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yceulx gentilz hommes, fut faite requeste audit de Luxembourg que, pour Dieu et pour pitié, il peust avoir la vie sauvée. Lequel en fin l'accorda, et par ainsi il s'en ala franchement.

En oultre, après ce que ledit messire Jehan de Luxembourg eust fait l'exécucion desusdicte, il se partit de là, à tout son armée. Mais premiers fist démolir ladicte forteresce de Guieron, et s'en ala devers le fort de Tours en Porcien, où il fut par aulcuns jours. Durans lesquelz, ceulx de dedens traictèrent, par condicion qu'ilz renderoient ledit fort et s'en yroient sauf leurs vies, sans emporter nulz de leurs biens, réservés les cannoniers, et ceulx qui aultrefois avoient fait sairement pour le partie du roy Henry. Et en y eust d'aulcuns pendus. Et ladicte forteresce fut démolie de fons en comble.

Et delà ledit messire Jehan de Luxembourg s'en ala devant Baleheus, où estoit ung capitaine nommé Baratte, lequel, en assés brief terme, traicta avec ledit Luxembourg par sy qu'en lui rendant ladicte ville, lui et les siens s'en yroient sauf leurs vies, corps et biens. par ainsi se partirent.

Et

Si vint en ce temps devant messire Jehan de Luxembourg pour lui faire ayde s'il en avoit besoing, l'enfant de Warewich, anglois, et messire Jehan de Clamessi, à tout quatre cens combatans. Mais pour tant que les François n'estoient point ou pays de Champaigne ne là environ, à puissance pour résister contre ledit de Luxembourg et les deux desusdiz, s'en retournèrent en assés brief terme à Meaulx en Brie, et ès garnisons dont ilz estoient venus.

Et adonc, de ce mesme voiage furent mis en l'obéys

sance du desusdit messire Jehan de Luxembourg, pluiseurs villes et forteresces qui tenoient le parti du roy Charles avec celles desus nommées, les unes par traictié, et les aultres par force.

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En ce temps, le seigneur de l'Isle-Adam, qui portoit l'ordre du duc de Bourgongne, [fut] reconstitué mareschal de France de par le roy Henry d'Angleterre et ceulx de son conseil. Si assambla jusques au nombre de....1 combatans, dont il y avoit une partie anglois. Et avec lui estoit messire Jehan, bastard de Saint-Pol, et ung sien frère, lesquelz il conduisit et mena jusques emprès de Laigny-sur-Marne, que tenoient les gens du roy Charles. Laquelle ville il cuida prendre par soubdain assault, mais elle lui fut bien deffendue par ceulx qui estoient dedens.

CHAPITRE CXII.

Comment le duc d'Alençon prinst prisonnier le chancelier de Bretagne.

En cest an, le duc d'Alençon prinst le chancelier du duc de Bretaigne, son oncle, pour ce que sondit oncle ne lui avoit point voulu aidier de finance à son plaisir, pour sa prinse de la bataille de Verneuil ou Perche, laquelle finance il vouloit avoir et recouvrer dudit chancelier. Si le mena en sa ville de Poussay. Mais assez brief ensuivant, ledit duc de Bretaigne, de ce non content, assambla aulcuns de ses barons et grand puissance de gens d'armes, et avec lui aulcuns capi

1. Le chiffre est resté en blanc dans le Ms. 8346. Vérard met six cens.

taines anglois. Si ala asséger ladicte ville de Poussay tout à l'environ. De laquelle ville le duc d'Alençon s'estoit parti pour la doubte de ses ennemis, et y avoit laissié la duchesse sa femme, fille au duc d'Orléans prisonnier en Angleterre. Lequel temps durant, ladicte duchesse gisoit d'enfant, moult ennuyée en cuer de veoir telles tribulacions. Si y fut ledit siège par l'espace de.. ... Au bout duquel terme ycelui duc d'Alençon, tant pour sadicte femme, comme sa ville et subjectz oster des dangiers desusdiz, s'appaisa avec sondit oncle, et lui rendit son chancelier et aul- · tres prisonniers qu'il avoit. Et par ainsi se départit ledit siège.

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Ledit chancelier de Bretaigne fut prins en une maison de plaisance qu'il avoit emprès Nantes. Et la cause de sa prinse fut, pour ce que le duc d'Alençon entendoit par ce moyen estre payé de certaine somme d'argent que lui debvoit le desusdit duc de Bretaigne, son oncle.

CHAPITRE CXIII.

Comment les François cuidèrent prendre le chastel de Rouen.

Le

jour de février en cest an, par l'entreprise du mareschal de Bousach, s'assamblèrent le seigneur de Fontaines et le seigneur de Moy et aultres, jusques au nombre de six cens combatans ou environ, en la cité de Beauvais. Et s'en alèrent jusques à une lieue

1. Un blanc est resté dans le Ms. 8346. Vérard met: Si Ꭹ fut ledit siège par certaine espace de temps, au bout, etc.

près de Rouen, et là se mirent en embusche dedens le bois. Et envoia secrètement, ledit mareschal, ung homme nommé Ricarville, avec lui de cent à six vins combatans, tous de pied, excepté quatre ou cinq qui estoient sur petis chevaulx, jusque au chastel de Rouen. Dedens lequel, ycelui mareschal par avant avoit fait moyens certains d'un saquemant nomme Pierre Andebeuf, biernois, qui tenoit le parti des Anglois, mais par moyens avoit fait traictié avec lui de livrer ledit chastel. Laquelle chose il fist, et entretint sa promesse quand ad ce. Car le desusdit Ricarville et ceulx qui estoient avec lui le trouvèrent tout prest. Et de fait entrèrent tous dedens, excepté deux ou trois qui gardèrent les chevaulx. Si conquirent tantost la plus grand partie dudit chastel, et par espécial la grosse tour, qui estoit moult bien garnie. Dedens lequel chastel estoit couché le conte d'Arondel et pluiseurs anglois, lesquelz, pour la plus grand partie, se sauvèrent au mieulx qu'ilz porent par desus la muraille, si non aulcuns qui se retraisent vers la ville, et là se tindrent. Et si en eut aucuns mors par lesdiz François. Et après que les besongnes furent ainsi advancées, le desusdit Ricarville remonta assez tost à cheval, et retourna où il avoit laissié ledit mareschal et ses gens. Auquel il racompta toute l'entreprise desusdite, disant qu'ilz chevaulchassent songneusement et en haste pour secourir leurs gens, et que sans doubte le chastel seroit tantost parconquis. Mais par brief dire, pour choses qu'il leur sceust remoustrer, oncques ne polt tant faire qu'ilz se volsissent conclure, ne mettre en voie pour y aler, jà soit chose que le mareschal et grand partie des plus notables de ceulx

qui estoient avec lui leur eussent promis de leur foy à leur département, qu'ilz les secourroient sans point de doubte, s'il advenoit que la desusdite entreprinse venist à bien. Nientmains ilz n'en volrent riens faire. Car, quand ilz furent ainsi qu'à une lieue près de Beauvais, à tout leur gens, ilz se commencèrent à débattre l'un contre l'aultre pour avoir la plus grand partie du butin, qui point n'estoit encore gaignié, et à cause de ce, retournèrent sans aler plus avant, et laissèrent leurs gens en ce dangier. Pour quoy, quand ledit Ricarville, qui vaillamment avoit achevé son entreprinse, fut retourné, leur dist pluiseurs injures et reprouches, lesquelles ils souffrirent assez paciamment; et se départirent de là assés hastivement. Si s'en retournèrent à Beauvais et ès autres lieux dont ilz estoient venus. Lequel retour despleut grandement à ycelui Ricarville, pour tant qu'il avoit esté meneur des desusdiz entreprenans. Et aussi fist-il à aulcuns aultres, qui y avoient de leurs prochains parens. Pour tant, ne demoura il mie qu'ilz ne s'en retournassent audit lieu de Beauvais, comme les autres. Et entretant, les desusdiz, qui estoient en ycelui chastel, contendoient de tout leur povoir à pardébouter les Anglois leurs ennemis, hors de la porte dudit chastel, qu'ilz tenoient vers les champs. Et quand ce vint vers le jour qu'ilz n'oyoient point nouvelles de leurs gens, ilz apperceurent bien qu'ilz n'auroient point de souscours et qu'ilz estoient fraudés de la promesse qui leur avoit esté faite. Si en furent moult esmerveilliés et esbahis. Et d'aultre part, les Anglois s'assamblèrent de tous lez en grand diligence; qui les assaillirent moult asprement. Si vinrent avec eulx grand

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