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On n'a eu longtemps, en France, que des grossières adaptations de cette carte de Carl Joris, et, en 1625 encore, le cartographe dieppois bien connu, Jean Guérard, ne connaissait qu'un Spitzberg

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Fig. 4. Carte du Spitzberg, d'après l'original de Jean Guérard, fait à Dieppe en 1628. (Dép. des cart. et pl. de la marine.)

très incorrect, ayant au premier abord à peu près l'aspect de celui de Joris, et déformé par des erreurs de détail (") dans l'analyse desquelles il serait trop long d'entrer ici (2).

(1) Par exemple, le T' Voor Landt de Joris est rattaché à la grande terre par un pointillé, correspondant à ce qu'on appela plus tard The barr (Edge, 1631). La petite carte de 1625 de Guérard remplace cette barre par un isthme.

(2) On remarquera que cette carte a presque exactement la même nomenclature que celle de Barentz de 1601.

C'est seulement en 1628 qu'on trouve une imitation beaucoup plus parfaite du même cartographe que je reproduis ci-contre (fig. 4), d'après l'original du Dépôt de la marine (").

La côte méridionale de la presqu'île ouest est surtout développée dans cette carte (2), comme dans celle de Carl Joris, et les trois grands havres du sud sont assez correctement dessinés (p' de

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Fragment de la carte universelle hydrographique de Jean Guérard (1634), conservée au Dépôt des Cartes de la marine.

horne, beauhavre, p' de glace) avec leurs dépendances (r. serdam, r. de Michel rinders, r. de Kloeck, havre de Willem Muyen, haure vert, haure de demeure). Par contre, comme chez Joris encore, les rives de la péninsule nord-ouest, au delà de l'île du Prince Charles

(1) Pf. 2, div. 1, pièce 2.

(2) Cette carte de Jean Guérard de 1628 est construite, conformément aux règles traditionnelles qui régissent depuis des siècles la confection des cartes nautiques, avec des roses de vents à 32 rhumbs, la nomenclature insulaire renversée, etc.

Voici ce qu'on peut lire, du sud au nord, avec les références aux cartes actuelles :

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sont atrophiées et tordues. J'y note l'existence au sud du p' madelaine, d'un certain p' des gars, où se trouvait déjà fixé, sans doute, l'établissement dont Vrolicq fut le dernier occupant en 1632....

Cette carte de Jean Guérard est datée, je l'ai déjà dit, de 1628; l'auteur en traçait par conséquent les contours trois ans après la publication par Purchas du Greneland du capitaine Thomas Edge, dont le pilote dieppois ignorait encore toutes les découvertes, Edges Iland, Hope Iland, etc. (1).

Le cartographe anonyme qui a tracé la carte du cabinet de M. Cash, qu'il me reste à commenter, est tout aussi étranger que Guérard aux dernières navigations des Anglais; son esquisse n'est pas moins nue en sa moitié droite, où tout manque jusqu'à la première pointe (lookout ou cap du Sud).

Sur quinze noms qu'elle inscrit dans sa moitié gauche, une dizaine sont les mêmes que chez Guérard, ou proviennent de sources plus anciennes. Mais les cinq autres constituent une nomenclature toute nouvelle, dont j'ai plus haut signalé l'intérêt, et les rivages auxquels ils sont attachés offrent dans leurs contours une précision qui assure à la nouvelle œuvre une remarquable supériorité sur l'ancienne.

r. de Michel Rinders . . . . .
r. de Kloeck......

haure de Wuillem Muyen.
haure vert...
p' de glace..
haure de demeure..
haure de iansen...
baye aux anglois...
c. noir..

pointe aux oiseaux..

p' des gars.

p' madelaine...
b. ferer....

baie de hollande..

baie aux oiseaux...

b. des monniers...

Baie Van Keulen.
Bellsound.

Lowsound.

Green Harbour, baie Verte.
Ice Sound, p. des glaces.
Behouden haven.

S. lans haven.
Baie des Anglais.

Black point, cap Noir.
Beau cap ou Pointe des oiseaux.
Petite baie des Basques.

B. de la Madelaine.

Fair haven, Beau port.
Baie des Hollandais.

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(1) Il existe du même Guérard, au Dépôt, une Carte universelle hydrographique de 1634, où l'on retrouve le Spitzberg avec cette unique mention : le refuge aux François ou Port-Louis. Nous avons reproduit ci-dessus l'intéressant fragment (fig. 5).

On ne saurait douter un instant, en comparant les deux cartes (1) (fig. 4 et pl.), que celle de Guérard ne soit la première par ordre de date, malgré sa richesse plus grande en noms de lieux.

La carte marine de M. Cash, postérieure à celle de Guérard, a donc été dressée après 1628. Elle est en même temps antérieure à 1631, car à cette date la publication de Pellham venait vulgariser les travaux de Thomas Eyre (2), qui ont transformé la cartographie du Spitzberg.

La carte de M. Cash a donc été peinte vers 1629 ou 1630, ce qui correspond parfaitement à la date de l'expédition de Toustain.

(1) Nomenclature comparée de la carte de M. Cash et de celle de Jean Guérard.

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(2) J'ai déjà dit que l'éditeur de la curieuse brochure de Pellham avait emprunté à la troisième partie des Pilgrimes de Purchas la carte de Thomas Eyre. Cette carte, tout entourée de vignettes, représentait la pêche à la baleine, aux morses, et est vite devenue populaire.

du Castillon. J'ai déjà dit que son style la rapproche des œuvres de la cartographie dieppoise, dont elle constituerait ainsi une des pages les plus modernes.

Les Français n'ont plus guère exploité les mers du Spitzberg, après le désastre de Saint-Jean-de-Luz, et l'on ne trouve que des allusions assez vagues à la présence de leurs navires et de leurs marins dans les curieux récits de Frederick Martens (1671).

Une dernière fois pourtant le pavillon de France apparaît, arboré par de puissants navires, dans les eaux du Spitzberg. En 1693, les frégates du roi, l'Aigle, commandant de Courcy, le Favori, commandant Arinsandy, le Pélican, commandant Varenne, et le vaisseau malouin le Prudent, s'élevèrent jusqu'au nord de l'archipel pour y saisir les bateaux des pêcheurs hollandais, et l'on conserve au Dépôt de la marine une Carte de la côte de Spitzberg, représentant partie de la navigation faite dans les glaces par les frégates du Roy, en juillet 1693, pour aller à la baie de Biersbay pour y prendre les vaisseaux hollandais de la pêche à la baleine. (Pf. 2, div. 7, p. 1.)

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