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par longitudes et latitudes. L'auteur analyse ici les recherches géographiques d'Erathostène; celles d'Aristote, de Strabon, et de plusieurs autres auteurs grecs: il discute les voyages de Pythéas, de Mégasthènes, de Néarque, d'Eudoxus; et de tous ces renseignemens judicieusement comparés, il forme un tableau fidèle de l'état des connaissances géographiques à l'origine de l'ère chrétienne. Il trace les limites de ce qu'on savait bien, de ce qu'on savait imparfaitement, de ce qu'on ignorait; et en même tems il indique d'une manière abrégée, mais distincte et précise, le caractère propre de chaque peuple et le degré de civilisation qu'il avait atteint.

Vers cette époque, les conquêtes de Rome ajoutèrent beaucoup à ces connaissances. L'intérieur de la Gaule et les provinces du nord de l'Europe furent mieux connus; mais Rome en se flattant de régner sur toute la terre était bien éloignée même de connaître tout l'ancien continent; et un grand nombre de peuples échappèrent à sa puissance par leur obscurité. Ceux que les armes romaines soumirent et dévastèrent comme les pauvres et courageux Calédoniens, dont Tacite nous a laissé un tableau si fier et si mâle, payèrent bien cher l'honneur d'avoir leur nom dans l'histoire.

Ici l'auteur rassemble les renseignemens géographiques que fournissent Pline et Tacite : il cherche déjà dans leurs descriptions, dans les expressions qu'ils emploient, dans les noms qu'ils donnent aux différens peuples barbares, l'origine et la première trace des nations qui composent aujourd'hui l'Europe civilisée. Les expéditions lointaines des Romains sous les empereurs, les itinéraires de leurs armées fournissent une foule de données utiles pour compléter ces connaissances; enfin le tableau de cette époque se termine par l'exposé des travaux géographiques de Marin de Tyr et de Ptolémée d'Alexandrie, qui posent les premiers fondemens de la géographie mathématique.

Le suprême pouvoir est comme un point d'équilibre, où il est moins difficile encore de parvenir que de rester. Rome toute puissante va bientôt décroître. Ici l'auteur décrit les migrations volontaires ou forcées des grandes na

tions connues sous le nom de Huns, de Goths, d'Ostrogoths, d'Hérules; dont la première impulsion, partie à-la-fois du centre de l'Asie et du nord de l'Europe, se communiqua de proche en proche aux nations environnantes, et de secousse en secousse finit par renverser le colosse romain. Les guerres de ces différens peuples; si confuses, si fréquentes, composent un sombre tableau de barbarie où chacun d'eux figure avec les traits particuliers de son caractère, toujours mêlé de bravoure d'ignorance et de férocité.

Au milieu de tant de troubles les sciences ne pouvaient avoir d'asyle: elles allèrent fleurir chez les Arabes. L'auteur extrait des écrits des géographes de cette nation ce qui concerne leurs rapports avec le reste du monde, sur-tout avec l'Afrique, l'Inde, et même la Chine. Relativement à l'Europe, dont une partie était déjà chrétienne, ils sont restés dans l'ignorance; l'esprit de leur religion leur prescrivait de la mépriser.

Lorsqu'après les guerres du moyen âge le pouvoir fut fixé dans plusieurs centres ou royaumes particuliers; lorsqu'un nouvel état d'équilibre se fut ainsi établi par la force des vainqueurs et la lassitude des esclaves; les peuples du nord qui bordent les côtes de l'Océan et de la mer Baltique, trouvèrent plus facile d'étendre leurs rapines sur mer que sur terre, et ils tournerent leur activité vers les expéditions maritimes. Ils découvrirent dans ces voyages l'Islande et le Groenland. M. Malte Brun pense même qu'ils connurent aussi l'Amérique septentrionale, qu'ils désignent sous le nom de Vinland; et il expose les motifs qui le portent à avoir cette opinion.

Il examine ensuite les travaux des géographes du moyen âge. Il expose les connaissances nouvelles données sur la Chine et l'Inde par divers voyageurs, depuis le douzième siècle jusqu'au quinzième. Il rend compte des découvertes des Portugais en Afrique et en Asie. Ici l'état de l'Europe étant fixé, ne présente plus que des guerres intérieures ; mais point de ces bouleversemens généraux, causés par des migrations funestes que la tactique, partout perfectionnée, rend désormais

impossibles. Colomb découvre l'Amérique, et les Européens y établissent leur puissance. Comptant sur la solidité de leurs vaisseaux, sur l'habileté de leurs manœuvres, et sur la boussole qui les guide, ils osent faire le tour de la terre; ils découvrent la Nouvelle-Hollande, les terres Océaniques, et les anciens nuages des fables Homériques s'évanouissent devant les véritables mer→ veilles du monde civilisé.

Telle est la série des objets que M. Malte-Brun a considérés. Nous avons déjà insisté sur la juste mesure 'et la saine critique avec lesquelles il les a envisagés." Son ouvrage, rempli de citations, permet de recourir à chaque instant aux écrivains originaux, et sous ce rapport il offrira des secours précieux à ceux qui, voulant traiter quelques sujets particuliers, auraient besoin de plus de secours que l'on n'en peut donner dans un pareil ensemble.

Parmi nos compatriotes, ceux que l'auteur cite le plus souvent sont D'Anville et M. Gosselin. Il s'est attaché particuliérement à reconnaître ce qu'il doit aux travaux de ce dernier. Nous ignorons ce que M. MalteBrun a pu emprunter aux géographes étrangers quant au plan général et aux détails de son ouvrage ; mais il serait très-injuste de lui en faire un reproche. Dans tout ou vrage élémentaire l'important n'est pas de dire des choses nouvelles, c'est de dire de bonnes choses; et si elles sont bonnes, il n'arrive que trop souvent qu'elles sont. nouvelles.

Le texte est accompagné de vingt-cinq cartes géogra→ phiques, dressées par MM. Lapie et Poirson, sous la direction de M. Malte-Brun. Ces deux ingénieurs-géo graphes sont déjà avantageusement connus par beaucoup d'autres publications. Les cartes qu'ils ont faites pour ce nouvel Atlas sont très-soignées ; mais elles sont construites sur une échelle excessivement petite, relati→ vement aux détails qu'elles renferment; ce qui en rend l'usage un peu difficile, quoique d'ailleurs elles soient très-bien gravées. On a reproché à la carte de l'Amérique Méridionale quelques erreurs qu'il faudra faire disparaître dans une seconde édition, si elles sont reconnues pour

telles. Du reste, il nous semble qu'il est difficille de rien voir de plus parfait sous un pareil format.

Quant au style de l'ouvrage, il est généralement ce qu'il doit être ; non pas éloquent et fleuri comme on l'a dit dans quelques journaux, ce qui serait une inconvenance dans un traité de géographie; mais il est clair, concis, et souvent rapide lorsque la marche des événemens le permet. Cependant on y rencontre quelquefois de légères incorrections. Par exemple, on ne dit point des esprits bien nés, mais des esprits bien faits. L'épithete de bien né ne s'applique qu'à des personnes. On dit des personnes bien nées. Dans la description d'Alexandrie, où le style de l'auteur s'élève avec le sujet, il ne faut pas dire, ce me semble, « Cette superbe ville dans » l'espace assez étroit de quatre heures de pourtour, »> et cette expression de pourtourrevient plusieurs fois dans l'ouvrage. Le mot de tour suffit. En traçant la marche des premiers navigateurs pour allerau Groenland, l'auteur dit qu'ils évitaient une côte entourée de glaces et vue par le nommé Gunbiorn: le nommé un tel, ne s'emploie qu'en style de greffier. Ces petites incorrections seront facilement corrigées dans une seconde édition, que la bonté de l'ouvrage nécessitera sans doute bientôt. Il est si difficile d'écrire purement en français, même quand on est né en France, qu'un étranger ne doit pas s'étonner de tomber quelquefois dans de petites fautes dont le long usage peut seul garantir.

En voyant passer devant ses yeux cet amas de révolutions et de guerres dont se composent les annales du genre humain pendant quatre mille ans, une réflexion se présente naturellement à l'esprit. Dans cette foule de peuples alternativement vainqueurs et vaincus, il y en a eu de très-puissans qui n'ont pas même laissé de traces sur la terre. Semblables à des météores rapides, on ne sait ni d'où ils partent, ni où ils vont s'éteindre; ceux-là seuls ont laissé des souvenirs qui ont eu des Homère ou des Virgile pour immortaliser leur langage, des Hérodote ou des Tacite pour transmettre leur histoire, des grands hommes de toute espèce pour l'illustrer. M. H. C. D.

PLANTES DE LA FRANCE, décrites et peintes d'après nature par M. JAUME SAINT-HILAIRE (1).

CET ouvrage a paru par livraisons; le succès qu'il a constamment obtenu pendant cinq années consécutives, prouve l'intérêt et l'opinion avantageuse des personnes qui souscrivirent dès les premières livraisons. Une collection de 400 planches, gravées et imprimées avec le plus grand soin, exigeait trop de frais d'exécution pour être continuée et terminée, si les suffrages des bofanistes et des amateurs ne l'eussent soutenue jusqu'à sa fin. Il serait à désirer que tous les ouvrages publiés par souscription, eussent le même sort; mais c'est ce que l'on voit rarement. Lorsque les premières livraisons parurent, notre Journal en rendit un compte avantageux; actuellement que l'ouvrage est terminé et que son succès a justifié nos éloges, nous nous contenterons de faire connaître l'objet que l'auteur s'est proposé, et le plan qu'il a suivi dans son exécution: «Le goût généralement répandu, dit-il, de connaître les plantes, diminue souvent par les difficultés presque insurmontables que leur nombre présente à la mémoire; on en compte plus de vingt-cinq mille dans les jardins ou dans les herbiers de l'Europe. On doit s'apercevoir qu'il n'est plus possible de les connaître toutes; la mémoire la plus heureuse ne suffit plus pour conserver le nom et le caractère distinctif de chaque espèce, comme dans le siècle de Tournefort et de Linnæus; et les ouvrages purement descriptifs sont insuffisans, parce qu'en observant les plantes, on a eu besoin de décrire des formes particulières, des organes auparavant inconnus, et la pauvreté des langues modernes a arrêté l'observateur. Il a fallu créer des mots nouveaux, et la langue de la science est devenue une

n° 19.

(1) A Paris, chez l'auteur, rue des Fossés-Saint-Victor, Chaque exemplaire de quatre cents planches, et formant quatre volumes, est du prix de 425 fr. sur papier Jésus, grand in-8°, et de 800 fr. sur papier vélin, format in-4°.

science

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