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Est-ce Worcester, en 1633? Est-ce Papin, en 1690? Est-ce Watt, né en 1736 et mort en 1819? Qu'importe!

Dès qu'une idée me paraît bonne, me paraît mûre, je ne me fais aucun scrupule de me l'assimiler, pas plus que je ne me fais de scrupule d'ouvrir les yeux à la clarté du jour, ou les poumons à l'air qu'ils ont besoin de respirer.

Le nouveau n'est pas ce que je cherche ; ce que je cherche, c'est l'idée juste. L'homme n'invente pas, il observe. J'observe, et où j'aperçois un principe fécond, je me demande aussitôt comment il serait possible d'en tirer toutes les conséquences utiles, d'en étendre toutes les applications fructueuses ?

Ce livre est une ESQUISSE de l'Avenir tel que je l'entrevois. J'y expose les idées que je crois justes; je ne les impose pas. Pour moi, la liberté n'est pas un vain mot; c'est un principe, auquel je ramène tout, auquel je subordonne tout. Il se peut que les idées que j'émets ne soient ni les plus justes, ni les plus simples. Dans ce cas, je déclare à l'avance de la manière la plus formelle, qu'il ne m'en coûterait absolument aucun sacrifice d'amour-propre de les abandonner pour adopter celles qui se recommanderaient par une simplicité et par une justesse plus grandes.

Tout vérifier sans prévention, ne rien condamner sans examen telle est la méthode à laquelle la science et l'industrie ont dû toutes leurs conquêtes, tous leurs progrès. Pas de progrès sans essais. Puisque cette méthode, qui est celle de la Liberté, a si parfaitement réussi à l'industrie et à la science, pourquoi ne pas l'étendre à l'économie sociale et à l'administration publique? Le péril des révolutions périodiques serait-il donc moindre que le danger des essais successifs? Sur une échelle réduite, tout peut se vérifier sans perturbation, Cette échelle s'offre d'elle-même, c'est la Commune.

Ce qu'un État ne saurait entreprendre sans tout bouleverser, une Commune peut l'essayer sans rien troubler. C'est ainsi qu'un procédé nouveau ou qu'un mécanisme perfectionné passe de la manufacture qui l'a adopté la première à la seconde qui l'imite, de la seconde à la troisième et ainsi successivement.

Tout essayer, tout simplifier : c'est la doctrine de l'Expérience substituée à la doctrine de l'Infaillibilité; c'est la mienne. L'homme n'est pas infaillible, il ne sait que ce que lui enseigne l'expérience et n'est certain que de ce qu'elle a démontré. Liberté entière de condamner mes idées; mais liberté entière pour toutes les idées de se produire. Je n'ai ici d'autre prétention que celle de donner un exemple utile. Que chacun fasse comme moi; que chacun creuse son sillon dans le vaste champ de la Liberté; que chacun cherche quelles sont les véritables lois de l'Humanité, œuvre du Créateur infaillible, afin de les appliquer à la Société, œuvre de la Créature imparfaite. Qui aura découvert ces lois aura trouvé l'Unité universelle.

LIVRE PREMIER.

MUSEU

1

L'ASSURANCE UNIVERSELLE.

Que les hommes soient égaux ou non, ils doivent se traiter comme s'ils l'étaient; car s'ils sont inégaux, ils entreront en lutte, et comme elle ne peut pas toujours durer, dans le traité de paix qui suivra, ils seront bien obligés de se regarder comme égaux. HOBBES. Les assurances enlèvent au malheur sa funeste puissance en divisant ses effets.

Par les assurances, les entreprises les plus hardies n'offrent que très-peu de dangers, les plus terribles fléaux perdent de leur horreur. Rossi.

La politique universelle, telle que je la conçois, c'est l'assurance universelle.

A chacun sa tâche :

Aux prêtres catholiques d'enseigner et de démontrer l'existence de la Trinité, du péché originel, de l'éternité des peines, du purgatoire, de la transsubstantiation, de la consubstantialité du verbe, de l'infaillibilité des conciles œcuméniques, des sept sacrements; savoir le baptême, la confession, la pénitence, la communion, la confirmation, le mariage, l'extrême-onction;

Aux ministres protestants d'enseigner et de démontrer que la lutte extérieure, le sacrifice de la messe, les indulgences, le purgatoire, les images, la hiérarchie de l'église sont des erreurs et qu'il n'existe et ne doit exister que deux sacrements: le baptême et la cène;

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