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SÉANCE DU SAMEDI 2 FÉVRIER 1895.

PRÉSIDENCE DE M. CH. SCHEFER, MEMBRE DE L'INSTITUT.

La séance est ouverte à 4 heures et demie.

Le procès-verbal de la séance du 5 janvier est lu et adopté.

MM. DERRÉCAGAIX, HAMY, MARCEL et DE LA NOË s'excusent de ne pouvoir point assister à la séance.

Il est dressé une liste de trois candidats à l'une des places vacantes de membre de la Section de géographie du Comité. Cette liste sera présentée, conformément au règlement, à M. le Ministre de l'instruction publique.

M. LE SECRÉTAIRE donne communication d'une première liste de mémoires envoyés ou annoncés pour le prochain congrès de la Sorbonne.

M. Bouquet de la GRYE dit quelques mots des derniers bulletins parus de la Société des études maritimes et coloniales, et des Sociétés de géographie du Havre et de Lorient.

M. HAMY analyse le bulletin de la Société normande de géographie pour 1894:

Ce bulletin ne contient pas seulement, comme tant d'autres bulletins de province, des conférences, des récits de voyages, des dissertations coloniales, déjà imprimés sous des formes quelque peu différentes dans les grands recueils de Paris. Le volume de 1894, qui forme le tome XVI de la collection rouennaise, est, au contraire, assez riche en documents historiques et géographiques qui lui sont propres, et dont plusieurs offrent un véritable intérêt. Je citerai tout d'abord la biographie de Pierre Margry, par M. G. Gravier, qui a bien connu l'historiographe de la France d'outre-mer et de Cavelier de la Salle, et en trace un portrait ressemblant; puis, du même M. Gravier, un mémoire sur la carte des grands lacs de l'Amérique du Nord dressée en 1660 par les deux sulpiciens Bréhan et Gallinée, carte dont l'original a disparu des

archives de la Marine, et dont une copie, exécutée par M. Morin en 1854 pour le Parlement d'Otawa, a été retrouvée par M. Benjamin Sulte; une note de M. Sulte expliquant comment les colons normands et percherons de la colonisation canadienne de 1608 à 1660 ont absorbé les nouveaux venus de la fin du XVIIe siècle, et comment il est résulté de ce phénomène cette unité de langue, cette uniformité de vie, que le voyageur retrouve chez tous les Canadiens, de quelque province qu'ils soient originaires.

Je mentionnerai encore le rapport de M. Louis d'Osmoy sur le Combo français, que borne au nord la basse Cazamance, « plateau « élevé à proximité de la mer, entouré d'une végétation merveilleuse recueillant la brise du large et déversant par torrents ses eaux admirables», M. d'Osmoy raconte la fondation du port de Maconda et la rapide amélioration du pays par le développement du commerce et de l'agriculture.

Enfin j'appellerai l'attention de la Section sur un long travail de M. Fallex, dans lequel, prenant pour modèle l'ouvrage devenu classique de notre savant confrère M. Levasseur, la France et ses colonies, il étudie le sol, le climat, l'histoire, la population, l'agriculture, la pêche, l'industrie et le commerce du département de la Seine-Inférieure. C'est une de ces utiles monographies, comme il serait désirable qu'on nous en donnât beaucoup en province, au lieu de réimprimer, bien inutilement, des récits de voyages sans aucun intérêt scientifique.">

M. HAMY rend ensuite compte des dernières publications de la Société de géographie de Lille, de l'Union géographique du nord de la France et de la Société de géographie et d'archéologie d'Oran:

«Les numéros 8 et 9 du Bulletin de la Société de géographie de Lille renferment, comme tous les précédents, dit M. HAMY, des procès-verbaux de séances et d'excursions, des éphémerides, des faits et nouvelles géographiques. On y a imprimé trois notices; une seule doit être mentionnée ici. Elle a pour titre : La France au Laos et la question du Siam, et pour auteur M. Guillot, professeur d'histoire à Charlemagne et secrétaire de la Société de géographie commerciale de Paris. Le rapporteur ne voit aucune communication à signaler dans le deuxième trimestre de l'Union géographique du Nord, renvoyé également à son examen.

Le Bulletin trimestriel d'Oran, continue le rapporteur, nous ap

porte heureusement une moisson plus abondante. Je parlerai de l'Itinéraire d'Oran à Tanger, de M. Canal, quand il sera entièrement publié. Je remets également à plus tard le compte rendu de l'excellent catalogue du Musée municipal d'Oran, par M. Demaeght, dont les deux premières parties ont seules paru jusqu'à présent. Mais la Troisième journée de la guerre de Tlemcen est terminée, avec le dernier numéro de 1894, et je veux constater tout de suite l'intérêt de cette relation de la guerre que le très illustre seigneur Dom Martin de Cordoue et de Velasco, comte d'Alcaudete, fit aux gens de Tlemcen en 1543, et dont Francisco de la Cueva fut le consciencieux narrateur. M. Camille Brunel est le traducteur élégant et fidèle de cette page oubliée de l'histoire des luttes de l'Es pagne contre les Maures. »

M. LEVASSEUR rend compte à la Section des deux derniers bulletins de l'année 1893, portant les numéros 22 et 23-24, et de dix-huit bulletins de l'année 1894 de la Société de géographie commerciale de Bordeaux :

« Parmi les travaux intéressants que contiennent les bulletins de cette importante société, j'en citerai quelques-uns :

Une étude de M. Jambon sur le commerce du Tibet et particulièrement sur le traité conclu, en 1890, à Dardjiling, entre l'Angleterre et la Chine, au sujet de ce commerce, traité par lequel l'auteur pense que les Chinois ont cherché à tromper les Anglais; une description géographique de Nossi-Bé, par M. Léon; le Boudou, étude de géographie et d'histoire soudanienne par le Dr Rancou : le Boudou est sur certains points fertile; le mil, le maïs, l'arachide, l'indigo, le tabac y viennent bien, mais le pays est aujourd'hui dépeuplé et il faut des bras pour mettre la terre en valeur;

Une étude de M. Hautreux sur les courants du golfe de Gascogne, dans laquelle il cherche à établir, par l'expérience des bou teilles flottantes, qu'il n'y a pas de courant régulier et permanent dérivant du Gulf Stream; une autre sur les courants de l'Atlantique nord entre 40 degrés et 20 degrés de latitude, d'après les épaves;

« Une étude de M. Ferdinand de Behagle, membre de la mission Maistre, sur le bassin du lac Tchad; l'auteur loue MM. Monteil et Mizon d'avoir su se faire bien accueillir en respectant les usages du pays; il n'a pas rapporté une trop mauvaise opinion de l'esclavage et

plaide les circonstances atténuantes. M. Gustave d'Hugues a intitulé Sous la tente; types, scènes et paysages d'Algérie, des impressions de voyage qu'on lit avec plaisir;

Une description du canal maritime de Manchester, accompagnée d'une carte. Ce canal a été, en réalité, ouvert à la navigation le 1er janvier 1894, mais il n'a été inauguré officiellement que le 21 mai. On sait que le projet de ce canal, formé en 1882, repoussé une première fois par la Chambre des lords, une seconde fois par la Chambre des communes, mais adopté en 1885, a été mis en exécution en 1887. Il longe la rive gauche de la Mersey de Eastham jusqu'à Reencorn et de là suit la vallée de la Mersey, presqu'en ligne droite jusqu'à Irdam, puis celle de l'Irwell jusqu'à Manchester. I a 57 kil. 13 de longueur, 52 m. 46 de largeur moyenne au niveau de l'eau, et il aura, après achèvement complet, 7 m. 93 de profondeur.

« Le Bulletin reproduit, d'après le Whitakers de 1894, une statistique qu'il n'est pas sans quelque intérêt de reproduire. La France est le pays qui possède la plus ancienne société de géographie (1821) et le plus grand nombre de sociétés de géographie : elles sont au nombre de 30 et comptent 18,700 membres. L'empire allemand vient au second rang avec 23 sociétés et 8,900 membres, et sa principale société, celle de Berlin, a été fondée en 1828; le Royaume-Uni ne figure qu'au troisième rang avec 5 sociétés et 6,750 membres, mais il occupe le premier par l'impor tance du revenu dont disposent ces sociétés. En ajoutant les 6 sociétés de la Suisse avec 1,800 membres, les 4 sociétés italiennes avec 2,500 membres, et les 17 autres sociétés européennes, ainsi que les 26 sociétés connues hors d'Europe, on trouve un total de 111 sociétés de géographie et de 53,500 membres. Le nombre des journaux, revues et bulletins de géographie est de 140, dont 50 en français, 44 en allemand, 13 en anglais, etc.»

M. LEVASSEUR dit ensuite quelques mots du quatrième fascicule (1893), du premier et du second fascicule (1894) du Bulletin de la Société de géographie commerciale de Paris, qui contiennent plusieurs communications d'un intérêt spécial:

Je citerai: Une province laotienne, le Kham-Mécon, par M. Rivière; le Commerce au Siam, le Port d'Haïphong, par M. Renaud; Quelques industries de Cochinchine, par M. Calmette; le Thibet

et sa situation économique et commerciale, par M Biet; le Yunnan dans ses rapports avec le Tonkin, par M. Rocher; Sur le Haut-Mékong, par M. Garanger; le Port de Pakhoï; la Colonisation en Algérie, par M. Vignon; de Konakry au Fouta-Djalon, par M. Paroisse; le Mouvement des échanges entre la Tripolitaine et le Soudan, par M. Méry; l'Élevage du mouton et la culture de l'olivier, par M. d'O...; Tombouctou, son passé, son présent et son avenir; Matabelelandet Mashonaland, marche des Anglais de TableBay au Zambèze, par M. Castonnet des Fosses; les Touareg de l'Est, par M. Foureau; les Colonies de langue française au Manitoba, par M. Bodard; Chicago, son nouveau canal, et l'exploitation de ses chemins de fer, par M. Levasseur; Chicago et l'Exposition colombienne, par M. Lourdelet.»

M. MAUNOIR expose les derniers travaux publiés par la Société de géographie de Toulouse:

Le bulletin de cette Société continue, dit-il, à être l'un des recueils géographiques les mieux approvisionnés en notices originales. Ses numéros 7 à 10 de 1894 renferment des travaux dignes d'être signalés.

« Voici d'abord une Étude sur le Djerid, par M. le comte du Paty de Clam, correspondant du Ministère de l'instruction publique. L'auteur qui exerce des fonctions dans le sud de la Tunisie est bien placé pour recueillir ses renseignements, et il faut reconnaître qu'il les donne abondants, précis et clairs.

«Il constate, en débutant, que le Djerid, portion du Sahara située en Tunisie, tient plutôt à l'avant-Sahara, c'est-à-dire au bas plateau qui va de Ferianah aux Chotts. La fraction véritablement saharienne du Djerid est plutôt territoire administratif, et l'auteur la laisse de côté pour ne s'occuper que du Djerid géographique, dont la superficie approximative est de 98,000 hectares.

M. du Paty de Clam examine le commerce du Djerid, à commencer par les tissus qui représentent à peu près 34,070 toisons d'une valeur de 75,500 francs. Après les tissus, voici la production du palmier, arbre et fruits. Les palmiers, au nombre de 678,437 pieds, produisent 26,493,754 kilogrammes de dattes, dont il existe 75 espèces. L'échange auquel donne lieu la datte peut être évalué à 1,620,000 francs.

«L'huile du Djerid, produite par 25,208 oliviers, donne un vo

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