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Sur les arbres et les buissons

Quand ils chantaient leurs amourettes,`
Le Corbeau, d'un air sérieux,
Retournait le blanc de ses yeux,
Et bâillait à leurs chansonnettes.

Un jour qu'ils étaient en goguettes,
Un Sansonnet très-bon enfant,
Moitié grave, moitié plaisant,
Se mit à raconter cinquante historiettes
Que pour leur plaire il avait faites.

Tantôt il faisait discourir

Les vents avec le doux zéphyr,
Les coucous avec les fauvettes;
Tantôt la rose et le jasmin,
La précieuse sensitive,

Et la violette naïve.

Et le vieux pêcher du jardin ;
Puis le lion et le lapin;
Puis les femelles emplumées
Tenant conseil sous les ramées,
Et portant requête à Jupin;
Certaine horloge détraquée,
Par tous les passans attaquée;

L'âne et le vieux cheval, le chien et les renards,
L'alouette faisant la leçon aux bavards,

Poëtes et chanteurs comparés aux grenouilles,
Et les modestes joncs se moquant des citrouilles.
Tout l'auditoire ailé, sur les branches assis,
Riait et s'amusait de ces joyeux récits.

De tout amusement garanti par sa bile,
Sur un if, le Corbeau demeurait immobile
Triste, comme le premier soir
Où son manteau blanc devint noir,
Pour prix d'un message funeste,

Lorsqu'il eut épié deux amans réunis,
Et redit à l'Archer céleste

La douce erreur de Coronis.

Ce conteur, disait-il, ne peut m'en faire accroire, J'ai de sa sombre humeur la preuve péremptoire

Vous avez beau rire aux éclats;
Sansonnet n'est pas gai, puisque je ne ris pas.

A ce plaisant arrêt, au nez du pauvre sire
Le cercle entier pouffa de rire.

On fit, pour s'en moquer, un proverbe nouveau :
(Je veux le dédier à certain journaliste :)
Parlant de tel ou tel oiseau,

Comme le Sansonnet, disait-on, il est triste;
Il est gai comme le Corbeau.

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GINGUENÉ.

LOGOGRIPHE.

Tu peux avec la baguette magique
Qui dans mes bras enchaînait un héros,
Trouver d'abord, deux notes de musique;
Puis un abri favorable aux vaisseaux;
Ce feu sacré, principe de la vie,
Que l'Eternel déposa dans ton sein;
Un nom bien doux qu'on donne à son amic;

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Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme du dernier Numéro est Carnaval.

Celui du Logogriphe est Adolescent, dans lequel on trouve, séné, code, as, dés, dol, sac, solde, lacs, dent, os, son, école, leçon, étole, sol, cône, Caen, Laon, Salon, Dôle, dose, ton et cent. Celui de la Charade est Mardi-Gras.

SCIENCES ET ARTS.

PRÉCIS DE LA GÉOGRAPHIE UNIVERSELLE, ou Description de toutes les parties du monde sur un plan nouveau, d'après les grandes divisions naturelles du globe, précédée de l'histoire de la Géographie chez les peuples anciens et modernes, et d'une théorie générale de la Géographie mathématique, physique et politique, et accompagnée de cartes, de tableaux analytiques, sy noptiques et élémentaires, et d'une table alphabétique des noms de lieux; par M. MALTE-BRUN, tome Ier. Histoire de la Géographie. Paris, chez Buisson rue Gilles-Coeur, no 10.

QUOIQUE Cet ouvrage ne fasse que de paraître, nous venons cependant un peu tard pour en rendre compte; presque tous les journaux en ont déjà parlé de la manière la plus avantageuse. Un seul a osé troubler ce concert d'éloges, et a excité les vives réclamations de l'auteur. Pour nous qui sommes étrangers à toutes ces disputes nous qui ne connaissons pas l'auteur, et que l'auteur ne connaît point, nous avons voulu lire avec soin l'ouvrage avant que d'en parler en bien ou en mal, et quelle que soit l'opinion que nous devons émettre, quelque autorité petite ou grande qu'on lui accorde, ce sera du moins notre opinion dégagée de toute influence étrangère.

L'ouvrage que M. Malte-Brun vient de publier forme le premier volume de son Précis de Géographie universelle. Il renferme l'histoire de la géographie. Ce livre nous a paru fort instructif, et, ce qui était plus difficile peut-être, fort intéressant; mais ce qui nous a sur-tout frappés, c'est la saine critique autant que l'érudition qui y règne. L'auteur ne s'est engagé indiscrétement dans aucune hypothèse hasardeuse, il ne s'est point formé d'avance un système pour y plier ensuite les faits, il a suivi les faits eux-mêmes, et lorsqu'au défaut de preuves

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MERCURE DE FRANCE, MARS 1810. positives il a été forcé de recourir à des probabilités, il les a discutées avec beaucoup de réserve, sans en trop presser les conséquences, et en les abandonnant dès qu'elles tendent à devenir trop incertaines.

Au commencement de son ouvrage M. Malte-Brun examine quel était l'état de la géographie aux époques les plus reculées dont l'histoire a conservé le souvenir. Il étudie sous ce point de vue Moïse et Homère, les deux plus anciens auteurs dont les écrits soient arrivés jusqu'à nous. Il y cherche tous les renseignemens, toutes les indications qui fournissent quelques notions positives, et en résumant ces remarques isolées il offre une description du monde d'alors, tel que les premiers Grecs et les Hébreux le connaissaient ou se l'étaient figuré. On sent qu'il ne s'agit point encore de latitudes, de longitudes, ni de rien qui tienne à la géographie mathématique, mais de notions générales telles qu'elles se peuvent déduire des simples récits des voyageurs. Cependant la connaissance de ces notions mêmes, la distinction de ce qu'elles ont de réel d'avec ce qu'elles ont de fabuleux tout cela forme un ensemble très-utile pour entendre les écrits des anciens poëtes ou même des historiens, pour entrer dans leurs idées et pour en séparer les vérités d'avec les fables.

"Bientôt l'auteur passe au tems d'Hérodote. Iei la géographie et l'histoire étendues par les voyages, et ramenées à des notions plus précises, commencent à prendre un caractère plus sévère. Le monde connu, le monde réel s'agrandit par les observations, et les pays des fables s'éloignent. Cependant le grand commerce des Phéniciens leur donne le désir et la puissance d'étendre les bornes de leurs excursions bien au-delà du détroit d'Hercule. Ils paraissent connaître les côtes du nord de l'Europe. Les Carthaginois déjà puissans envoient une flotte sous le commandement d'Hannon pour faire des découvertes sur la côte occidentale de l'Afrique et y fonder des colonies. Les guerres des Grecs, les expéditions d'Alexandre étendent les connaissances géographiques dans la Perse, dans l'Egypte et dans l'Inde. On trace des cartes géographiques où les positions sont exprimées

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