais plus l'abbé du Bos fait d'efforts, plus il s'embarraffe. Il est obfcur par les précautions qu'il prend pour fe faire entendre. On démêle qu'il veut dire que les arcs triomphaux étant ornés des dépouilles des ennemis, on ne pouvoit pas faire fervir les mêmes dans des occafions où la victoire avoit été remportée fur des peuples différens.

Quand on accumule les idées fans ordre, on s'embarraffe dans fa propre pensée, & l'on ne fait plus par où finir. On fent qu'on eft obfcur, & on le devient davantage, parce qu'on veut ceffer de l'être. On pourroit dire:

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Rien n'est plus propre à nous faire connoître 2, ce que peuvent fur tous les hommes, & prin,,cipalement fur les enfans les qualités propres

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à l'air d'un certain pays, que de confidérer le " pouvoir des fimples viciffitudes ou altérations paffageres de l'air fur les organes qui ont acquis ,, toute leur confiftance.,,

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L'abbé du Bos exprime cette même penféc avec beaucoup de défordre & de fuperfluité.

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Rien n'eft plus propre à nous donner une » jufte idée du pouvoir que doivent avoir fur » tous les hommes, & principalement fur les en», fans, les qualités qui font propres à l'air d'un certain pays en vertu de fa compofition, lef » quelles on pourroit appeler fes qualités perma,, nentes, que de rappeler la connoiffance que », nous avons du pouvoir que les fimples viciffi»tudes ou les altérations paffageres de l'air ont » même fur les hommes dont les organes ont ,, acquis la confiftance dont ils font fufceptibles. » Du Bos.

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Tout perfuadé que je fuis que ceux que l'on choifit pour de différens emplois, chacun fe»lon fon génie & fa profeflion, font bien; je me hafarde de dire qu'il fe peut faire qu'il y ait au monde plufieurs perfonnes, connus ou inconnus, que l'on n'emploie pas, qui feroient très-bien. La Bruy. "

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Quand vous lirez la Bruyere, vous y trouve rez fouvent des conftructions dans ce goût-là. Il me femble qu'on écriroit correctement, l'on difoit.

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L'Allemagne eft aujourd'hui bien différente de ce qu'elle étoit quand Tacite l'a décrite.

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Elle eft remplie de villes, & il n'y avoit que des villages: les marais, la plupart des forêts ont été changés en prairies ou en terres labou ,, rables: mais, quoique par cette raifon la maniere de vivre & de s'habiller des Allemands foit différente en bien des chofes de celles des Germains, on leur recounoit encore le même génie & le même caractere.,,

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Voici comment l'abbé du Bos embarraffe cette pensée.

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Quoique l'Allemagne foit aujourd'hui dans ,, un état bien différent de celui où elle étoit quand Tacite la décrivit ; quoiqu'elle foit remplie de villes, au lieu qu'il n'y avoit que des ,, villages dans l'ancienne Germanie; quoique les marais & la plupart des forêts de la Germanie aient été changés en prairies & en terres ;, labourables; enfin quoique la maniere de vivre & de s'habiller des Germains foient différentes ,, par cette raifon en bien des chofes de la ma,, niere de vivre & de s'habiller des Allemands, ,, on reconnoît néanmoins le genre & le caractere d'efprit des anciens Germains dans les Allemands d'aujourd'hui.

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1. L'abbé du Bos pouvoit éviter la répétition de ces quoique. 2. Par cette raison & dans les Allemands d'aujourd'hui font mal placés. 3. Les mots de Germanie, de Germains & d'Allemands font trop répétés. Enfin cette longue fuite de propofitions fubordonnées tiennent trop longtems l'efprit en fufpens, le font revenir trop fouvent au même tour, & ne font pas en proportion avec la conclufion qu'elles amènent. Tous ces défauts rendent le ftyle lourd & traînant; & Tome II. Art d'Ecrire. E +3

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A I

vous voyez qu'on les évite, quand on fe conforme à la liaifon des idées.

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Si vous étudiez les périodes que je vous ai données pour modeles, vous remarquerez que les idées principales des différens membres tendent toutes au même but, & que les modifications qui les accompagnent, les développent & les arrangent avec ordre autour d'une idée qui eft comme un centre commun. C'eft pourquoi une période bien faite eft appelée une période arrondie.

Celui qn imet un frein à la fureur des flots
Sait auffi des méchants arrêter les complots;
Soumis avec refpect à fa volonté fainte,
Je crains Dieu, cher Abner, & n'ai pas d'autre crainte.

Racine

Je ne crains que Dieu. Voilà à quoi toute la période fe rapporte. Cette idée eft en même tems la principale du fecond membre, elle eft naturellement liée à la principale du premier, & les propofitions fubordonnées la développent & l'arrondiffent. Voici un paffage où Maffillon lie parfaitement fes idées dans une fuite de périodes.. L'idée principale, à laquelle toutes les autres fe rapportent, eft qu'on n'oferoit dire la vérité aux princes.

-o,, Gâtés par les louanges, on n'oferoit plus leur , parler le langage de la vérité : eux feuls igno-,, rent dans leurs états ce qu'eux feuls devroient

connoître : ils envoient des miniftres pour être , informés de ce qui fe paffe de plus fecret dans les cours & dans les royaumes les plus éloignés; ,, & perfonne n'oferoit leur apprendre ce qui fe

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