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faitement lié. Il n'appartient qu'à lui d'être plus long fans être moins précis. Ecoutons Boffuet:

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Quand vous voyez paffer comme en un inf tant devant vos yeux, je ne dis pas les rois & les empereurs, mais les grands empires qui ont fait trembler tout l'Univers; quand vous „ voyez les Affyriens anciens & nouveaux, les Mèdes, les Perfes, les Grecs, les Romains fe préfenter devant vous fucceffivement, & tomber, pour ainfi dire, les uns fur les autres, ,, ce fracas effroyable vous fait fentir qu'il n'y a rien de folide parmi les hommes, & que l'inconftance & l'agitation eft le propre partage des chofes humaines.,,

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Mais ce qui rendra ce fpectacle plus utile & plus agréable, ce fera la réflexion que vous ferez non-feulement fur l'élévation & fur la chûte des empires; mais encore fur les caufes de leurs progrès, & fur celles de leur décadence.,,

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Car le même Dieu qui a fait l'enchaînement de l'Univers, & qui tout-puiffant par lui-mê,, me, a voulu, pour établir l'ordre, que les parties d'un fi grand tout dépendiffent les unes ,, des autres: ce même Dieu a voulu auffi que le cours des chofes humaines eût fa fuite & fes proportions: je veux dire, que les hommes & les nations ont eu des qualités proportionnées à l'élévation à laquelle ils étoient destinés, & qu'à la réferve de certains coups extraordinai,, res, où Dieu vouloit que fa main parût toute feule, il n'eft point arrivé de grand change», ment, qui n'ait eu fes caufes dans les fiecles précédens.,,

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Et comme dans toutes les affaires, il y a ce qui les prépare, ce qui détermine à les entreprendre, & ce qui les fait réuffir : la vraie fcience de l'hiftoire eft, de remarquer dans chaque tems les fecrettes difpofitions qui ont préparés les grands changemens, & les con» jonctures importantes qui les ont fait arriver.,, En effet, il ne fuffit pas de regarder seule,,ment devant fes yeux, c'eft-à-dire, de confidérer les grands événemens qui décident toutà-coup de la fortune des empires. Qui veut entendre à fond les chofes humaines, doit les reprendre de plus haut; & il lui faut obferver les inclinations & les mœurs, ou pour dire tout en un mot, le caractere tant des peuples dominans en général, que des princes en particulier, & enfin de tous les hommes extraordinaires, qui par l'importance du perfonnage qu'ils ont eu à faire dans le monde, ont contribué en bien ou en mal au changement des états, & à la fortune publique.

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Il n'y a rien à défirer dans ce paffage : tout y eft conforme à la plus grande liaifon des idées, je n'y vois pas même un mot qu'on puiffe retrancher ou changer de place.

On pourroit comparer le tableau que Boffuet fait des Egyptiens, avec celui que Fénelon fait des Crétois mais ces morceaux feroient longs à tranfcrire. Si vous faites vous-même cette comparaifon, vous remarquerez facilement que le ftyle de Boffuet a l'avantage de la précision & de l'ordre, & que, par conféquent, le tiflu en eft mieux formé.

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CHAPITRE III.

De la coupe des phrafes.

LA liaison des idées, fi on fait la confulter doit naturellement varier la coupe des phrafes & les renfermer chacune dans de juftes proportions. Les unes feront fimples, les autres compofées, & plufieurs formées de deux membres, de trois ou davantage. La raifon en eft, que toutes les penfées d'un difcours ne fauroient être fufceptibles d'un même nombre d'acceffoires. Tantôt les idées pour fe lier veulent être conftruites enfemble, d'autres fois elles ne veulent que fe fuivre il fuffit de favoir faire ce difcernement. Le vrai moyen d'écrire d'une maniere obfcure c'est de ne faire qu'une phrase où il en faut plufieurs, ou d'en faire plufieurs où il n'en faut qu'une. Si deux idées doivent fe modifier, il faut les réunir; fi elles ne doivent pas fe modifier, il faut les féparer.

Vous voyez que tout le premier membre de la période de Boffuet eft deftiné à modifier l'idée de Dieu; & cela doit être, parce que c'eft comme ordonnateur de l'univers que Dieu a marqué aux chofes humaines leur fuite & leurs proportions. L'unique objet de Boffuet, eft d'expliquer comment il n'arrive rien, qui n'ait fes caufes dans les fiecles précédens. En raffemblant dans une période toutes les idées qui concourent au

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développement de fa penfée, il forme un tout, dont les parties fe lient fans fe confondre.

Je vais fubftituer plufieurs phrases à la période de Boffuet; & vous verrez que fa pensée perdra une partie de fa grace & même de fa lumiere.

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Dieu a fait l'enchaînement de l'univers. Tout puiffant par lui-même, il en a établi l'ordre. Il a voulu que toutes les parties d'un fi grand tout dépendiffent les unes des autres; ce même Dieu a déterminé auffi le cours des chofes humaines, il en a réglé la fuite & les proportions je veux dire qu'il a donné aux hommes & aux nations leurs qualités ; & qu'il les a proportionnées à l'élévation, à laquelle il les deftinoit; qu'il n'eft point arrivé de grand ,, changement, qui n'ait eu fes causes dans les fiecles précédens, & qu'il n'a réfervé que certains coups extraordinaires, où il vouloit que fa main parût toute feule.

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Boffuet connoiffoit parfaitement la coupe du ftyle. Quelquefois il va rapidement par une fuite de phrafes très-courtes: d'autres fois fes périodes font d'une grande page, & elles ne font pas trop longues, parce que tous les membres en font diftincts & fans embarras. Soit qu'il accumule les idées, foit qu'il les fépare, il a toujours le ftyle de la chofe. Il va me fournir un exemple d'une autre efpece.

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Les Egyptiens font les premiers où l'on ait fû les regles du gouvernement. Cette nation ,, grave & férieufe, connut d'abord la vraie fin de la politique qui eft de rendre la vie commode & les peuples heureux. La température toujours uniforme du pays, y faifoit les efprits

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folides & conftans. Comme la vertu eft le fondement de toute la fociété, ils l'ont foigneufement cultivée. Leur principale vertu a été la reconnoiffance; & la gloire qu'on leur a don,, née d'être les plus reconnoiffans de tous les hommes, fait voir qu'ils étoient les plus fociables.

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Ce paffage eft formé de plufieurs affertions, qui veulent chacune être énoncées féparément : & ce feroit leur faire violence que de les réunir dans une feule période. En voici la preuve :

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Les Egyptiens, cette nation grave, férieuse, la premiere qui ait fù les regles du gouverne,,ment, connut d'abord la vraie fin de la politique, qui eft de rendre la vie commode & les peuples heureux : fi la température toujours uniforme du pays rendoit leur efprit folide & conftant, ils fe formoient l'ame par le foin qu'ils avoient de cultiver la vertu, qui eft le vrai fondement de toute fociété; & faifant leur principale vertu de la reconnoiffance, ils ont ,, eu la gloire d'être regardés comme les plus ,, reconnoiffans de tous les hommes; ce qui fait », voir qu'ils étoient auffi les plus fociables.,,

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En lifant cette période, on ne trouve plus la même netteté dans les penfées de Boffuet.

La regle générale pour les périodes, c'est que plufieurs idées ne fauroient fe réunir à une idée principale pour former un tout dans une proportion exacte, qu'elles ne produisent naturelle ment des membres diftingués par des repos mar qués. Telles font en général les périodes de Boffuet. Vous en trouverez des exemples dans

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