science elle-même d'autant plus épineuse, que, hérissée F en conséquence, les sortes de terres, la situation, la température, etc., qui conviennent à chaque plante. Le style est généralement simple, correct et élégant, autant que les ouvrages de sciences le permettent. Les figures, qui accompagnent le texte, ont été faites par l'auteur d'après des modèles vivans; elles ont été gravées et imprimées sous ses yeux. Quoique soignée dans toutes ses parties, on ne peut pas mettre cette collection au nombre des ouvrages de luxe (reproche qu'on a fait avec assez de fondement à plusieurs ouvrages modernes sur la bo~ tanique); on ne doit pas la confondre non plus avec beaucoup d'autres ouvrages où les figures, copiées souvent avec infidélité dans les auteurs qu'on ne cite plus, offrent une réunion d'images inexactes et insuffisantes pour la distinction des espèces. Sous les rapports typographiques, cet ouvrage ne laisse rien à désirer; il suffira, pour justifier notre opinion, d'avertir qu'il sort des presses de M. Didot l'aîné, rue du Pont-de-Lodi. 4 LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS. The life of Michel Angelo, etc. Vie de Michel-Ange Buonarroti, avec ses Poésies et ses lettres ; par RICH. DUPPA, écuyer. Seconde édition. Londres, 1807. Un vol. in-4°. (SECOND ET DERNIER EXTRAIT.) MICHEL-ANGE avait défendu avec trop de zèle et de dévouement sa malheureuse patrie, pour ne pas redouter la vengeance des vainqueurs. Aussi, quoique l'une des conditions auxquelles les Florentins avaient capitulé fût l'amnistie que le pape promettait solennellement d'accorder aux citoyens qui avaient été du parti contraire à sa famille, tous ceux qui connaissaient le caractère également cruel et perfide de Clément VII, s'empressèrent de se dérober par la fuite aux fureurs du pontife. MichelAnge fut de ce nombre, et quelques perquisitions que l'on fit dans sa maison, et dans tous les lieux où l'on pouvait présumer qu'il se serait retiré, on ne parvint pas à découvrir son asyle. Enfin, le pape écrivit lui-même aux magistrats de Florence, et donna par une déclaration publique les assurances les plus positives qu'il ne serait rien fait à Michel-Ange, s'il consentait à sortir de sa retraite, et à terminer les travaux de la Bibliothèque et du mausolée des Médicis. L'artiste souscrivit à ces conditions et se hâta de remplir la tâche qui lui était imposée; mais il n'éprouvait plus qu'un dégoût invincible pour ces travaux et une aversion, bien légitime sans doute, pour ceux qui les lui commandaient. Indépendamment des tombeaux des ducs Julien (1) et Laurent de Médicis (1) Une des figures qui décoraient le monument du duc Julien, représentait la Nuit endormie ; Jean Strozzi y mit cette inscription : La notte, che tu redi in si dolci atti qu'il exécuta dans la nouvelle sacristie de l'église de Saint-Laurent, il fit pour la même église une statue de la Vierge, tenant le Christ enfant dans ses bras. Ce morceau passe pour une de ses plus belles productions en sculpture; della quale, dit Condivi, giudico esser meglio tacere, che dirne poco. Le cardinal Farnèse, doyen du sacré collège, avait succédé à Clément VII ( mort au mois de septembre 1534) sous le nom de Paul III. Ce nouveau pontife n'avait pas moins que ses prédécesseurs le goût du faste et de la magnificence, et dès les premiers tems de son règne il fit appeler Michel-Ange pour lui commander des travaux qu'il avait le projet de faire exécuter. L'artiste s'excusa en alléguant des engagemens par écrit qui l'obligeaient à satisfaire le duc d'Urbin neveu de Jules II, qui le pressait de terminer le monument consacré à la mémoire de ce pontife. Quoi! s'écria le saint père avec colère, ce que j'ai désiré de faire depuis trente ans, aujourd'hui que je suis pape, je ne pourrai en venir à bout!.. Où est-il ce >> contrat, que je le déchire? » Il semblait assez difficile de résister à un homme aussi absolu dans ses volontés, et Michel-Ange jaloux de son indépendance prit la résolution de se retirer à Gènes. Le pontife, qui fut apparemment informé de son projet, vit bien qu'il fallait avoir recours à In questo sasso; e perche dorme, ha vita; Destala, se nol credi, e parleratti. Cette nuit que tu vois, dont le sommeil a des grâces si touchantes, fut sculptée par un ange sur ce marbre; elle dort, mais elle est pleine de vie, Réveille-la si tu ne le crois pas, et elle te parlera. > Michel-Ange répondit par les vers suivans: Grato m'è 'l sonno e più l'esser di sasso, Mentre che 'l danno e la vergogna dura: Non veder, non sentir m' è grata ventura. Però non mi destar, deh parla basso. « Le sommeil m'est doux : il m'est plus doux encore de n'être » qu'une pierre insensible dans ces tems de calamités et d'ignominie : > ne point voir, ne point sentir, est un bonheur pour moi. Ainsi, garde-toi de m'éveiller... Ah! parle bas. » des moyens plus doux : il alla voir l'artiste, lui prodigua les éloges et les caresses. Les cardinaux qui l'accompagnaient se chargèrent de négocier avec le duc d'Urbin les arrangemens qui pouvaient concilier ses désirs et ceux du pape, et après avoir terminé la partie du monument de Jules II (2), qu'il devait encore exécuter, notre grand artiste commença dans la chapelle Sixtine son tableau du jugement dernier. ་ Tout ce qui concerne ce magnifique ouvrage est trop connu et se trouve en trop d'endroits pour qu'il soit nécessaire de nous y arrêter ici; nous dirons seulement que Michel-Ange le termina au mois de décembre de l'an 1541 à l'age de 67 ans. C'est à-propos de ce tableau que le trop fameux Arétin lui écrivait, il mondo ha molti rè, ed ha un solo Michel-Angelo. « Il y a beaucoup de rois dans le monde, mais il n'y a qu'un seul Michel-Ange. » Il peignit ensuite dans la chapelle Pauline, que l'on venait de bâtir, la conversion de Saint-Paul, le crucifiement de Saint-Pierre et divers autres tableaux. Ces derniers ouvrages lui donnèrent beaucoup de fatigue, et il reconnut avec douleur que ce genre de travail était désormais trop pénible pour son age avancé; en conséquence il pria sa sainteté de permettre que le plafond fût exécuté, d'après ses dessins, par Perino del Vaga. Mais ce projet alors suspendu ne fut plus repris dans la suite. Dans l'année 1546, Michel-Ange fut nommé par le pape architecte de la basilique de Saint-Pierre, à la place d'Antoine de San-Gullo, qui venait de mourir. Il répugnait à se charger d'un si grand fardeau : mais le pontife lui (2) La figure de Moïse qui occupait le milieu de ce mausolée placé dans l'église de San Pietro in vincolo ( Saint-Pierre aux liens ),- est un des plus beaux ouvrages de Michel-Ange, et produisit la plus grande sensation. Vasari raconte qu'on vit souvent les Juifs en grand nombre se presser autour de cette admirable image de leur premier législateur, et lui adresser leurs hommages. Le Musée Impérial possède deux statues d'esclaves, qui avaient été destinées à orner le même monument; elles sont aussi d'une grande beauté, et c'est après les avoir vues que Falconnet écrivit : « J'ai vu le Michel-Ange, > il est effrayant! > |