DU COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES ET SCIENTIFIQUES. SECTION DE GÉOGRAPHIE HISTORIQUE ET DESCRIPTIVE. PROCÈS-VERBAUX. SÉANCE DU SAMEDI 5 JANVIER 1895. PRÉSIDENCE DE M. CH. SCHEFER, MEMBRE De l'institut. La séance est ouverte à 4 heures et demie. MM. BOUQUET DE LA GRYE, HAMY et Georges PÉRIN s'excusent de ne pouvoir point assister à la séance. M. X. CHARMES donne lecture d'une lettre par laquelle M. DERRÉCAGAIX, nommé général de division et appelé à prendre prochainement un commandement en province, donne, à son grand regret, sa démission de membre de la Section. Sur la proposition de M. le directeur du secrétariat, il est décidé que M. le général DERRÉCAGAIX sera invité à continuer à prendre part aux travaux du Comité jusqu'à son départ de Paris. La correspondance comprend : Une communication de M. le Ministre des affaires étrangères notifiant la réunion à Londres, au mois d'août prochain, du sixièm › Congrès international de géographie; GÉOGRAPHIE. 141053 Une lettre de M. le chanoine Ducis, correspondant du Ministère à Annecy, accompagnant l'envoi de deux brochures; Une note de M. Gap, instituteur public à Mérindol, relative à la délimitation des territoires de Cavaillon et de Mérindol au commencement du XIVe siècle. MM. SCHEFER, DE BARTHÉLEMY et LONGNON sont priés de prendre connaissance de ces documents. M. LE SECRÉTAIRE donne lecture de la note suivante de M. Foureau, relative aux travaux exécutés en Tunisie par son collaborateur M. le lieutenant d'artillerie Lecoy de la Marche: Le général commandant la brigade d'occupation avait fixé, dit M. Foureau, les limites de parcours suivantes, du côté de la frontière tripolitaine : D'autre part, le commandant Rebillet avait conseillé, au départ, un itinéraire, d'après l'hypothèse que la seule route praticable vers le Sud devait passer à l'ouest des montagnes par la ligne de points d'eau El-Haguef, Bir-Kecira, Bir-Touila. En conséquence, it supposait que, de Medeïna, la voie romaine devait aller rejoindre l'oppidum de Rgigila, et de là gagner El-Haguef (bordj romain signalé par Tissot) par l'ouad Guermessa et l'ouad Bel-Recheb. Bien que cet itinéraire constitue une voie large et facile pour traverser la chaîne de montagnes, nous avons dû constater que, vu l'absence de points d'eau et d'établissements romains, il était inadmissible en tant du moins que grande voie. D'un autre côté, nos reconnaissances autour et au sud de Tahataouine nous permettent de démontrer le tracé suivant : Le point le plus important de la côte, dans cette région, est certainement Bou-Grara (Gightis). De cette ville, la voie du Sud suivait la ligne droite par Henchir-Suem jusqu'à l'ouad Fessi, puis l'ouad Beni-Blell, l'ouad Besatna, le plateau des Oulad-Selim et Remada. Ce tracé constitue une voie praticable aux voitures, tra verse des vallées larges et fertiles, et ne présente qu'un col excessivement facile entre l'ouad Beni-Blell et l'ouad Besatna. Il est d'ailleurs jalonné, en dehors d'autres établissements, par les points suivants, qui comportent des postes militaires : "Bou-Grara; Henchir-Suem; Zmila (ouad Fessi); Gasser-Krachoua (tête de l'ouad Beni-Blell); El-Amrouni (plateau des Oulad-Selim); Remada. D'après renseignements recueillis, le point suivant, ou plutôt le second, serait situé à Bir-Jenien. Si l'on vient du sud, en arrivant à Zmila la voie se multiplie pour aller rejoindre les différents points de la côte, qui, comme chacun le sait, est absolument couverte de ruines romaines. On peut signaler les trois voies suivantes : 1° Celle de Bou-Grara par Henchir-Suem; 2° Celle de l'ouad Neffetia (l'Ausere d'après Tissot) qui va rejoindre l'Henchir-Ziane (Zita) et Zarzis, et qui est jalonnée par trois gisements de ruines, le dernier étant Ksar-Nabêche ; 3° Celle de l'ouad Fessi, qui va rejoindre les établissements du Bahirat-el-Bibane, notamment Kasser-Nouara (Putea Pallene) à l'extrémité ouest, et Medeïna. Cette dernière voje est jalonnée par de nombreux postes à Mahahir, Henchir-el-Oudja, HenchirRemet, Henchir-Breni, Medeïna. D'autre part, on remarque une ligne qui, partant de Medeïna, va directement dans le sud par Kasser-ben-Niri, Henchir-el-Ihoudi, Nous avions pensé d'abord que cette voie allait rejoindre celle de l'ouad Fessi, mais dans la suite on nous a signalé quelque chose à Oglat-Morra; si ce renseignement est exact, il est probable que la ligne ci-dessus irait rejoindre la grande voie du sud à Medina, sur le plateau des Oulad-Selim, en passant par Foum-Guerinena. En dehors du résultat ci-dessus, nous avons reconnu vingtquatre gisements de ruines, dont dix absolument nouveaux, et nous avons exécuté des fouilles en six endroits, sans compter Medeïna. Ces fouilles n'ont pas donné de résultats très brillants à cause de l'état de destruction presque complète dans lequel se trouvent en général les monuments romains du Sud. Il est d'ailleurs cer tain que ces établissements lointains n'étaient que des bourgades et ne comportaient guère de luxe dans les constructions. Néanmoins nous avons mis à jour, outre les fragments de monuments qui nous ont semblé intéressants: 1° Deux inscriptions en bon état (dont une bilingue, latine et punique, pensons-nous); 2o Trois fragments d'inscriptions; 3o Un tombeau romain renversé et complètement enfoui dans le sable, mais dont les morceaux, admirablement conservés, nous ont permis d'en faire la reconstruction complète sur le papier. Ce tombeau comporte huit bas-reliefs, dont six en bon état et l'inscription bilingue citée ci-dessus. Nous rapportons les photographies, dessins et estampages nécessaires à l'exposé des travaux. « Cette note n'est, bien entendu, qu'un résumé extrêmement succinct des travaux de la mission.” MM. HAMY et AYMONIER donnent sur deux demandes de souscription des avis motivés, qui sont renvoyés à la Commission centrale. M. AYMONIER rend compte de plusieurs manuscrits envoyés de Hanoï par M. Dumoutier, correspondant du Ministère, et dont il propose l'impression dans les Archives des missions scientifiques. Ces rapports seront imprimés au premier Bulletin de la Section pour 1895. La Section aborde l'examen des titres des candidats aux récompenses honorifiques qui seront décernées à la prochaine réunion des Sociétés savantes. La séance est levée à 5 heures un quart. |